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La présence accrue de rapaces

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 649 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 20/06/2023
    • de WITSEL Thierry
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Au fur et à mesure des années, nous pouvons tous constater la présence accrue de rapaces dans nos contrées, notamment en province de Liège. Cette présence peut s'expliquer par le réchauffement climatique.

    En outre, avec les températures chaudes que nous connaissons actuellement, ce sont des rapaces rares qui passent par chez nous. Ils suivent les courants ascendants chauds afin de gagner de l'altitude et de planer plus loin en se fatiguant moins. Un groupe de 24 vautours, des aigles nains, un circaète, un faucon, des élanions blancs et un gypaète barbu ont notamment été observés. Le dernier est un rapace de montagne très rare.

    L'organisation environnementale Natuurpunt parle d'un « tsunami d'oiseaux méridionaux ». Toujours selon eux, il est possible que ces animaux repartent ne trouvant pas de site de reproduction adéquat et suffisamment de nourriture chez nous.

    Qu'est-il mis en place en Wallonie pour l'accueil de ces rapaces ?

    Quelle est la stratégie de Madame la Ministre afin de les protéger et qu'ils puissent s'épanouir chez nous ?

    Quels sont leurs effets sur notre biodiversité ?

    Quel travail est fait, concernant l'adaptation des éoliennes, en vue de protéger les oiseaux ?
  • Réponse du 30/08/2023
    • de TELLIER Céline
    L’observation de vautours fauves ou d’autres espèces de rapaces méridionaux en Belgique n’est plus un phénomène exceptionnel. Chaque année, divers individus sont renseignés dans les bases de données gérées par Aves-Natagora ou par le Département de l’Étude du Milieu naturel et agricole, essentiellement en mai, juin et juillet. Certaines années, le nombre d’individus dépasse la centaine. Cette année, c’est surtout la diversité en espèces qui est remarquable.

    La plupart des espèces observées cette année (Vautour fauve, Gypaète barbu, Circaète Jean-le-Blanc) nichent dans les massifs montagneux du sud de l’Europe ou dans les régions accidentées. Il s’agit en Wallonie de visiteurs occasionnels, qui n’ont donc pas d’impact sur notre biodiversité. Ces espèces sont essentiellement sédentaires, c’est-à-dire qu’elles ne migrent pas ou peu. Les spécialistes se sont donc interrogés sur les raisons de ses déplacements vers le nord.

    Une première hypothèse lie ces mouvements aux mesures sanitaires de fermeture de la plupart des charniers à ciel ouvert en Espagne, dans le cadre de la lutte contre l’épidémie d’encéphalite spongiforme bovine.

    Certains spécialistes estiment toutefois ces mouvements naturels, à mettre en regard avec l’augmentation des populations à la suite des réintroductions menées depuis les années 1980 dans différents massifs montagneux du centre et du sud de l’Europe.

    Les observations d’individus à plus d’un millier de kilomètres de leurs aires de reproduction concernent essentiellement des immatures qui ne sont pas en âge de nicher et partent en exploration, en s’appuyant sur des courants d’air chaud et ascendants pour parcourir de grandes distances en planant. En effet, les grands rapaces utilisent les bulles de convection, des courants ascendants chauds, pour gagner de l’altitude et planer sur de très longues distances sans dépenser trop d’énergie. Le dérèglement climatique et les périodes de fortes chaleurs peuvent dès lors favoriser ces mouvements en créant des courants ascendants d’air chaud.

    Il ne faut cependant pas imaginer que ces oiseaux, vivant dans le sud de l’Europe et conduit chez nous notamment par les effets du dérèglement climatique, s’y installeront à long terme et nicheront. Les paysages présents en Wallonie, les conditions climatiques en dehors des périodes de forte chaleur et la nourriture disponible ne sont pas du tout adaptés à l’écologie bien spécifique de ces espèces, dont certains par exemple sont charognards. C’est pourquoi ces individus qui s’égarent très au nord de leur aire habituelle ont souvent du mal à se nourrir, surtout si la météo se dégrade et si les vents favorables disparaissent. Survoler la Belgique et les régions voisines les expose donc à une nourriture rare, et ce survol est dès lors généralement de courte durée.

    Concernant l’adaptation des éoliennes en vue de protéger les oiseaux, les permis délivrés intègrent des conditions d’exploitation visant à réduire ou à compenser les impacts occasionnés sur la faune, notamment les rapaces nichant ou se nourrissant sur le site d’implantation. Parmi les mesures visant à réduire les risques de collisions, lorsque cela se justifie, des dispositifs de détections et d’arrêts automatisés des éoliennes peuvent être installés.