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La campagne "Ensemble vers un nouveau souffle"

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 530 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 22/06/2023
    • de SAHLI Mourad
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Arrêter de fumer n'est jamais simple et d'autant plus lorsque l'on tente de le faire seul. Ce constat est partagé par les fumeurs qui tentent d'arrêter la consommation de cigarettes, mais aussi par les professionnels engagés dans cette lutte pour la prévention contre le tabac.

    En Wallonie, Madame la Ministre a pris à bras le corps cette problématique avec une vaste campagne de mobilisation « Ensemble vers un nouveau souffle » lancée en 2022. La seconde édition fait lieu en 2023.

    Cette campagne portée par les acteurs du Plan wallon sans Tabac avec le soutien de la Wallonie a pour but, outre la sensibilisation du public, d'accompagner les fumeurs souhaitant réfléchir à leur consommation tout en mettant en avant les aides et ressources disponibles pour initier le changement, la réflexion des consommateurs de tabac.

    Des projets pilotes en régions liégeoise et carolo sont menés sur le terrain, visant à sensibiliser le personnel des mutualités concernées à la thématique du tabac et invitant les agents à orienter les personnes intéressées vers le parcours-tabac.

    Alors que cette deuxième campagne est sur les rails et doit bientôt se clôturer, quels sont les constats préliminaires dressés par les acteurs de terrain sur la lutte contre le tabagisme ?

    À quels défis doivent-ils faire face lorsqu'ils rencontrent et tentent d'accompagner les consommateurs de tabac entrant dans la démarche d'arrêt ?

    Comment Madame la Ministre envisage-t-elle l'avenir de la campagne « Ensemble vers un nouveau souffle » ?

    Envisage-t-elle de pérenniser le soutien wallon à cette initiative ?

    Qu'en est-il des considérations sur les cigarettes électroniques ?

    Vont-elles être intégrées au dispositif de cette campagne en tant qu'objet de sensibilisation supplémentaire ?

    En effet, longtemps présentées comme des alternatives à la nicotine, elles comportent elles aussi des risques sanitaires.
  • Réponse du 31/08/2023
    • de MORREALE Christie
    Les premiers constats au terme de cette 2e édition sont assez satisfaisants puisqu’on recense :
    - environ 5 500 visiteurs sur le site « ensemble vers un nouveau souffle » dont une majorité au mois de mai 2023 avec un pic à 447 visiteurs le 14 mai ;
    - une mobilisation accrue des professionnels avec 155 activités locales réalisées en 2023 contre 70 en 2022 et 7 685 kits de sensibilisation distribués au public, dont le cahier « Destination sans fumée » destiné à accompagner le fumeur dans son cheminement vers l’arrêt ou la diminution de sa consommation ;
    - 106 pages Internet consacrées à des articles de sensibilisation dédiés au grand public et des offres de services variées dédiées d’une part aux professionnels et d’autre part au grand public ;
    - 3 908 utilisateurs des articles proposés pour accompagner les fumeurs dans leur démarche de changement ;
    - 486 professionnels ayant participé aux 6 webinaires de tabacologie en vue de renforcer leurs compétences ;
    - un intérêt constant pour les 13 capsules vidéo « un tabacologue vous répond », qui bien que moins mises en avant cette année, recensent 382 vues et 1134 impressions pour une utilisation en circuit professionnel interne ;
    - 402 vues des vidéos témoignages des deux humoristes GuiHome et Véronique Gallo bien que celles-ci étaient déjà proposées en 2022 ;
    - plus de 11 100 pages vues par 5 529 personnes sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram notamment avec l’appui de micro-influenceurs avec une moyenne de temps par page de 55 secondes et un taux de rebond de 58,75 %.

    Pour ce qui est de la cigarette électronique, celle-ci est reprise dans cette campagne et y fait l’objet de plusieurs articles de sensibilisation d’autant qu’il s’agit avant tout de fournir des informations objectives favorisant des choix éclairés de même qu’une orientation des personnes désireuses de se faire accompagner dans une démarche d’arrêt voire de réduction des risques.

    Sommairement, l’usage de la e-cigarette ne doit absolument pas être l’objectif poursuivi, mais plutôt un moyen pour aider le fumeur dans sa cessation tabagique. Comme l’honorable membre le souligne, l’usage de la cigarette électronique comporte également des risques sanitaires, raison pour laquelle elle n’est absolument pas recommandée comme alternative à la cigarette classique (ou autres produits du tabac).

    Quant aux projets pilotes menés en régions liégeoise et carolorégienne pour sensibiliser le personnel des mutualités à la thématique du tabac et invitant les agents à orienter les personnes intéressées vers le parcours-tabac, les constats préliminaires sont également plus qu’encourageants. La finalité globale du dispositif était d’informer et d’accompagner les affiliés fumeurs visant à les soutenir pour se libérer du tabac.

    Des agences pilotes ont été sélectionnées : il s’agit de l’agence de Charleroi et de 4 agences en région liégeoise (2 à Herstal, 1 à Oupeye et 1 à Visée). Le projet était de former tout le personnel mutualiste. Il y avait 4 métiers représentés : les conseillers en agence, les chargés de clientèle, les agents d’accueil et les assistants sociaux de ces agences pilotes. En décembre 2022, un groupe de travail avec des représentants de ces différents métiers avait déjà été mis en place.

    Une séance de formation/information sur le tabagisme et ses enjeux de santé publique a été animée avec l’OSH (l’un des partenaires du Plan wallon sans tabac) afin de les sensibiliser et de les former à la thématique. S’en est suivi un processus de co-construction de la chaîne de prévention sur ce projet. Ces professionnels ont eux-mêmes présenté le projet à leurs collègues : présentation du métier d’agent de prévention et du parcours « prévention », nouvellement appelé parcours « tabac ».

    Il s’agit de développer un lien privilégié avec l’affilié et de l’informer sur les services d’aide à l’arrêt tabagique (tabacologues locaux, Centres d’Aide aux Fumeurs, Tabacstop, groupes, et cetera). Cela se fait en toute bienveillance en appui d’une communication motivationnelle à laquelle les agents ont été préalablement formés. Ces entretiens constituent un véritable tremplin vers le sevrage tabagique.

    Au niveau du bilan, ce projet est encore en cours d’évaluation ; les chiffres sont encore provisoires, mais on peut noter un ressenti très positif. À Charleroi, entre le 15 mai et le 15 juin, 4 animations ont eu lieu dans l’agence Solidaris locale. Ces actions ont permis de dialoguer avec 204 personnes, dont 50 se sont montrées intéressées et ont donné leur accord pour un contact ultérieur avec les agents de prévention intermutualistes. Ceux-ci ont tenu des permanences 2 fois par semaine.

    En région liégeoise, ce sont 24 actions qui se sont tenues en agence plus 1 sur le site de la Clinique André Renard. Au total ce sont plus de 30 actions qui ont été initiées dans ces deux sites pilotes.

    D’un point de vue qualitatif, on peut souligner les points positifs suivants : la réalisation du projet qui a permis aux travailleurs quel que soit leur fonction de comprendre et de s’impliquer dans la chaîne de prévention ; la complémentarité avec les projets du tronc commun et des agents de prévention ; la co-construction avec le groupe de travail ; l’intérêt des affiliés lors des actions ; le soutien des responsables d’équipes et enfin la découverte des métiers de chacun et la création de liens entre professionnels.

    Quant aux défis auxquels les professionnels doivent faire face lors de l’accompagnement des consommateurs de tabac en démarche d’arrêt, rappelons que lorsqu’on arrête de fumer, les premières semaines sont les plus difficiles à gérer. C’est là qu’interviennent la plupart des rechutes. Dès lors, repérer quelles situations à risques ou qui favorisent la rechute permet de la prévenir. Arrêter le tabac peut également affecter l’état de stress et faire passer l’ex-fumeur par toute une série d’émotions. Le défi revient donc à gérer ses émotions et son stress pour mieux traverser les événements de la vie.

    Sachant que beaucoup d’ex-fumeurs recommencent à fumer après quelque temps. Il est donc important de rappeler que la rechute peut être tout à fait normale dans un processus de changement. L’aide d’un tabacologue peut donc s’avérer utile pour rechercher des stratégies pour l’éviter. Soulignons également que des publics plus vulnérables nécessitent un accompagnement plus soutenu dans le temps avec des dispositifs adaptés à leurs besoins et contextes de vie. Avec le temps, les symptômes de sevrage s’atténuent. Plus le temps passe, plus les chances de succès augmentent ! Pour faire face à l’envie et tenir le coup, il peut être utile de réfléchir à des activités ou comportements de remplacement.

    Enfin, avec la récente programmation et l’appel à agrément des opérateurs de la promotion et de la prévention de la santé pour une durée de 5 ans, également des opérateurs du Plan wallon sans tabac (à la manœuvre pour l’organisation de cette campagne Ensemble vers un nouveau souffle), le signal envoyé est clairement celui d’une volonté de pérennisation des opérateurs menant des actions de prévention et de gestion du tabagisme engagés au profit de l’amélioration de la santé des Wallonnes et des Wallons, y inclus des plus vulnérables d’entre eux en veillant à aller à leur rencontre et en offrant des actions adaptées à leurs besoins et en leurs divers lieux de vie.