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Le développement urgent de l'e-commerce en Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 831 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 23/06/2023
    • de ANTOINE André
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le programme digital commerce, qui a pour objectif d'aider les commerçants, les acteurs du tourisme et de l'HORECA ainsi que les professions libérales à réussir leur transition digitale tout en réduisant la fracture numérique de ces acteurs, a, semble-t-il, sensibilisé plus de 5 000 commerçants.

    Ce programme, qui a débuté en 2016, a donc pour objectif d'accélérer la transformation numérique des commerçants pour être en phase avec le développement économique et technologique. « L'e-commerce connaît une croissance exponentielle depuis plusieurs années, devenant ainsi un secteur clé de l'économie. Selon une étude de la Commission européenne de 2021, le chiffre d'affaires du e-commerce en Europe atteignit 757 milliards d'euros, avec une augmentation de 12,7% par rapport à l'année précédente », explique Hélène Raimond, experte senior en maturité numérique des entreprises, pôle secteur et économie numériques à l'Agence du Numérique.

    La Belgique ne fait pas exception à cette tendance exponentielle, et ce, malgré la crise énergétique et une inflation historiquement élevée. En effet, d'après BeCommerce/Safeshops (ils ont fusionné), les achats en ligne ont augmenté de près d'un quart (22%) l'an dernier par rapport à 2021, représentant quelque 14,7 milliards d'euros pour 170 millions d'achats.

    « Ces chiffres démontrent l'ampleur des opportunités de marché pour nos entreprises régionales qui ne sont pourtant que 17% à pratiquer l'e-commerce », poursuit Hélène Raimond.

    Quelle est l'évaluation de Monsieur le Ministre de ce programme ?

    Dès lors que ce dernier ne semble pas réellement fonctionner au vu du manque d'intérêt de nos entreprises régionales, quelle sera sa nouvelle stratégie ?

    Peut-il nous rappeler quel est le montant prévu dans le Plan de relance pour développer le e-commerce à travers nos entreprises régionales ?
  • Réponse du 18/07/2023
    • de BORSUS Willy
    Pour mieux contextualiser la question de l’honorable membre, le taux de 17 % (en hausse de 2 % depuis 2020) englobe toutes les entreprises, indépendamment de leur taille et de leur secteur d'activité. Le programme Digital Commerce était initialement conçu pour le commerce de détail et les professions libérales, puis s'est élargi en 2022 aux industries du tourisme et de l'HORECA grâce au Plan de relance de la Wallonie. Or, les ventes en ligne dans le secteur du commerce de détail, auquel s’adresse Digital Commerce, sont passées de 18 % en 2018 à 24 % en 2022. C’est une augmentation à laquelle le programme a certainement contribué.

    Ensuite, les études quantitatives ont tendance à négliger l'e-commerce B2B, qui s'opère généralement par le biais d'extranets d'entreprises, de connexions « API » ou « EDI », ou via des plateformes sectorielles spécialisées, inaccessibles au grand public et donc invisibles pour les enquêtes macro-économiques traditionnelles. Pourtant, 51 % des entreprises wallonnes ciblent principalement d'autres entreprises, donc opèrent en B2B. Selon une récente étude de DHL, d'ici 2025, 80 % des ventes B2B seront réalisées électroniquement, ce qui implique qu'environ 40 % des entreprises axées sur le B2B se tourneront probablement vers l'e-commerce. Ajoutons que près de 35 % des entreprises wallonnes ciblent simultanément les marchés B2B et B2C, il est donc probable que si elles adoptent l'e-commerce pour l'un, elles le feront aussi pour l'autre.

    Enfin, il convient de ne pas réduire l'e-commerce à la simple vente en ligne. La numérisation de la stratégie commerciale est tout aussi fondamentale et à ce niveau, des avancées significatives ont été constatées grâce aux baromètres d'entreprises réalisés par l’Agence du Numérique. Par exemple, en 2018, seuls 16 % des entreprises avaient adopté des actions de marketing digital. En 2022, ce chiffre a grimpé à 40 %, soit une augmentation de 19 points entre 2020 et 2022, illustrant une intégration croissante du marketing digital dans la stratégie commerciale des entreprises.

    Mon évaluation du programme Digital Commerce est donc très positive, compte tenu des indicateurs de réalisation que l’honorable membre énumère dans sa question. Une enquête d’impacts, cette fois, est prévue pour fin 2023 et j’espère qu’elle sera aussi positive qu’en 2021 où il a été constaté que 66 % des participants ont mis en œuvre les compétences acquises à travers le programme, en améliorant leurs sites web, leurs réseaux sociaux et leurs fiches d'établissement Google pour renforcer leur visibilité en ligne et étendre leur zone de clientèle.

    En ce qui concerne l'avenir du programme Digital Commerce, il est prévu de l'enrichir notamment avec les progrès récents dans le domaine de l'intelligence artificielle, qui concernent directement le secteur commercial, et plus particulièrement le marketing. Le salon Vivatech, qui a récemment eu lieu à Paris, a été l'hôte d'une conférence particulièrement intéressante à ce sujet. M. Philippe Moyer, Vice-Président mondial de l'IA chez Google, y a notamment pris la parole. À travers divers exemples pratiques, il a mis en avant l'intérêt immédiat de l'IA pour améliorer l'expérience d'achat pour tous les commerçants, indépendamment de leur secteur d'activité ou de la taille de leur entreprise.

    Pour conclure, je mentionnerai le budget alloué à Digital Commerce dans le cadre du Plan de relance de la Wallonie. Il s'élève à un million soixante-sept mille euros par an, répartis entre les cinq partenaires du programme :
    1. L'Agence du Numérique (AdN) ;
    2. Le Syndicat neutre pour Indépendants (SNI) ;
    3. La Fédération HoReCa Wallonie ;
    4. Visit Wallonia ;
    5. L'IFAPME.