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Le rapport du cabinet de consultance McKinsey sur le coût, les défis et les opportunités liés à la transition de la Belgique vers la neutralité carbone

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 1230 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 23/06/2023
    • de LOMBA Eric
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Le cabinet McKinsey a dévoilé un rapport intitulé "Net zéro ou croissance ? Comment la Belgique peut avoir les deux" sur les enjeux d'une Belgique neutre en carbone en 2050, les défis majeurs à surmonter, mais aussi les grandes opportunités d'une telle transition, cinq domaines dans lesquels la Belgique pourrait jouer un rôle international de premier plan.

    Le coût global pour atteindre une Belgique neutre en carbone s'élèverait, selon McKinsey, à 415 milliards d'euros en investissements cumulés d'ici 2050, soit chaque année l'équivalent d'entre 2 et 3% du PIB de notre pays. Le cabinet détaille aussi les investissements les plus massifs. D'abord, le bâti, essentiellement résidentiel, pèse à lui seul 200 milliards sur la facture. Ensuite, l'accélération des changements sectoriels pour atteindre les objectifs européens "Fit for 55" d'ici 2030 est estimée à 165 milliards d'euros, soit 40% du total.

    Enfin, l'industrie belge devrait à elle seule consentir des investissements estimés entre 30 et 45 milliards d'euros.

    Ce qui m'intéresse particulièrement dans cette étude c'est le volume des montants qu'il faut mobiliser pour permettre à la Wallonie (ainsi qu'à la Belgique) d'avoir un parc de logements neutre en carbone. Les soutiens régionaux et la politique via les primes à l'isolation ne permettront pas de rencontrer nos objectifs en la matière.

    Quelle vision porte Monsieur le Ministre sur la rénovation du parc résidentiel et non résidentiel en Wallonie ?

    Que faut-il faire et que compte-t-il faire pour que la Wallonie puisse atteindre ses objectifs exprimés dans le Plan Air Climat Energie à l'horizon 2030 (PACE 2030) ainsi que dans la stratégie de rénovation à long terme ?

    Ne faudrait-il pas prévoir un cadre pour inciter le système du tiers investisseur ?
  • Réponse du 30/08/2023
    • de HENRY Philippe
    La Wallonie a fixé des objectifs ambitieux en matière de décarbonisation des bâtiments résidentiels et non résidentiels. Pour atteindre ces objectifs, la région devra relever de nombreux défis.

    Parmi ceux-ci, le besoin de financement représente un défi majeur qui ne pourra pas être entièrement porté par les autorités publiques.

    La stratégie rénovation long-terme approuvée en 2020 indique que : « le besoin d’investissement est estimé à 120 milliards d’euros pour le résidentiel et 34 à 57 milliards d’euros pour la rénovation des bâtiments tertiaires, sur une période de 30 ans ».

    Plus particulièrement, à l’horizon 2030, un montant de 54 milliards est attendu pour la rénovation des bâtiments résidentiels. Pour la rénovation des bâtiments non résidentiels, les estimations à l’horizon 2030 s’élèvent entre 18 à 31 milliards d’euros.

    Les ordres de grandeur cités dans le rapport du cabinet de consultance McKinsey confirment ces chiffres.

    La région joue un rôle important dans la mise en œuvre de mesures ciblées pour soutenir les ménages à faibles revenus (primes, prêt 0 %, prêt 0 % + primes, fiscalité avantageuse). Elle peut également promouvoir et favoriser les offres déjà existantes via le secteur bancaire privé (prêts verts à LT, diminution du taux d’intérêt selon le label PEB).

    Néanmoins, ces offres privées et publiques ne répondent pas entièrement au besoin, et il est nécessaire de collaborer avec le secteur privé afin de trouver des financements innovants d’investissement, tels que les Contrats de performances énergétiques qui ne sont pas assez développés en Wallonie.
    De plus, dans son Plan Air Climat Energie, le Gouvernement indique les politiques et mesures à mettre en place. Notamment une réglementation d’ambition graduelle et croissante en tenant compte de la réalité du parc de bâtiments et des propriétaires.

    Cependant, pour atteindre les objectifs, la stratégie de rénovation décrit une série de mesures et actions à implémenter pour parvenir à augmenter significativement le nombre des rénovations énergétiques profondes (>3 % qui correspond à 125 rénovations profondes par jour). L’implémentation de ces mesures et actions est nombreuse et en cours (primes, exigences PEB, prêt à 0 %, subventions, accompagnements du grand public, etc.).

    Ces politiques et mesures sont accélérées et amplifiées au travers du plan de relance de la Wallonie et notamment le déploiement de l’Alliance Climat Emploi Rénovation. Cette alliance, prévue sur 2021-2024, qui contribue à la mise en œuvre des actions et mesures de la Stratégie wallonne de Rénovation à long terme, en partenariat avec l’ensemble des acteurs concernés par la rénovation.

    Dans le cadre de cette Alliance, un Groupe opérationnel « Demande » et des Groupes de Travail spécifique au renforcement de la demande de rénovation du parc résidentiel sont mis en place pour permettre aux parties prenantes de faire des propositions de nouvelles actions ou bonification de projets/processus en cours et de faire des recommandations afin de lever des freins ou des blocages importants qui auraient été identifiés.

    En outre, l’étude mentionnée du cabinet de consultance Mckinsey évoque la création d’un One-stop-shop pour la rénovation énergétique comme une opportunité pour accélérer la rénovation des bâtiments. Dans ce domaine, la région finalise actuellement une étude permettant de mettre en œuvre d’un tel dispositif en Wallonie.

    Concernant la question des montants très conséquents de financement nécessaire, il y a lieu de relever plusieurs aspects.
    D’une part, ils reflètent l’énormité des changements qui sont nécessaires. Il s’agit d’une véritable transition vers une autre organisation sociétale, pas juste de quelques aménagements à la marge.

    Ensuite, en Belgique, une partie significative de la population dispose de moyens, au regard de l’épargne disponible ; l’autre partie doit être fortement soutenue par du soutien public, ce qui demandera des ajustements considérables, et probablement une révision de l’ordre des priorités. Enfin, le tiers investissement ne semble pas être une voie véritable permettant d’éviter le point précédent. Actuellement, son développement reste limité, les investisseurs privés demandant des retours sur investissement relativement courts, et des rendements suffisamment attractifs. Rien n’indique que ces conditions pourraient changer dans le futur.