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La navigation fluviale en Wallonie et les risques de sécheresse

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 1240 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 23/06/2023
    • de MATHIEUX Françoise
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Les enjeux actuels qui sont d'ailleurs, en partie, à la base des réformes du Schéma de développement du territoire (SDT) et du Plan Air Climat Énergie à l'horizon 2030 (PACE 2030) concernent une meilleure mobilité plus efficace et efficiente et une économie résiliente aux changements climatiques dont notamment les sécheresses.

    Ces deux objectifs réunis doivent être spécifiquement examinés pour le cas de la navigation fluviale en Wallonie.

    En effet, le Gouvernement souhaite augmenter la part modale de la navigation, mais cette dernière est dépendante du niveau d'eau sur nos rivières et canaux notamment à travers le volet marchandises de la stratégie régionale de Monsieur le Ministre de mobilité.

    Le problème de la sécheresse a d'ailleurs été relaté puisque des scientifiques craignent que la Meuse ne soit plus navigable d'ici 2050 à l'instar du Rhin et du canal du Midi qui ont déjà montré leurs limites après de nombreuses sécheresses en France et en Allemagne, comme cela a été précisé dans La Libre à la fin du mois de janvier.

    Si le mois de mai a été abondant en termes de précipitations, le mois de juin a quant à lui été très sec.

    Les mois de juillet et d'août arrivent à grands pas, a-t-il pris des dispositions préventives avec son administration pour cette période ?

    Les différents chantiers dont il a évoqué l'existence dans une réponse sur le sujet en septembre 2022 sont-ils terminés et seront-ils suffisants ?

    Les collaborations avec nos voisins, la France, la Flandre et les Pays-Bas, sont-elles suffisamment pérennes pour assurer ce niveau minimal d'eau ?

    A-t-il pris des contacts spécifiques avec ses homologues ?
  • Réponse du 07/08/2023
    • de HENRY Philippe
    Je remercie l’honorable membre pour sa question sur le risque de limitation de la navigation à cause des sécheresses dont la fréquence et l’intensité vont probablement augmenter au fil des années suite au changement climatique.

    Grâce à la gestion des ouvrages hydrauliques (écluses, stations de pompage, lâchers d’eau aux barrages-réservoirs…), mais aussi à la concertation avec les autres utilisateurs de l’eau en Wallonie et dans les régions ou pays voisins, le SPW Mobilité et Infrastructures a pu garantir la navigation à pleine charge sur la Meuse et la plupart du réseau des voies navigables pendant les 5 épisodes de sécheresse sévère observés ces 6 dernières années.

    Je ne peux d’ailleurs que me réjouir de voir que la coordination mise en place par le SPW Mobilité et Infrastructures et les investissements réalisés les années précédentes pour moderniser le réseau wallon ont permis à la voie d’eau wallonne de tenir le coup tout au long de ces épisodes. Il convient effectivement de souligner que cela n’a pas été le cas dans certaines régions voisines, comme le Rhin, axe majeur au niveau européen.

    Néanmoins, le changement climatique est malheureusement en partie déjà inéluctable et le risque de voir ces sécheresses se répéter et s’intensifier est très élevé, voire certain.

    Concernant les conditions hydrologiques en 2023, des mesures préventives de regroupement de bateaux ont été prises sur la Meuse et le canal Albert dès le 12 juin afin de réduire la consommation en eau et maintenir les pleins niveaux pour la navigation.

    Vu les faibles débits, une réunion spécifique est organisée tous les lundis depuis le 19 juin avec les collègues gestionnaires de l’eau et de la navigation de Flandre et de Pays-Bas pour coordonner les débits aux frontières sur le canal Albert et la Meuse et garantir les différents besoins. Cette collaboration se déroule à la satisfaction des différentes parties et ne se limite pas à une concertation en cas de crise. En effet, il existe plusieurs groupes de travail ou commissions tripartites qui permettent d’échanger sur le sujet et d’avoir une approche proactive.

    Sur l’ensemble du réseau des voies navigables, la situation des eaux et les prévisions sont surveillées quotidiennement par la Direction de la Gestion hydrologique (DGH) du SPW MI et des mesures peuvent être prises, le cas échéant, pour maintenir la navigation.

    En outre, la Cellule Sécheresse pilotée par le Centre régional de crise évalue plusieurs fois par mois la situation globale de l’eau à l’échelle du territoire wallon et décide d’éventuelles mesures de limitation de ses usages.

    Par ailleurs, la DGH travaille actuellement sur deux volets principaux liés à la sécheresse : l’optimisation de la ressource et la résilience du réseau des voies navigables via deux projets spécifiques.

    Le premier est opérationnel et se concrétise par une centralisation de la télécommande des ouvrages de régulation depuis le centre Perex visant à gérer au mieux l’eau sur les voies hydrauliques pour maintenir les différents usages (navigation, besoins industriels …) et préserver l’environnement.

    Le second est prospectif et se concrétise par une étude qui doit fournir une estimation et une évaluation de la disponibilité de la ressource en eau et de l’évolution des besoins en eau jusqu’en 2050 et 2100, suivant les scenarii scientifiques du GIEC. Cette étude dont les résultats sont attendus début 2025 proposera des pistes potentielles en matière d’infrastructure et de gestion afin de garantir une résilience maximum face au changement climatique.

    Par ailleurs, au niveau réglementaire, toutes les nouvelles demandes de prises d’eau sur les voies navigables sont désormais conditionnées à des restrictions en cas de sécheresse, afin d’en réduire la consommation.

    La résilience au changement climatique du réseau fluvial est également identifiée comme un enjeu de la Stratégie régionale de mobilité des marchandises, qui prône notamment l’usage accru du fluvial comme moyen de diminuer l’empreinte carbone du transport de marchandises.

    Enfin, en tant que Ministre du Climat, je dois rappeler à l’assemblée qu’aucune mesure de résilience, aussi solide soit-elle, ne peut nous prémunir définitivement contre l’aggravation du réchauffement climatique, si nous ne réduisons par d’urgence nos émissions de gaz à effet de serre, et donc notre usage des combustibles fossiles. La meilleure politique de résilience est et restera la réduction rapide des gaz à effet de serre.