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Le développement d'une filière économique pour les produits issus de l'agroforesterie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 662 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 23/06/2023
    • de ANTOINE André
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Récemment, Ferdinand Joly, dernier Bourgmestre Les Engagés à Ittre, a eu l'honneur et le bonheur de recevoir le prince Laurent pour lui présenter les nombreux avantages de l'agroforesterie. Il est vrai que la plantation d'arbres et de haies dans nos campagnes connaît depuis quelques années un succès. Ce mélange entre cultures et éléments ligneux, il y a par contre déjà plus de 10 ans que l'Association pour la promotion de l'agroforesterie en Wallonie et à Bruxelles (AWAF) le prône. Avec d'ailleurs au début "pas mal de portes qu'on nous fermait au nez", dit Bernard Maus de Rolley, son président. Aujourd'hui, c'est plutôt l'inverse: de plus en plus d'agriculteurs se tournent vers l'AWAF, car le bouche-à-oreille dans le milieu a fait connaître les avantages de l'agroforesterie.

    Il reste cependant des freins, notamment réglementaires. "L'agroforesterie, c'est un équilibre à trouver entre la fonction écologique des arbres et des haies et la nécessité pour les agriculteurs de produire et donc de dégager des revenus, illustre Olvier Baudry, membre de l'AWAF. S'ils plantent des haies et qu'on fige les choses, en leur interdisant par exemple de les couper lorsqu'ils changeront leurs plans de cultures, beaucoup ne voudront même pas en planter."

    Les demandes et suggestions de l'AWAF concernent au premier chef les responsabilités ministérielles de Madame la Ministre.

    Ainsi, quels moyens financiers réserve-t-elle à la promotion de l'agroforesterie en Wallonie ? Quel premier bilan en tire-t-elle ?

    Va-t-elle assouplir la réglementation pour permettre une meilleure rotation des cultures ?

    Après le « Yes We Plant », à quand « Yes We Product » afin de développer une authentique filière économique et commerciale pour conforter et rentabiliser cette démarche ?

    Quelles initiatives a-t-elle déjà arrêtées pour structurer cette filière prometteuse ?
  • Réponse du 07/09/2023
    • de TELLIER Céline
    Je suis tout à fait consciente de l’importance de l’arbre dans le paysage et spécifiquement au sein du paysage agricole. L’agroforesterie a toute mon attention et son importance avait d’ailleurs été mise en évidence lors des différentes consultations réalisées dans le cadre du lancement du programme « Yes We Plant ».

    Depuis l’entrée en vigueur du CoDT, l’agroforesterie est exemptée de permis d’urbanisme. Des réflexions ont donc déjà eu lieu pour pallier au frein réglementaire que l’honorable membre cite. Pour l’exploitation des peupliers par exemple ou du bois d’œuvre planté au milieu de parcelles agricoles, a priori, il ne devrait pas y avoir de problème non plus. Les haies sur les bords de parcelles (terres arables et prairies) ne sont pas considérées comme des projets agroforestiers et ne sont donc pas exemptées de permis d’urbanisme pour l’arrachage ou la destruction.

    Étant donné, néanmoins, le risque d’interprétation différente par les services concernés, j’ai décidé de mettre en place des actions permettant de mieux définir cette pratique.

    L’AWAF a reçu comme mission de préparer la mise en œuvre d’un plan stratégique agroforestier. Il est notamment prévu que l’AWAF fournisse une analyse juridique complète afin de définir la meilleure voie pour encore amplifier son développement. Cette partie préliminaire a commencé en février 2023 et devrait être finalisée cet automne 2023.

    Au terme de ce travail préparatoire, l’élaboration proprement dite du plan stratégique devrait être lancée au travers d’une subvention multipartenaires autour des éléments ligneux du paysage agricole dans une convention-cadre dite « convention ABC » (Agriculture Biodiversité Climat). Cette convention-cadre permet l’accompagnement de la plantation de haies, vergers et la promotion et l’accompagnement de l’agroforesterie. Le renouvellement de cette subvention avec l’ajout de cette nouvelle mission sur l’agroforesterie est en cours d’instruction et vient d’être présenté à mes collègues du gouvernement.

    Les moyens financiers qui sont mis en œuvre sont divers. Il s’agit notamment des subventions à la plantation (haies et arbres) selon l’AGW relatif à la plantation dont le budget a été revu à la hausse et la subvention ABC mentionnée précédemment d’un montant de plus de 464 520 euros/an (haies, vergers, agroforesterie…), et dont le montant devrait être augmenté suite à l’intégration de la mission sur l’agroforesterie. Le financement préparatoire au plan stratégique agroforestier mis en œuvre est lui de 29 000 euros.

    De nombreux projets du plan programme « Yes We Plant » contribuent également à favoriser une filière agroforestière avec un intérêt pour la production wallonne.

    Ainsi, j’ai soutenu un projet de l’AWAF « Noix-noisette-châtaigne ». Trois ans après le lancement de ce projet visant à développer une filière de fruits secs, le succès est au rendez-vous. Partie de presque rien (deux noiseraies pour quelques dizaines d’hectares), la Wallonie compte aujourd’hui plus de 120 hectares de noyers et de 50 ha de noisetiers. Ces plantations à grande échelle contribuent à la fois aux projets de plantations d’arbres dans les milieux ouverts et aux projets de relocalisation de nos productions.

    Pour le volet plantation et entretien des haies, de nombreuses actions ont été mises en œuvre avec entre autres une sélection d’opérateurs intervenant pour un entretien mutualisé et une valorisation des produits de la taille.