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L’approche norvégienne sur le recyclage et reconditionnement de batteries de voitures et la stratégie de la Région wallonne

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 837 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 30/06/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    La Belgique va devoir faire face à toute une série d'évolutions technologiques et logistiques vis-à-vis de l'utilisation croissante de la voiture électrique, ce qui aura un impact sur le vivre ensemble des citoyens et nos entreprises. Cela touche évidemment aussi à nos modes de consommation et nos capacités de recyclage, notamment les batteries électriques desdites voitures.

    En 2022, Febelauto a récupéré 120 tonnes de batteries de véhicules électriques à recycler. Cette année, le volume devrait tripler pour atteindre 400 tonnes.

    La RTBF a récemment fait la lumière sur une partie très intéressante de la Norvège concernant son tissu industriel et son parc automobile comme un véritable « laboratoire ». La Norvège ambitionne de devenir le premier pays au monde à interdire la vente de véhicules neufs à essence, diesel et hybride. La décision doit être mise en œuvre d'ici la fin de 2025, soit une dizaine d'années avant l'Union européenne qui vise 2035.

    Il était question de l'usine, Hydrovolt, qui est capable de recycler des batteries de voitures électriques en quantité « industrielle », avec des techniques spécifiques et une chaîne logistique au millimètre. Cette usine a réussi grâce aux incitants mis en place par le gouvernement et à la maturité du marché norvégien pour l'adoption de la voiture électrique. En lien avec la question N°823 du 22/06/2023, il serait approprié de tenir compte de l'approche norvégienne et y voir les similitudes et notables divergences avec l'expérience belgo-belge.

    Quelle est l'approche de Monsieur le Ministre en termes de gouvernance concernant le soutien et le développement de la filière wallonne de recyclage de batteries de véhicules électriques ?

    Quel est son avis sur l'expérience norvégienne comme « laboratoire d'idées » sur le développement de la filière du recyclage et reconditionnement de batteries de voitures ?

    Quelle est la vision de la Région wallonne dans le paysage européen du recyclage de batteries de voitures électriques ? Quels sont nos avantages comparatifs ?

    Lesquels devrions au mieux développer ?

    Est-ce que le marché wallon a atteint une certaine maturité ou pas concernant le niveau d'adoption des véhicules électriques ?

    Qu'en est-il des diverses opinions publiques ?

    Quelle est l'analyse de Febelauto ? Qu'en est-il des associations de riverains ?

    Quelles sont les répercussions pour les emplois en Région wallonne ?

    Qu'en est-il des compétences à développer et pérenniser ?

    En a-t-il discuté avec Mme Morreale ?

    Est-ce que son administration possède un plan précis des installations de recyclage en Région wallonne ?
  • Réponse du 17/07/2023
    • de BORSUS Willy
    L’expérience des entreprises Norsk Hydro et Northvolt qui ont développé en Norvège la plus grande usine de recyclage de batteries automobiles au monde est en effet un exemple inspirant.

    De nombreux exemples se développent dans notre Région, notamment les projets de du groupe Comet Traitements, installé à Châtelet et Obourg, de Nanocyl, ou de Hydrometal.

    À ce jour, il y a plusieurs dossiers potentiels portés par des investisseurs étrangers, gérés par les agents de l’AWEx, liés au recyclage de batteries. À ma connaissance, peu concernent le recyclage de batteries pour véhicules électriques. Pour les projets intrawallons, nous développons beaucoup de Recherche et développement (par exemple dans les projets Reverse Metallurgy/CRM) et d’autres projets sont développés ou à l’étude, notamment par le travail des pôles de compétitivité (Mecatech, ou GreenWin) qui favorisent les innovations collaboratives des entreprises du territoire. Différents modes de soutien à l’innovation existent sur ce sujet.

    L’approche européenne est celle de la responsabilité du producteur, soit de rendre responsable l’entité/acteur mettant les e-vehicules sur le marché de la fin de vie des batteries. La nouvelle législation européenne sur les batteries inclut la réparabilité et ordonne aux fabricants de donner aux entreprises de réutilisation l'accès au système de gestion de la batterie.

    Les fabricants sont donc chacun en train de décider d’une stratégie propre, afin de contrôler « leurs » batteries en fin de vie usage qui en est fait. De plus, le coût des matières premières pousse tous ces acteurs à rester propriétaires de celles-ci ou à tout le moins à en contrôler le recyclage. De nombreuses technologies de batteries se présentent sur le marché, et donc le recyclage de celles-ci varie.

    La Wallonie est une région à la pointe en termes de valorisation des véhicules hors d’usage, 98.5 % de ces véhicules sont repris et valorisés aujourd’hui. Notre région bénéficie de la présence de leaders en ce domaine.

    Febelauto est un acteur majeur de cette filière et a une expérience de plus de 20 ans en tant qu’organisme de gestion pour les véhicules hors d’usage aussi bien dans la mise en place d’un réseau de 111 centres agréés dont 6 centres qui peuvent dépolluer et démanteler les véhicules hybrides et électriques, l’utilisation de pièces de deuxième main, le recyclage, etc. Depuis 2018, Febelauto s’occupe aussi de la collecte, du stockage, du recyclage et, en partenariat avec d’autres acteurs, de la réutilisation de batteries de véhicules hybrides et électriques.

    Comme le confirme cet organisme, toute nouvelle technologie nécessite une période de transition, mais nous restons convaincus que le secteur de la réparation automobile ne sera pas laissé de côté et qu'il développera sans aucun doute davantage de savoir-faire pour réparer et remettre à neuf les véhicules électriques.

    Les constructeurs remettent déjà les batteries à neuf. D’autres initiatives favorisent la réutilisation qui donnent une seconde vie aux batteries : la batterie est démontée et les modules sont testés pour voir s'ils peuvent avoir une seconde vie et s'ils répondent à toutes les normes de sécurité.

    Febelauto, se positionne sur les dispositifs que nous avons mis en place en Wallonie, notamment en cherchant à développer un projet de lieu de stockage pour pouvoir collecter les batteries chez les concessionnaires/garages et centres agréés, et par là, offrir aux importateurs de véhicules hybrides et électriques une solution plus circulaire pour leurs batteries/modules en leur donnant une seconde vie en tant que batteries de stockage d’énergie.

    Ils sont aussi la volonté de créer un centre de compétences pour les métiers et acteurs de la revalorisation des batteries, qui soutiendrait différents services (prévention des incendies, institutions d’enseignement, etc.) en leur mettant à disposition, sous conditions de sécurité stricte, des batteries des véhicules hybrides et électriques pour qu’ils puissent s’exercer en pratique. Ce centre de compétence pourrait employer plusieurs « battery doctors » qui aideraient les concessions, garages, pompiers et tout autre opérateur qui a un problème avec le diagnostic ou la réparation de sa batterie, dans le but d’assurer la sécurité de la batterie et de prolonger la durée de vie de la batterie, car de nombreuses nouvelles compétences seront effectivement nécessaires suite au développement du marché des véhicules électriques.

    Comme l’honorable membre le voit, différents projets émergent autour, non seulement du recyclage, mais aussi de la revalorisation des batteries sous toutes ses formes. Ces acteurs dynamiques et ces projets permettront de faire de la Wallonie un acteur majeur du prolongement de la vie des batteries dans ce secteur en plein développement.