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La présence de silures en Meuse namuroise

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 682 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 06/07/2023
    • de GROVONIUS Gwenaëlle
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Un nageur a récemment été blessé par un silure en nageant en Meuse à hauteur de Namur. Par ailleurs, plusieurs personnes qui ont l'habitude de nager en Meuse me sont revenues en m'indiquant qu'il y aurait des bans importants à proximité de l'île de Dave.

    Dans ce cadre, j'aimerais poser les quelques questions.

    Madame la Ministre a-t-elle des informations sur la population actuelle de silures en Meuse Namuroise ?

    Y a-t-il eu des augmentations ces dernières années ?

    Ces silures ont-ils un impact sur l'écosystème ?

    Y a-t-il un effet sur les autres espèces de poissons, sur la flore aquatique ou la biodiversité ?

    Hormis l'incident relaté récemment dans la presse, y a-t-il eu d'autres incidents ?

    Ces poissons ne sont a priori pas dangereux, Madame la Ministre confirme-t-elle cette information ?

    Y a-t-il des précautions particulières à prendre malgré tout ?

    Notamment en présence de bans ?

    Enfin, peut-elle rappeler les règlementations et recommandations en vigueur pour la nage en Meuse, mais aussi en ce qui concerne la pêche des silures ?
  • Réponse du 19/12/2023
    • de TELLIER Céline
    Le silure est le plus grand poisson d’eau douce de Wallonie. Originaire d’Europe de l’Est, il s’agit d’une sorte de poisson-chat qui peut dépasser les 2,5 mètres pour 100 kg.

    Les résultats des pêches scientifiques, rassemblés au sein de l’administration (DEMNA - Direction de la Nature et de l’Eau) dans une banque de données, attestent de la présence du silure en Meuse depuis au moins deux décennies et en Meuse namuroise depuis au moins 10 ans. En fait, sa présence en Meuse néerlandaise a déjà été signalée dans les années 1980. La nature des données disponibles ne permet toutefois pas de connaître les densités ou les biomasses à l’hectare.

    Il n’est donc pas possible d’affirmer avec certitude que les populations augmentent. Néanmoins, sachant que l’espèce aime les eaux chaudes et profondes, le caractère très anthropisé de la Meuse (barrages, berges artificielles…) qui a conduit à une réduction des populations de brochet, en combinaison avec l’augmentation de la fréquence des canicules, laisse penser que le silure va rencontrer des conditions qui seront de plus en plus souvent favorables à sa reproduction.

    Le silure, à l’âge adulte, a un régime alimentaire carnivore opportuniste. Il se nourrit surtout la nuit.

    Comme le brochet le ferait s’il trouvait des conditions plus favorables en Meuse, le silure se nourrit d’autres poissons, d’écrevisses, de mollusques. Sa présence actuelle dans la Meuse résulte probablement d’une réintroduction non contrôlée, mais son maintien est surtout imputable à l’artificialisation de la Meuse en synergie avec les températures estivales élevées. Lorsque l’on parle de son effet sur les biocénoses aquatiques, il faut être nuancé. Selon le cas, ils peuvent être positifs ou négatifs. En effet, si des études françaises montrent qu’il peut dans certaines conditions se nourrir de poissons migrateurs comme les aloses (par exemple au pied des barrages), il se nourrit aussi de toute une série d’espèces exotiques envahissantes (gobies, écrevisse américaine, palourdes asiatiques, moule zébrée…).

    Le silure est plutôt nocturne et est donc peu actif le jour. Il n’est pas à proprement parler agressif. De plus, même s’il possède une grande bouche, ses dents sont peu développées. Néanmoins, en juin, durant la période de reproduction, le mâle effectue une garde des œufs pendant la courte période d’incubation (quelques jours) et défend alors sa progéniture. À part l’incident qui a eu lieu en juin, nous n’avons pas connaissance d’autres cas d’incidents aux personnes. Il est à noter que, le silure n’ayant pas de vraies dents, celui-ci ne présente pas de danger pour l’homme, même si des incidents comme celui de juin peuvent engendrer une certaine frayeur.

    Les précautions tiennent du bon sens, et sont applicables à l’ensemble des baignades en milieu naturel. Il est conseillé de regarder où l’on pose les pieds, et évidemment il faut éviter de piétiner le milieu naturel, notamment dans les herbiers aquatiques.

    En ce qui concerne la nage, le SPW recommande de la pratiquer uniquement dans les zones de baignade officielles. D'autres sites peuvent sembler propices à la baignade, mais ne font pas l'objet d'un suivi permanent de leur qualité microbiologique, ce qui peut donner lieu notamment à des gastro-entérites. De plus, il y a également des sites dangereux pour la sécurité physique des baigneurs, comme les anciennes carrières.

    Avec le passage des bateaux et le débit parfois important (en raison des orages notamment), la nage est interdite sur le réseau navigable wallon. Une seule exception existe à ce principe et concerne quelques zones, répondant à des critères de sécurité et de qualité, autorisant la nage en eau libre de manière encadrée au sein d'un club de natation.

    La pêche de jour du silure glane est autorisée toute l'année dans la zone d'eaux calmes dont la Meuse fait partie. Aucune disposition restrictive n'est imposée sur le prélèvement de ce poisson. En revanche, pour les individus issus des eaux soumises au décret du 27 mars 2014, le transport de silures vivants est interdit.