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Perspectives du Ravel.

  • Session : 2006-2007
  • Année : 2007
  • N° : 53 (2006-2007) 1

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  • Question écrite du 17/01/2007
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à DAERDEN Michel, Ministre du Budget, des Finances, de l'Equipement et du Patrimoine

    Le Ravel connaît un réel engouement populaire et la demande d'extension du réseau est réelle. Des chemins de halage et des voies de chemin de fer désaffectées ont en effet été réhabilités et ont retrouvé une nouvelle affectation. Lieu de loisirs et de tourisme, de nombreux piétons, cyclistes ou cavaliers empruntent désormais les 885 km de voies aujourd'hui aménagés. Malgré quelques maladies de jeunesse, plus personne ne conteste le succès du projet lancé à l'époque. Cela dit, les travaux d'aménagement ne suivent pas vraiment puisque la Cour des Comptes relevait que seuls 44 % du réseau de 2.000 kilomètres initialement prévus avaient été mis en oeuvre. Dommage, surtout lorsque l'on sait l'intérêt que porte la population au Ravel.

    Aussi, en ce début d'année, puisqu'il n'est pas encore trop tard le faire, je formule le vœu de voir le réseau actuellement parcellaire voir se compléter et ainsi former un réseau sur l'ensemble du territoire de la Wallonie, le fameux Ravel. A en croire Monsieur le Ministre, on y arrivera plus vite que prévu. En mars 2006, il affirmait qu'il ne sera véritablement possible que d'aménager 1.350 kilomètres de Ravel. Comme 885 kilomètres sont déjà aménagés, cela lui fait donc 66 % de réalisation des objectifs ! Et ce, sans toucher à l'échéance prévue ! J'ai toujours cru que Monsieur le Ministre était un malin. Chapeau ! Bravo pour ce tour de magie digne des meilleurs.

    Trêve de plaisanteries ! Au-delà de la boutade, que Monsieur le Ministre soit convaincu que je comprends les contraintes budgétaires, techniques ou environnementales qui peuvent moduler un projet. Mais la question de la bonne exécution et de l'aboutissement du projet reste plus que jamais posée. Même à un coût moyen de 100.000 euros le kilomètre pour des portions planes ou sans défis techniques majeurs, on n'y est pas encore arrivé. 170 kilomètres complémentaires étaient prévus à l'horizon 2009. Rien que pour les anciennes voies de chemin de fer, ce ne sont pas moins de 5,5 millions d'euros de moyens qui avaient été prévus en 2006. Une somme identique est d'ores et déjà programmée pour 2007.

    Peut-on raisonnablement affirmer que 170 kilomètres de Ravel aménagés supplémentaires auront vu le jour à l'horizon 2009 ? Ce calendrier est-il tenable ? En matière de travaux, les retards, voire les reports, ne sont pas rares. Au-delà de cette programmation, qu'en sera-t-il alors des portions de réseau encore à aménager ? Le seront-elles un jour ?

    Les craintes émises ici ou là de voir le Ravel subir la concurrence des besoins budgétaires exprimés et nécessaires pour d'autres politiques sont-elles fondées ? Sera-ce fatal aux portions de réseau en souffrance ? Si la trentaine de kilomètres équipés récemment (en moyenne annuelle) devait être la tendance de ces prochaines années, il est évident qu'on n'atteindra pas

    l'objectif fixé. Quelles garanties Monsieur le Ministre oppose-t-il aux défenseurs du Ravel qui ont toutes les raisons d'être inquiets ? Quels éléments concrets peuvent laisser entrevoir une accélération de la cadence ? Sera-t-elle accélérée ?

    Les dernières adaptations techniques consistant en l'utilisation d'un revêtement moins onéreux et s'intégrant mieux dans l'environnement ont-elles permis un abaissement durable du coût moyen au kilomètre à 60.000 euros ? Ces chiffres sont-ils confirmés ? D'autres techniques ont-elles été utilisées ? Quelles conclusions Monsieur le Ministre tire-t-il de leur utilisation ? La programmation des travaux en est-elle fortement dépendante ?

    Enfin, Monsieur le Ministre a toujours affirmé être ouvert à d'autres projets plus locaux qui complèteraient le programme d'investissements ? Y en a-t-il ? Si oui, quels sont-ils ? Comment s'intègreront-ils dans l'échéancier prévu ? Entraîneront-ils une remise en question de celui-ci ?

    L'aspect plus local d'un projet suppose-t-il un engagement local, c'est-à-dire communal, notamment sur le plan financier ? De manière générale, des tronçons autres que ceux prévus initialement ont-ils été ajoutés au projet ? Si oui, lesquels ? Comment ont-ils été choisis ? Des tronçons ont-ils été abandonnés ? Si oui, lesquels ? Quels critères ont-ils été utilisés pour aboutir à cette conclusion ? Globalement, quels critères d'évaluation et de sélection régissent la programmation ?
  • Réponse du 16/02/2007
    • de DAERDEN Michel

    Je n'apprendrai rien à l'honorable Membre en lui rappelant que le réseau RAVeL est né en 1995 et que les premières réalisations concrètes ont vu le jour en 1996. J'étais à l'époque Ministre des Communications au Fédéral et je ne suis pas peu fier d'avoir signé avec la Région wallonne le contrat-cadre qui permettait le début de la mise en œuvre de ce magnifique réseau dévolu aux modes doux de déplacement.

    Je voudrais revenir brièvement sur la remarque ironique de l'honorable Membre concernant la longueur potentielle du réseau qui serait passée de 2000 kilomètres à 1350 kilomètres. Ce n'est ni par magie, ni par manipulation que j'ai avancé ce chiffre. En fait, lorsque la Cour des Comptes cite la longueur totale de 2.000 kilomètres, elle se base sur un potentiel maximum identifié en 1995 lors du lancement du concept RAVeL. Depuis, des dizaines de reconnaissances et études approfondies ont été réalisées, notamment au niveau foncier, pour démontrer que seuls 1.350 kilomètres de ce potentiel étaient réellement économiquement réalisables. Ni plus, ni moins !

    J'en viens maintenant aux réponse aux diverses questions.

    1° Oui, je compte bien avoir aménagé environ 170 kilomètres de nouveaux itinéraires RAVeL d'ici à 2009. Ce programme a d'ailleurs commencé en de multiples endroits.

    2° Non, le réseau RAVeL ne sera pas totalement achevé en 2009. Je n'ai jamais soutenu le contraire. Il appartiendra au Gouvernement wallon suivant de prendre ses responsabilités en la matière. Que l'honorable Membre reconnaisse au moins que j'aurai largement apporté ma pierre à l'édifice pendant mes deux mandats ministériels à la tête des Travaux publics.

    3° Non, le RAVeL n'a pas subi la concurrence des autres besoins budgétaires. L'enveloppe reste inchangée en 2007 par rapport à 2006, soit 5.500.000 euros alors que d'autres postes d'investissement subissent des diminutions importantes en faveur de l'entretien routier.

    4° L'honorable Membre me dit : quelles garanties je pense donner aux défenseurs du RAVeL ? Il suffit de parcourir les multiples maillons du réseau actuellement en chantier, sur plusieurs dizaines de kilomètres à travers la Région wallonne : la ligne 147 dans le Brabant wallon, la traversine et la ligne 38 en province de Liège, la liaison Marche-Hotton en province de Luxembourg, la ligne 109 dans le Hainaut entre Chimay et Thuin, les lignes 147 et 126 en province de Namur… et j'en passe. Je renvoie l'honorable Membre à mon programme budgétaire pour connaître l'ensemble des réalisations.

    5° L'accélération de la cadence de réalisation est déjà une réalité : d'une part, par l'augmentation des crédits annuels et, d'autre part, par l'adoption, lorsque c'est possible, de structures de chaussées moins coûteuses comme ce fût le cas pour la Traversine entre Hannut et Wanze. Je confirme que cette technique permet d'abaisser le coût moyen de réalisation de la piste sur une ancienne voie ferrée à 60.000 euros du kilomètre, auxquels il convient d'ajouter évidemment le coût de rénovation ou de reconstruction des ouvrages d'art.

    6° Par ailleurs, le RAVeL, tout en étant un réseau autonome, est aussi un élément d'un réseau « modes doux » plus vastes qui comporte par ailleurs des cheminements communaux ou provinciaux. Je m'efforce d'assurer une complémentarité efficace entre les divers maîtres d'ouvrages potentiels. Mon département a ainsi collaboré à plusieurs initiatives locales qui se connectaient au RAVeL. Ces maillons à vocation plus locale sont toutefois financés majoritairement par les communes, avec éventuellement certains subsides régionaux de divers départements de la Région wallonne.

    7° Pour conclure, l'honorable Membre me demande comment sont sélectionnés les projets qui enrichiront demain le réseau RAVeL. Je lui répondrai aussi objectivement que possible ! Sur la base, d'une part, d'un examen des forces et faiblesses des projets en présence et surtout, d'autre part, de l'opportunité du projet en termes de réseau public afin que l'argent investi serve au plus grand nombre. Une vertu essentielle du réseau est sa cohérence. J'ai donc volontairement opté pour une concentration des moyens sur quelques grands axes d'intérêt régional, en veillant à une juste répartition des crédits entre les provinces wallonnes. J'ajouterai également que j'accorde une plus forte priorité au RAVeL utilitaire qui, outre l'intérêt touristique, permet aux cyclistes quotidiens de se déplacer avec une sécurité accrue.

    Enfin, de manière pragmatique, l'honorable Membre notera que mes propositions budgétaires comportent un programme spécifique pour la mise en œuvre du RAVeL, avec des dossiers « en réserve ». Tous ces dossiers préfigurent les dossiers que je souhaite adjuger et mettre en œuvre en 2007 et 2008. L'honorable Membre dispose dès lors déjà d'une assez bonne vision de mes priorités politiques en la matière.