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L’impact de la pénurie de bateliers en Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 1283 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 11/07/2023
    • de GALANT Jacqueline
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    À l'heure où le transport fluvial est encouragé à des fins environnementales, on constate pourtant une grande pénurie de bateliers.
    Bon nombre d'entre eux arrivent à la retraite et risquent de ne pas être remplacés. Le métier de batelier offre de nombreux débouchés, mais peine à convaincre par manque de publicité ou encore par le rythme de vie qu'impose le métier.

    D'autres regrettent le flou juridique qui règne sur la formation en Wallonie. La Province de Liège est le seul pouvoir organisateur de la Fédération Wallonie-Bruxelles à proposer des formations aux métiers de la navigation intérieure. Reste que l'École de batellerie de Huy n'est plus reconnue en raison d'une directive européenne alors qu'elle devrait faciliter l'obtention des permis de navigation.

    Pour combler ce vide juridique, le Gouvernement wallon s'est engagé voici plus d'un an à légiférer.

    Que compte faire Monsieur le Ministre pour combler la pénurie de bateliers en concertation avec la Ministre de l'Emploi ?

    Envisage-t-il une campagne de sensibilisation au vu des possibilités, tant au niveau environnemental que professionnel, qu'offre le métier ?

    Où en est-on dans la législation qui concerne la formation des bateliers en Wallonie ?

    L'École de batellerie de Huy est-elle enfin reconnue ?

    Quel est l'impact de cette pénurie sur l'avenir du transport fluvial en Wallonie ?
  • Réponse du 30/08/2023
    • de HENRY Philippe
    La directive (UE) 2017/2397 a été transposée par l’arrêté du Gouvernement wallon du 25 août 2022 relatif à l’obtention et à la reconnaissance des qualifications professionnelles dans le domaine de la navigation intérieure et modifiant et abrogeant diverses dispositions en cette matière, lequel confie à mon administration la mission de délivrance des documents et d’encadrement des qualifications en navigation intérieure.

    Nous avons mené un énorme travail pour nous conformer à ces nouvelles exigences, parfois difficiles à mettre en œuvre, tant au niveau des modèles de document, de l’élaboration d’une nouvelle base de données capable de communiquer avec la base de données européenne, ainsi que de la mise à jour des examens et des programmes de formation. Notre nouvelle Commission d’examen reprendra très prochainement l’organisation des nouveaux examens, notamment ceux concernant la qualification d’expert en navigation avec passagers.

    En ce qui concerne les programmes de formation, et conformément à l’article 26 de ce même arrêté, la Ministre de l’Emploi et de la Formation est compétente pour approuver les programmes de formation conduisant à l’obtention des qualifications et certificats en navigation intérieure, à condition que ces programmes soient conformes aux exigences fixées par la directive. Je ne peux donc pleinement m’exprimer sur le travail qu’est en train de réaliser Madame la Ministre de l’Emploi et de la Formation, notamment sur la sensibilisation au métier de batelier, mais je peux néanmoins apporter quelques précisions et éléments de réponse aux questions.

    L’École de batellerie de Huy, en tant que telle, a toujours été « reconnue ». Les programmes de matelot et de batelier/conducteur devaient, eux, être mis à jour pour être approuvés comme étant conformes aux nouvelles exigences européennes.

    Le travail réalisé par l’École de batellerie de Huy et par Madame la Ministre de l’Emploi et de la Formation a abouti à la signature de l’arrêté ministériel du 13 septembre 2022 approuvant les programmes de formation dont il est question. Puisque ces programmes avaient déjà démarré lors de l’année scolaire 2021-2022, les élèves qui ont obtenu leur diplôme en juin 2022 ont pu, à la suite de l’approbation de ces programmes de formation, obtenir leurs qualifications auprès de mon administration.

    Le Gouvernement wallon a donc bien légiféré en cette matière pour se conformer aux exigences européennes. L’arrêté du Gouvernement wallon du 25 août 2022 est d’ailleurs entré en vigueur avec effet rétroactif le 17 janvier 2022, ce qui comble un potentiel vide juridique auquel il est fait allusion.

    Enfin, le secteur de la batellerie a un rôle important à jouer, notamment au niveau environnemental, permettant dans certains cas une alternative au transport routier plus polluant. En ce domaine, l’administration et moi sommes bien conscients d’un risque de pénurie de bateliers déjà sensible aujourd’hui et veillons à le minimiser. Cela s’ajoute aux pénuries constatées dans de nombreux métiers en Wallonie. Plusieurs facteurs externes jouent ici en notre défaveur comme le relatif désintérêt de la jeunesse pour le secteur de la batellerie et donc le manque de candidats à ces formations, en raison notamment de la difficulté du métier et des horaires de batelier par rapport au changement actuel des modes de vie. La reprise des examens auprès de mon administration, et l’organisation prochaine de nouvelles formations de type « court », destinées à un public plus adulte, permettront à de nouveaux candidats d’entrer dans la profession. Cela permettra également aux personnes qui le souhaitent d’acquérir de nouvelles qualifications. Par ailleurs, l’administration et les acteurs du secteur testent aujourd’hui de nouvelles solutions techniques comme le pilotage à distance de certains navires, ce qui pourrait offrir des conditions de travail plus confortables aux capitaines et réduire le nombre de bateliers nécessaires pour faire naviguer un nombre équivalent de navires.

    Enfin, l’administration, mon cabinet et celui de ma collègue Madame la Ministre de l’Emploi et de la Formation suivons de près ce dossier, restons en contact et allons rediscuter de ce sujet à la rentrée de septembre, pour envisager la suite des actions à mettre en œuvre.