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Les perspectives de l’intelligence artificielle (IA) sur le marché de l’emploi

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 544 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 11/07/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    L'intelligence artificielle (IA) fait avancer les discussions en matière de politique d'emploi et fait émerger des questions essentielles sur le futur de ce marché.

    En réponse à une question écrite, le Gouvernement flamand a déclaré qu'il menait des recherches, en collaboration avec des entreprises spécialisées, sur l'application possible de l'intelligence artificielle (IA) dans le domaine de la gouvernance publique.

    Plusieurs applications envisagées par le Gouvernement flamand sont, parmi d'autres, d'améliorer l'efficacité des opérations internes et externes et de la préparation des politiques, ainsi que la lutte contre la fraude.

    M. Jo Brouns, Ministre flamand de l'Emploi, a dit qu'un « cadre conceptuel » est depuis un certain temps en cours pour générer des informations pertinentes via l'utilisation de l'IA notamment pour répondre aux questions parlementaires.

    L'IA offre des possibilités et opportunités, ainsi que de nombreux défis de taille pour nos sociétés. L'IA transforme inévitablement nos entreprises, nos industries et le monde du travail. L'utilisation de l'IA présente certains risques tels que des biais, de possibles discriminations et la dépendance technologique.

    Quelle est l'analyse de Madame la Ministre concernant l'impact de l'IA sur le marché de l'emploi en rapport à son autorité ?

    Quelles applications sont envisagées par les entreprises et les acteurs du marché de l'emploi ?

    Le Gouvernement de Wallonie enquête-t-il également sur les applications de l'IA dans la gouvernance publique ?
    Si oui, quelles entités spécialisées sont concernées ?

    Comment les tendances de l'utilisation de l'IA dans le secteur du travail dans la Région wallonne sont-elles évaluées ? De quelle manière ? Avec quels acteurs ?

    Comment la Wallonie peut-elle se positionner pour faire face aux opportunités et risques concernant l'IA dans un avenir proche ?
  • Réponse du 04/09/2023
    • de MORREALE Christie
    La cartographie des acteurs de Digital Wallonia dénombre plus de 350 acteurs dans le programme DigitalWallonia4.IA dont plus de 250 relevant du secteur privé.

    Parmi ceux-ci, quelques exemples concrets d’applications d’intelligence artificielle en Wallonie :
    - une entreprise qui propose des solutions innovantes en sécurité et surveillance intelligente de trafic. Ses produits sont basés sur des logiciels d’analyse automatique de la vidéo ;
    - une entreprise spécialisée en pathologie numérique dans le domaine de l'imagerie biomédicale, qui propose au travers de sa plateforme web hébergeant un moteur IA puissant et modulaire, une solution innovante et collaborative disponible partout et à tout moment ;
    - une entreprise qui met à disposition des solutions permettant de répondre à des besoins variés dans les domaines de la maintenance prédictive et de l’optimisation de performances d’équipements et de process industriels en proposant des solutions évolutives adaptées à chaque profil.

    À côté des entreprises proposant des produits ou services directement liés à l’IA, un grand nombre d’entreprises utilisent l’IA dans leurs activités quotidiennes, par exemple les « ChatBot » sur leur site internet.

    Il est difficile d’appréhender la question des impacts potentiels de l’IA sur le marché du travail.

    Certains impacts futurs peuvent être énumérés, mais leur ampleur n’est pas aisément quantifiable. Cependant, ces impacts sont les bases de la réflexion sur le périmètre de l’IA :
    - le remplacement de certains ;
    - la transformation des emplois ;
    - émergence de nouveaux emplois ;
    - restructuration des industries ;
    - inégalités et transition professionnelle.

    L'IA a un impact significatif sur les acteurs du marché de l'emploi, y compris les chercheurs d'emploi, les employeurs et les professionnels (publics et privés) des ressources humaines. Je suis donc attentive aux conséquences telles que :

    Pour les chercheurs d'emploi :
    - processus de recrutement : Les algorithmes d'IA peuvent être utilisés pour trier et filtrer les candidatures. Cela peut rendre le processus plus efficace, mais aussi plus compétitif.
    - candidatures optimisées : Les chercheurs d'emploi peuvent utiliser l'IA pour améliorer leurs chances d'être repérés par les employeurs.

    Pour les employeurs :
    - recrutement amélioré : L'IA peut faciliter le recrutement en identifiant les candidats les plus qualifiés pour un poste donné.
    - évaluation des compétences : Les outils d'IA peuvent être utilisés pour évaluer les compétences des candidats à travers des tests en ligne, des entretiens virtuels et des évaluations automatisées.
    - amélioration de l'expérience candidat : Les « chatbots » et les assistants virtuels alimentés par l'IA peuvent être utilisés pour fournir des réponses rapides aux questions des candidats et pour les guider tout au long du processus de candidature.

    Pour les professionnels des ressources humaines :
    - analyse des données RH : L'IA peut aider les professionnels des ressources humaines à analyser de grandes quantités de données RH, telles que les données des employés, les évaluations de performance, les enquêtes de satisfaction, et cetera ;
    - développement professionnel : L'IA peut être utilisée pour proposer des programmes de formation personnalisés et adaptés aux besoins individuels des employés. Les recommandations basées sur l'IA peuvent aider à identifier les domaines de développement et à offrir un apprentissage ciblé.

    Le recours à l’IA soulève des questions éthiques (recours aux données personnelles, éthiques des algorithmes, et cetera.). Le FOREm a proposé la constitution d’un comité éthique visant à encadrer ces pratiques. Le FOREm observe et analyse les cas de recours à l’IA par les demandeurs d’emploi, les entreprises, et les acteurs du marché de l’emploi :
    a. Les recours actuels par certains demandeurs d’emploi à l’IA pour la genèse de CV optimisés, lettre de candidatures… (IA générative) ;
    b. Les recours possibles à l’IA pour l’automatisation de certaines tâches : réponses aux questions (« chatbot »), le contrôle de certaines procédures/productions (traitement des offres d’emploi p.ex.) ;
    c. Les recours à l’IA par les recruteurs ou les plateformes.

    Le FOREm recourt à des traitements de grandes quantités de données (Deep Learning), afin de fournir des informations aux conseillers et aux formateurs pour :
    a. Identifier avec plus de qualité et de célérité les opportunités d’insertion des demandeurs d’emploi (secteurs probables d’insertion) ;
    b. Identifier les probabilités pour certaines personnes d’enlisement dans l’inactivité de longue durée et la proposition de l’offre de service adéquat ;
    c. Identifier les candidats à une offre de formation.

    Ces utilisations sont exploratoires, les résultats sont toujours des informations soumises à l’examen et à l’exploitation ou non par des conseillers et formateurs. Les processus ne sont jamais « automatisés » sur base de résultats d’un traitement IA. Il s’agit donc d’une approche prédictive (améliorer la connaissance) et non prescriptive (assigner automatiquement des propositions de traitement).

    Concernant la position à adopter par la Wallonie pour faire face aux risques et aux opportunités de l’IA pour les travailleurs, j’invite l’honorable membre à prendre connaissance du récent « working paper » publié par l’OCDE sur l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le milieu du travail qui recommande notamment aux pouvoirs publics de mettre en place des mesures de protection afin de veiller à ce que l’IA contribue à favoriser, et non à entraver, l’inclusivité sur les marchés du travail, ainsi qu’à assurer la formation à l’IA.

    En effet, compte tenu de l’essor et de l’adoption de plus en plus rapides de l’IA, de nouvelles compétences seront demandées, alors que d’autres évolueront ou deviendront obsolètes. Les besoins en formation concernent aussi bien les travailleurs peu qualifiés ou plus âgés que les travailleurs plus qualifiés. Formations d’ores et déjà développées ou en voie de développement par notre service public.

    Toutes ces actions et réflexions prennent en compte les questions éthiques, notamment en matière de confidentialité des données, de biais algorithmique et d'impact sur l'emploi.