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La lutte contre l’invasion des ratons laveurs

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 697 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 11/07/2023
    • de COURARD Philippe
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Les ratons laveurs envahissent littéralement la Wallonie. On évoque plus de 70 000 individus. Ils se reproduisent massivement et, compte tenu du fait qu'ils n'ont pas de prédateurs, leur population ne fait que croitre.

    Dans mon village (Hotton), on peut les apercevoir partout. Ils s'en prennent aux animaux de la basse-cour et pénètrent régulièrement dans les habitations, souvent attirés par les détritus. Plus graves, ils menacent l'équilibre de la biodiversité en mettant en péril certaines espèces indigènes.

    Le mot d'ordre est de s'en débarrasser. Mais en pratique, il n'est pas aisé de les attraper et de les éliminer.

    En effet, il faut une cage spéciale qui n'est pas souvent mise à disposition par les communes ou la Région wallonne. Une fois capturés, la question se pose de savoir comment les éliminer sans souffrance et sans arme. La plupart des citoyens ne sont pas armés.

    Et finalement, lorsque l'animal est mort, il faut alors appeler le clos d'équarrissage, au frais du citoyen. Concrètement, il semble que la procédure pour lutter contre ce fléau ne facilite pas la tâche des citoyens.

    Comment Madame la Ministre compte-t-elle mettre fin à l'expansion de cette espèce invasive ?
  • Réponse du 18/10/2023
    • de TELLIER Céline
    Merci de l’intérêt pour la gestion des espèces exotiques envahissantes. La connaissance par le plus grand nombre de ces enjeux pour la population et la biodiversité est un des éléments majeurs de la sensibilisation souhaitée.

    La question de l’honorable membre me permet de lui signaler l'avancement du dossier concernant le raton laveur, pour lequel j'ai demandé à l’administration d'accorder une priorité. Le mot d’ordre est effectivement d’atténuer les effets de leur présence.

    Comme il le mentionne, le raton laveur impacte notre biodiversité et en particulier certaines espèces vulnérables : l’hirondelle de rivage, les rapaces ou encore la cigogne noire. Le raton laveur porte préjudice à la biodiversité à la suite de la prédation occasionnée sur des espèces sensibles (batraciens, écrevisses, oiseaux, chauves-souris) et/ou à la compétition pour l’occupation de grandes cavités arboricoles (chouette hulotte, écureuil, martre, et cetera)

    Le raton est aussi une menace pour la santé humaine dans la transmission de zoonoses (baylisascariose, leptospirose, échinococcose, maladie de Carré, toxoplasmose, et cetera).

    Au-delà de ces aspects, les dégâts économiques et diverses nuisances occasionnés sont importants. Ainsi, de nombreux désagréments sont ressentis par certains habitants, comme il le souligne. Le raton laveur est effectivement à l’origine de nuisances domestiques importantes dans les jardins, les poulaillers et les maisons, à l’intérieur desquels il pénètre volontiers pour rechercher de la nourriture. Il peut également se battre avec des chats et d’autres animaux domestiques qu’il rencontre à proximité des habitations. Il réalise également des prélèvements dans les vergers et les cultures. Il consomme en effet de nombreux aliments, en ce compris des céréales (maïs), des fruits, des invertébrés aquatiques, des restes alimentaires trouvés dans les ordures ménagères, et cetera.

    Je lui confirme donc ma volonté d'établir un plan d'action le plus rapidement possible. Mon administration a effectivement reçu des instructions pour, dans les prochains mois, identifier des zones prioritaires, établir un plan de lutte, et étudier des possibilités de délivrance d'agréments. Tout ceci nécessite évidemment une coordination indispensable.

    Bien sûr, le raton laveur ignore tout des frontières administratives et étatiques. Ainsi, pour gérer efficacement le flux d’individus venant du sud de la Belgique, la mise en place de collaborations nationales et internationales s’avère nécessaire en ce qui concerne notamment les moyens de lutte à utiliser et la politique de lutte en général. L’invasion se produit également dans les autres pays et la concertation démontre une impossibilité d’éradiquer l’espèce. Au mieux, des mesures d’atténuation sont envisagées pour diminuer les effets sur la biodiversité dans des zones prioritaires. Les responsables de la Commission européenne ont été questionnés en mai dernier par le secrétariat national belge sur les actions de concertations bilatérales envisageables.

    Concernant le plan de lutte, une analyse détaillée doit être réalisée. Elle devrait identifier les zones prioritaires, soit de lutte, soit de protection, en tenant compte de la présence d’espèces sensibles. Les mesures de gestion concernent des actions préventives (mise en place de dispositifs anti-prédation, sensibilisation) et des actions d’élimination dans ces zones prioritaires. Le type de piège et la mise en œuvre de ces techniques de piégeage doivent être établis en accord avec les services du bien-être animal. La mise en œuvre de ces propositions par nos services ou par des prestataires externes doit être évaluée en termes budgétaires et de planning. Cette analyse doit être réalisée dans le courant de l’année prochaine.

    Au niveau légal, l’arrêté du Gouvernement wallon exécutant le décret du 2 mai 2019 du 15 septembre 2022 relatif à la prévention et à la gestion de l'introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes instaure la possibilité d’arrêter des mesures de gestion pour les espèces largement répandues sur notre territoire. J’ai mandaté mon administration pour qu’elle évalue la possibilité d’arrêter par voie ministérielle certaines mesures associées à des moyens de lutte. J’ai aussi demandé une analyse sur la possibilité d’agréer des opérateurs qui pourraient agir chez les particuliers.

    Par ailleurs, l’expansion des ratons laveurs en Wallonie peut être accélérée par les ressources alimentaires que l’homme met involontairement à la disposition de cet animal très opportuniste : nourriture pour les animaux domestiques, ordures ménagères, volailles domestiques, champs de maïs, et cetera. C’est donc une action collégiale et une implication de toutes et tous qui est souhaitée pour nous protéger des impacts de cette invasion.

    Le SPW ARNE vient de mettre en ligne et d’éditer un dépliant reprenant les gestes barrières pour éviter d’attirer l’espèce près des habitations. Ceux-ci incluent l’adaptation des chatières ou la sécurisation des poulaillers, des nichoirs et des poubelles. Ces modalités méritent d’être mises en place un peu partout, avant d’envisager la capture ou l’élimination des animaux. Cette information est accessible sur le portail de la biodiversité. (http://biodiversite.wallonie.be/raton)

    Des mesures peuvent donc être mises en place par chaque citoyen pour éviter d’attirer le raton laveur et limiter les intrusions à l’intérieur des maisons. Des aménagements simples sont à réaliser autour des maisons pour protéger les citoyens des maladies transmissibles à l’homme.

    Un marché pour établir une campagne de sensibilisation vers les citoyens est aussi en cours de finalisation de manière à pouvoir communiquer à ce sujet prochainement. Ce point a été discuté à l'échelle de la coordination belge dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’action belge soumis à la CE en juillet 2022 afin de s'assurer de la collaboration des autres autorités nationales afin de renforcer l'effet de la campagne wallonne.