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L’avenir des terrains de hockey sur gazon

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 320 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 11/07/2023
    • de LEPINE Jean-Pierre
    • à DOLIMONT Adrien, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    La Fédération internationale de hockey (FIH) a décidé d'obliger tous les organisateurs de grands tournois de proposer un terrain sec dès 2026. Cette décision va impacter les terrains belges qui recherchent actuellement des solutions pour s'adapter aux conditions futures.

    Il faut savoir que le règlement spécifie qu'un terrain mouillé doit être arrosé jusqu'à ce que toute la surface soit recouverte de deux millimètres d'eau. Ainsi, 12 000 litres d'eau sont utilisés pour un arrosage complet, mais en fonction des températures, c'est presque 20 000 litres d'eau qui peuvent être utilisés pour un seul match.

    Monsieur le Ministre conviendra que ce constat peut ne pas paraître en phase avec les souhaits de préservation de nos ressources hydriques. Au vu du prix de l'eau, c'est aussi une considération économique.

    Certaines technologies permettent de retenir ou recycler l'eau avec une fibre qui agit comme une éponge qui garde l'eau plus longtemps ou un système d'eau par le sol c'est-à-dire sous le terrain. Ces technologies sont toutefois coûteuses et requièrent dès lors des investissements non négligeables, alors que les clubs peinent à retrouver une santé financière depuis la crise de la Covid.

    En tant que Ministre des Infrastructures sportives, quelles mesures a-t-il pu prendre pour accompagner les clubs de hockey dans leurs recherches de solutions pour l'avenir ?

    Quelles mesures compte-t-il prendre pour accompagner à l'avenir les clubs wallons ?
  • Réponse du 07/09/2023
    • de DOLIMONT Adrien
    Depuis l'introduction des surfaces en gazon synthétique dans le hockey à la fin des années 1970, les joueurs préfèrent jouer sur des surfaces mouillées. L'expérience montre que l'eau offre des conditions de jeu rapides, prévisibles et constantes, ce qui permet aux joueurs de donner le meilleur d'eux-mêmes. Cependant, l'arrosage des terrains de hockey a un coût, tant sur le plan financier que sur le plan environnemental, et il est de plus en plus reconnu que cette pratique n'est plus durable pour le hockey.

    Lors d'une journée de compétition dans un club, un terrain était arrosé 3 à 4 fois par jour. Historiquement, la Fédération internationale de hockey (FIH) recommandait qu'un seul arrosage devait permettre d'appliquer 18 000 litres d'eau. En 2017, la FIH a modifié sa politique en indiquant que le fabricant de gazon devait déterminer la quantité d'eau nécessaire pour sa surface, avec une quantité minimale fixée à 1 litre par mètre carré. Aujourd'hui, la plupart des terrains de hockey homologués utilisent cette quantité minimale, ce qui équivaut tout de même à 6 000 litres par cycle de 10 minutes.

    Heureusement, de nombreux gazons synthétiques plus récents retiennent l'eau de manière plus efficace, ce qui permet de réduire la fréquence des arrosages. Une nouvelle technologie appelée «Aqua Saving System» a été développée récemment et est utilisée par le partenaire de la fédération de hockey pour les terrains synthétiques. Ces nouveaux tapis synthétiques permettent de réduire jusqu'à 70 % la consommation d'eau lors de l'arrosage.

    Pour illustrer cela, lors des Jeux olympiques de Tokyo, la consommation en eau a été réduite de 39 % par rapport aux Jeux olympiques de Rio, qui avaient eux-mêmes utilisé 30 % d'eau en moins que les Jeux olympiques de Londres en 2012. Cependant, le hockey a tout de même utilisé environ 1 million de litres d'eau pendant le tournoi.

    C'est pourquoi la FIH a lancé un défi à l'industrie du gazon synthétique pour développer des terrains de hockey qui conservent les caractéristiques de jeu souhaitées, mais sans utiliser d'eau.

    Afin de garantir que ces nouvelles surfaces sèches répondent aux exigences de jeu du hockey, il est essentiel de pouvoir mesurer et quantifier leurs performances sportives, le bien-être des joueurs et la durabilité du revêtement.

    La sécurité et la santé des joueurs ne doivent pas non plus être négligées, en raison des risques de brûlures et de blessures associés aux terrains synthétiques. Il est probable qu’en fonction de l’évolution des performances de ces tapis secs, certaines règles de jeu soient adaptées. Nous en saurons plus au fur et à mesure des avancées réalisées par l'industrie.

    La Ligue francophone de hockey (LFH) soutient certainement l'initiative de la FIH visant à rendre le hockey plus durable, mais reste pour l'instant observatrice des progrès de l'industrie tout en suivant de près ce projet (un séminaire a d'ailleurs été organisé par la LFH le 1er juillet 2023 sur cette question, à destination des clubs et en présence du responsable du projet de la FIH, ainsi que du partenaire « terrain » de la fédération).

    Le stade de Wavre, qui pour rappel est subventionné par la Wallonie, sera équipé d'un terrain sec, sans système d'irrigation prévu, étant donné que la prochaine Coupe du Monde qui se déroulera dans ce stade devra s’y jouer sur un terrain sec. La LFH disposera ainsi de l'un des premiers terrains secs en Belgique et en Europe, ce qui pourra inspirer les clubs belges dans leur démarche en faveur de la durabilité.

    Mon administration suivra attentivement l’évolution de cette technologie afin d’orienter au mieux les propriétaires et gestionnaires d’infrastructures sportives de hockey.