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La nouvelle liste de métiers en pénurie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 571 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 13/07/2023
    • de SOBRY Rachel
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Dernièrement, le FOREm a publié sa nouvelle liste de métiers en pénurie. Ils sont désormais au nombre de 158 à être considéré comme tel ou, à tout du moins, comme « critiques ».

    Comme depuis plusieurs années, le secteur de la construction reste le plus représenté dans la liste avec plus d'un tiers des fonctions (56 métiers). Si 22 métiers sortent de la « liste noire », comme agent immobilier ou responsable de maintenance industrielle, 42 nouveaux métiers y font leur apparition. Parmi ceux-ci, certains ont de quoi étonner, opticien ou pharmacien, notamment.

    Un autre point d'attention qui est soulevé par le FOREm est le nombre important de métiers (44) dans lesquels au moins un tiers des travailleurs ont plus de cinquante ans.

    Alors que les ambitions du Gouvernement au niveau de la mise à l'emploi, particulièrement en ce qui concerne les fonctions en pénurie, sont grandes, j'ai plusieurs questions à adresser à Madame la Ministre.

    Comment analyse-t-elle la nouvelle liste de métiers en pénurie publiée par le FOREm ?

    Comment explique-t-elle le nouvel allongement de celle-ci, malgré les mesures prises ?

    De nouvelles mesures sont-elles prises pour contrer cette tendance ? Lesquelles ?
  • Réponse du 04/09/2023
    • de MORREALE Christie
    Avec l’aide de ses partenaires (Fonds sectoriels de formation ou autres représentants sectoriels), le FOREm évalue chaque année les tensions de recrutement dont peuvent souffrir certains métiers en Wallonie.

    La méthodologie combine des données quantitatives (les offres d’emploi connues du FOREm et les demandeurs d’emploi positionnés sur les métiers) et qualitatives (issues d’enquêtes internes et externes). Cette analyse permet d’établir chaque année une nouvelle liste des fonctions critiques et des métiers en pénurie de main-d’œuvre.

    En 2023, cette liste comprend 158 fonctions, dont 66 fonctions critiques pour lesquelles les employeurs éprouvent des difficultés de recrutement, et 92 métiers en pénurie, caractérisés par un manque de candidats.

    Malgré la guerre en Ukraine, et les crises énergétiques et inflationnistes qui en ont découlé, les entreprises wallonnes ont continué à engager en 2022. Ainsi, sur l’ensemble de l’année, plus de 476.000 offres d’emploi ont été diffusées par le FOREm (hors offres provenant des autres Services publics de l’emploi), soit 8,2 % de plus qu’en 2021.

    Durant l’année 2022, 79,1 % des postes vacants des entreprises ont été satisfaits (taux de satisfaction). Mais 20,9 % des postes pour lesquels un recrutement a fait l’objet d’une offre publiée au FOREm n’ont pas abouti à un engagement (taux de postes non satisfaits). Le taux de satisfaction est en recul par rapport à 2021(83,3 %). De même, on observe un allongement du délai de satisfaction des offres (de 49,4 jours en 2021 à 56,1 jours en 2022). Ce qui explique le nombre plus important de métiers en tension de recrutement par rapport à l’an dernier.

    Par ailleurs, les conséquences survenues lors de la pandémie mondiale du Covid-19 en 2020 pèsent encore sur l’activité de certains secteurs, principalement ceux pour lesquels de nombreux travailleurs se sont réorientés vers d’autres activités à la suite des fermetures lors des confinements, par exemple dans l’HORECA. Enfin, le manque de candidats peut également être lié à un problème d’attractivité du métier pour des raisons objectives comme les conditions salariales, le type de contrat, les horaires, la pénibilité, l’insécurité … ou pour des raisons plus subjectives liées à l’image du métier, par exemple.

    De nombreuses actions sont mises en œuvre pour contrer cette tendance. Ainsi, lors de l’élaboration du plan de production de l’offre de formation, les centres de formation et de compétence priorisent les actions de formations qu’ils vont proposer pour l’année n+1 et c’est tout naturellement que la priorité est mise sur les métiers en pénurie, les fonctions critiques et les métiers en demande.

    Par ailleurs, tout au long de l’année, les centres vérifient que l’offre proposée correspond toujours aux besoins, notamment via les informations reçues par le service aux entreprises (offres d’emploi reçues et pour lesquels il existe des difficultés de recrutement). Ceux-ci aménagent aussi leur offre pour répondre aux actions types « Coup de poing pénurie ».

    Actuellement, l’offre des centres de formation et de compétence compte 211 formations en lien avec les métiers en pénurie et fonction critiques. La liste exhaustive de ces formations est consultable via le lien https://www.leforem.be/particuliers/metiers-porteurs.html.

    Lorsqu’un demandeur d’emploi se forme avec succès dans un métier en pénurie, il reçoit un incitant de 350 euros. Dans le secteur de la construction, cet incitant s’élève à 2 000 euros.

    En sa séance du 3 septembre 2020, le Gouvernement wallon a adopté un plan d’actions afin d’impulser une dynamique nouvelle en matière de formation professionnelle, afin d’en faire un levier essentiel en termes d’insertion professionnelle et de relance économique. Cette dynamique nouvelle, déclinée dans un plan d’actions, est composée d’un axe structurel et de 6 axes opérationnels visant à booster des filières de formation professionnelle essentielles pour l’économie et l’emploi.

    L’axe structurel et stratégique se présente sous la forme de la plateforme « Wallonie Compétences d’avenir », portail wallon créé pour mieux répondre aux besoins de formation et compte parmi ses partenaires fondateurs, outre le FOREm et l’IFAPME, le réseau des Centres de compétence.

    Les 2 objectifs majeurs de la plateforme « Wallonie Compétence d’Avenir » sont de répondre aux besoins de main-d'œuvre identifiés (métiers en pénurie, fonctions critiques, métiers porteurs) en stimulant et organisant une offre de formation de qualité, disponible, agile, lisible et générant des économies d'échelle notamment par l’optimisation des parcours interopérateurs, et d’anticiper et apporter une réponse aux besoins en compétences à court, moyen et long terme (métiers d’avenir et métiers en évolution), en favorisant et stimulant l'innovation via l’incubation de projets et de nouvelles pratiques pédagogiques.

    En sa séance du 25 mai dernier, le Gouvernement wallon a pris acte et reçu favorablement le rapport d’évaluation du dispositif. Il a également confirmé le lancement du projet 22 du Plan de relance, qui vise spécifiquement le soutien au dispositif.

    Pour répondre aux pénuries de main-d’œuvre, le FOREm a également, et ce, dès juillet 2020, mis sur pied des Comités stratégiques avec les secteurs. Ces Comités regroupent des représentants sectoriels (représentants des travailleurs, représentants des employeurs, fédérations sectorielles, notamment) et des représentants du FOREm. Actuellement, il existe des comités stratégiques pour les secteurs de la Chimie biotechnologique, du Transport et logistique, de l’Industrie technologique (en ce compris les TIC et l’aéronautique), de l’Industrie alimentaire, de la Construction et de l’HORECA.

    Ces comités se réunissent plus ou moins quatre fois par an pour traiter, notamment, de l’attractivité des métiers et formation et voir quelles actions mettre en œuvre pour répondre aux pénuries, notamment via des actions de type jobdays, enquêtes pour cibler des problématiques telles l’insertion durable dans ces métiers suite à des formations, amélioration des outils de positionnement des demandeurs d’emploi sur les métiers ou encore réunions locales entre représentants sectoriels et FOREm afin d’améliorer les collaborations.

    Certains comités stratégiques sectoriels sont dédicacés spécifiquement à la thématique des pénuries de main-d’œuvre avec pour objectif d’identifier avec les secteurs professionnels de nouvelles pistes d’actions complémentaires à ce qui se fait actuellement comme les Coups de poing pénurie ou les incitants financiers.

    Le dispositif « Coup de poing pénurie » a, depuis 2018, pour objet de répondre de manière plus personnalisée et ciblée aux besoins de main-d’œuvre des entreprises, petites ou grandes, en proposant un programme de formation sur mesure.

    À la demande d’une entreprise ou d’un groupement d’entreprises ayant des besoins de main-d’œuvre communs, le FOREm met en place avec la participation et l’implication de la (des) entreprise(s) concernée(s) la sélection et la formation d’au minimum huit stagiaires.

    L’entreprise ou le groupement d’entreprises s’engage(nt) d’une part à accueillir l’ensemble des stagiaires pendant la période de formation se déroulant en entreprise et d’autre part à engager au minimum 80 % des stagiaires ayant réussi avec succès leur formation pour une durée au minimum égale à celle de la formation, sauf raison dûment motivée.

    Si la formation suivie est également éligible à l’incitant financier, les stagiaires de l’action pilote Coup de poing pénurie peuvent également en bénéficier en cas de réussite de leur formation et dans le respect des conditions d’octroi de cet incitant.

    Depuis janvier 2023, le FOREm a reçu 24 demandes d’entreprises représentant 240 postes de travail. Certaines ont été regroupées pour obtenir le nombre minimal de postes, d’autres ont été requalifiés en PFI, formation alternée, recrutement d’un/de stagiaire(s) sortant de formation et cetera., suite à l’analyse par le conseiller entreprise.

    Huit conventions « Coup de poing pénurie » ont été signées.

    61 demandeurs d’emploi sont ainsi sortis avec succès de ces formations depuis le début de l’année dont 54 ont été recrutés dans les entreprises dans lesquels ils ont réalisé leur formation. Les autres ont été recrutés dans d’autres entreprises du secteur.

    Bien que le dispositif PFI n’ait pas de déclinaison spécifique pour les métiers en pénurie, on observe annuellement un pourcentage de contrat PFI conclus sur des métiers en pénurie autour des 13 à 15 % du volume global présentant peu de variation d’une année à l’autre.

    Les métiers en pénurie les plus souvent mis en œuvre lors des PFI sont les métiers d’installateur sani-chauffage, d’ouvrier maçon, d’ouvrier polyvalent bâtiment, de couvreur, de monteur en ossature bois, d’électricien bâtiment, de développeur informatique, de mécanicien industriel, de chauffeur C/CE & D.DE, de boucher ou encore de boulanger.

    De plus, la mise en œuvre du nouveau dispositif d’accompagnement des demandeurs d’emploi avec la création d’équipes sectorielles et socioprofessionnelle permet une prise en charge rapide et ciblée des demandeurs d’emploi afin de les accompagner au plus tôt dans leurs projets professionnels.

    La mobilisation vers des formations pour des métiers en pénurie et des fonctions critiques sera surtout envisagée rapidement dans les modalités d’accompagnement digital-RH et sectoriel en proposant aux demandeurs d’emploi le dispositif le plus adapté à leur projet professionnel (PFI, formation professionnelle, essai-métier en entreprise…).