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Les limites de la technologie au service de l'aviation

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 323 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 17/07/2023
    • de CLERSY Christophe
    • à DOLIMONT Adrien, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    Selon Maxence Cordiez, spécialiste de l'énergie et des affaires européennes au Commissariat français à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), l'idée d'une transition énergétique basée uniquement sur la technologie est utopique.

    Toujours selon ce spécialiste, les arguments avancés par les compagnies aériennes en matière de compensation des émissions sont insuffisants pour atteindre les objectifs européens de neutralité carbone. Les projets de reforestation, par exemple, sont limités en termes de capacité d'absorption du carbone et de qualité variable. De même, les carburants alternatifs tels que les « sustainable aviation fuels » (SAF) et les carburants de synthèse présentent des limites intrinsèques. Les biocarburants sont plus coûteux à produire que le pétrole et leur disponibilité est limitée. Les SAF et les carburants de synthèse nécessitent des investissements colossaux et leur production serait insuffisante pour répondre à la demande, même à long terme.

    L'hydrogène comme carburant pour l'aviation a ses limites, en raison de sa faible densité volumique, ce qui limite son utilisation aux vols courts ou moyen-courriers. La technologie seule ne permettra pas de résoudre le dilemme entre la croissance du trafic aérien et la réduction des émissions.

    Une approche combinant pédagogie sur l'utilisation des énergies fossiles, régulation gouvernementale et débat démocratique est nécessaire pour gérer la rareté des ressources et réduire le trafic aérien. L'aviation restera utile, mais l'industrie doit s'adapter en développant des alternatives aux carburants fossiles et en anticipant une réduction inévitable du marché.

    Pour faire face aux dérèglements climatiques de manière réaliste et sérieuse, il est inévitable que le trafic aérien diminue.

    Si la technologie ne peut pas tout sauver, quelles sont les propositions que compte mettre en place Monsieur le Ministre afin de réfléchir aux solutions face aux dérèglements climatiques dans le secteur de l'aviation ?
  • Réponse du 31/08/2023
    • de DOLIMONT Adrien
    S’il est indéniable que nous devons tous participer à la lutte contre le réchauffement climatique, je rappellerai tout d’abord ma compétence en matière de politique aéroportuaire et donc liée aux infrastructures des aéroports.

    Partant de ce préambule, l’honorable membre conviendra que j’ai déjà eu largement l’occasion d’aborder au travers de nombreuses questions parlementaires, les initiatives de la Wallonie et de ses deux aéroports en termes de décarbonation du secteur aéroportuaire. Je le renverrai aussi aux nombreux travaux précédents et continue de penser que nous n’avons pas à rougir des objectifs fixés et des chantiers en cours.

    Il faut noter par ailleurs le rôle important concédé par le Gouvernement à la Sowaer en matière environnementale à travers son nouveau contrat de gestion et je confirme que celle-ci continue d’avancer sur le sujet de la décarbonation de nos aéroports avec l’ensemble des acteurs concernés. Elle est ainsi chargée de dresser une feuille de route ambitieuse visant la réduction des émissions GES du secteur, tenant compte des leviers dont elle dispose.

    Relativement au contexte global du secteur aérien, j’invite à intervenir au niveau des bons interlocuteurs, mais relève toutefois les éléments suivants :
    - Il n’existe pas une seule solution unique à la décarbonation du transport aérien, mais différents leviers de décarbonation ;
    - Il est évident que les progrès techniques et technologiques font partie de la solution. On ne peut pas ignorer que les SAF peuvent réduire les émissions de CO2 jusqu’à 80 % par rapport au kérosène classique et que les progrès des nouveaux moteurs et de nouveaux avions conduisent à consommer sensiblement moins de carburant tout en permettant un emport plus important. À ce titre, dans un rapport de janvier 2022 « Aviation décarbonée : embarquement immédiat », l’Institut Montaigne (France) pointait que les carburants durables représentaient le plus grand levier de décarbonation pour atteindre la neutralité carbone (54 %) devant le développement technologique (34 %), l’optimisation des opérations en vol et au sol (7 %) et les mesures de compensation (6 %) ;
    - Le Gouvernement est bien conscient des enjeux environnementaux du secteur comme en témoignent la DPR ou encore le PACE. Conformément à ceux-ci, la Wallonie défend à l’échelle internationale et notamment européenne le principe d’une réduction forte des émissions de gaz à effet de serre liées à l’aviation notamment par la mise en place d’une taxation du kérosène ;
    - Des initiatives telles que le projet Wings porté par le Ministre de l’Économie participent également au soutien de la décarbonation du secteur ;

    Le soutien au développement et à la mise en œuvre concrète des nouvelles technologies en Wallonie, un encadrement progressif du secteur au niveau européen/mondial, la neutralité carbone au niveau de nos infrastructures aéroportuaires et une feuille de route qui permet une croissance maîtrisée des deux aéroports permettront de trouver l’équilibre recherché par la DPR.