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L’étude de l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS) concernant les aides à l’embauche "Impulsion moins de 25 ans"

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 581 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 19/07/2023
    • de SOBRY Rachel
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Dernièrement, l'Institut wallon de l'évaluation, de la prospective et de la statistique a publié un rapport de recherche relatif à l'effet des aides à l'embauche sur l'emploi des jeunes faiblement scolarisés en Wallonie et, plus précisément, ceux liés au subside « impulsion moins de 25 ans ».

    Les résultats ne sont guère réjouissants dans la mesure où le dispositif précité n'apparait pas comme ayant permis de relever ni le taux de retour à l'emploi ni la durée passée en emploi des jeunes peu scolarisés. Ainsi, les subsides sont décrits comme générateurs d'un effet d'aubaine, mais pas d'une réelle incitation au recrutement dans le chef des employeurs.

    L'IWEPS conclut son rapport en préconisant, pour ces jeunes peu qualifiés, l'acquisition préalable d'un socle de compétence suffisant via des formations professionnelles ciblées. En effet, les aides à l'embauche peuvent favoriser une insertion durable en emploi des jeunes, mais à condition qu'ils aient un certain niveau de qualification et qu'ils soient sans emploi depuis quelques mois tout au plus.

    Je me permets donc de revenir sur un sujet qui préoccupe Madame la Ministre, en atteste le point complet de la Déclaration de politique régionale dédiée aux NEETs, ces jeunes qui ne sont ni à l'emploi, ni aux études, ni en stage, avec quelques questions.

    Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance du rapport précité ?

    Comment l'analyse-t-elle ?

    Quelles initiatives prend-elle pour y répondre et améliorer leur taux d'emploi chez ces jeunes ?
  • Réponse du 05/09/2023
    • de MORREALE Christie
    Le rapport publié par l’IWEPS sur le dispositif Impulsion moins de 25 ans, qui cible les jeunes peu et moyennement qualifiés en Wallonie, analyse les épisodes de remise à l’emploi des jeunes primo-inscrits ou réinscrits de 21 à 24 ans, peu et moyennement qualifiés, et n’ayant jamais activé auparavant le dispositif.

    Cette délimitation étant précisée, le rapport conclut à l’absence d’effet positif de l’éligibilité à l’Impulsion - 25 ans sur les chances de remise à l’emploi à court terme, ainsi que sur la durée passée à l’emploi (nombre de mois cumulés).

    La conclusion avance également que les entreprises utilisatrices ne créent pas de nouvelles opportunités d’emploi lors des épisodes de remise à l’emploi des jeunes de l’étude.

    Dans le prolongement des résultats, le rapport publié par l’IWEPS apporte des recommandations en mettant en avant des causes possibles de l’absence d’effet du dispositif.

    • L’IWEPS indique que l’absence d’impact significatif s’explique principalement par un ciblage trop large. L’absence ou la faiblesse du critère de durée d’inoccupation rend les jeunes faiblement scolarisés très rapidement éligibles. Lorsque tous les travailleurs sont éligibles dès leur entrée au chômage, même ceux et celles dont la probabilité d’emploi est la plus grande peuvent bénéficier du subside.

    • Par ailleurs, il est avancé qu’un minimum de compétences est nécessaire à l’efficacité d’un dispositif de mise à l’emploi ; dans le cas contraire, un incitant financier à l’embauche pourrait ne pas être suffisant pour que les entreprises sautent le pas d’une telle création d’emploi. Les recommandations visent donc à mettre l’accent tant sur la formation que sur un approfondissement de l’accompagnement pour soutenir et stabiliser le passage à l’emploi.

    • Pour les jeunes disposant d’un diplôme de l’enseignement secondaire, les recommandations figurant dans le rapport suggèrent d’octroyer un subside plus généreux sur une période plus courte afin d’augmenter l’effet incitatif, plutôt qu’un coût du travail diminué sur trois ans, mais pour un montant jugé trop faible.

    Le rapport rappelle aussi que le dispositif a été mis en œuvre dans un contexte plutôt porteur en matière de marché de l’emploi, tandis que la littérature montre que les aides implémentées dans un contexte de récession ou post-récession telle la crise Covid par exemple seraient plus efficaces.

    Il est important de rappeler que le rapport présente clairement les précautions méthodologiques à prendre en compte pour la portée des résultats, dont le fait d’analyser les épisodes de remise à l’emploi et non les jeunes pris individuellement.

    • Le public cible du subside « Impulsion moins de 25 ans » est plus large que celui de l’étude.

    - D’une part, l’étude concerne une partie des jeunes visés par le dispositif : les moins de 21 ans ne sont pas repris dans l’étude. Or, une grande partie des jeunes primo-inscrits au chômage ont moins de 21 ans, et plusieurs d’entre eux entrent dans le dispositif dès cet âge.
    - D’autre part, le rapport cible les effets de court terme, c’est-à-dire sur les effets immédiats ; les effets de plus longs termes sur le parcours de ces jeunes ne font pas partie du rapport.

    • Enfin, la méthodologie se focalise sur la première activation du dispositif ; les effets de la portabilité – de pouvoir activer une deuxième, une troisième fois … chez d’autres employeurs – ne font pas partie de l’étude.

    Ainsi, un jeune qui aurait bénéficié d’une activation avant 21 ans et qui serait resté en emploi depuis lors n’est pas repris dans l’étude ; tout comme un jeune qui aurait déjà bénéficié d’une activation et qui conserverait, ou retrouverait, un emploi en changeant d’employeur.

    Une analyse plus précise de cette évaluation (sortie le 4 juillet seulement) est en cours afin d’évaluer les adaptations qu’il serait nécessaire d’apporter pour répondre en tout ou partie aux conclusions, et ce, en tenant compte des précautions méthodologiques de l’étude.

    Diverses initiatives sont prises pour améliorer le taux d’emploi chez les jeunes.

    Rappelons que le groupe des NEETs est de composition hétérogène. Il peut s’agir à la fois de demandeurs d’emploi mettant toute leur énergie à (re)trouver du travail, que de personnes inactives, peu voire non engagées dans une démarche d’insertion sur le marché de l’emploi.

    Rappelons également que les jeunes en obligation scolaire, mais en situation de décrochage sont également considérés comme NEETs.

    A. Actions de sensibilisation dans le cadre de l’orientation :

    La Wallonie, la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Commission communautaire française ont adopté, en décembre 2020, une note présentant les objectifs poursuivis en matière d’orientation tout au long de la vie (OTLAV) :
    • assurer une meilleure visibilité de l’orientation auprès des citoyens ;
    • assurer une offre de service en orientation, reposant sur un socle commun, sur l’ensemble du territoire belge francophone, laquelle repose sur une gouvernance commune, ainsi que la conception et le déploiement d’un plan d'action Cités de Métier/CEFO.

    Les 20 partenaires de l’OTLAV en Région wallonne et Communauté française, ont également élaboré trois portefeuilles de projets FSE+ “OTLAV” pour un total de 21 projets :
    • portefeuille Professionnalisation, porté par FormaForm ;
    • portefeuille Parcours Wallonie, porté par le FOREm ;
    • portefeuille Parcours Bruxelles, porté par Bruxelles Formation.

    Les deux portefeuilles « Parcours » visent des projets d’orientation dans le cadre de l’accompagnement des publics, alors que le portefeuille « Professionnalisation » vise le développement d’outils, de méthodologies et de compétences des professionnels de l’orientation. L’objectif global des portefeuilles « Parcours » est de développer un socle commun, à destination des usagers, en matière d’offre de services et de prestations en orientation, et d’en améliorer l’accès.

    Le portefeuille « Parcours Wallonie », porté par le FOREm, comporte sept projets complémentaires à destination des jeunes. Ceux-ci portent sur la découverte des métiers techniques et technologiques par les élèves à partir de 15 ans et sur le développement d’une orientation plus impliquante et complète des jeunes dans l’enseignement obligatoire et supérieur.

    B. Accompagner après les études :

    La mise en œuvre de la Garantie Jeunesse (initiée par l’Union européenne) a permis, dès 2015, de proposer aux jeunes, via des fonds FSE et Initiative Emploi Jeune (IEJ), un accompagnement spécifique orienté « résultat » grâce à une prise en charge immédiate et une mise en relation la plus rapide possible avec les opportunités offertes par le marché de l’emploi, l’intensité, la fréquence et les modalités de cet accompagnement étant modulées en fonction des caractéristiques des jeunes.

    Cette prise en charge spécifique est aujourd’hui pérennisée et généralisée à l’ensemble des demandeurs d’emploi à travers la réforme de l’accompagnement des chercheurs d’emploi. L’accompagnement est désormais orienté vers une orientation coaching et solution structurée selon le degré d’autonomie du demandeur d’emploi et son éloignement au marché de l’emploi. Pour le jeune en fonction de ces deux paramètres, il est affecté à un accompagnement à distance en e-conseil, à un accompagnement présentiel sectoriel ou un accompagnement présentiel socioprofessionnel.

    C. Coup de boost :

    Depuis 2016, les partenaires des cellules de reconversion mènent, à travers le projet « Coup de Boost », une action de remobilisation et d’accompagnement de jeunes de 18 à 29 ans qui ne sont ni à l’emploi, ni en formation, ni aux études (NEETs). Le programme d’actions proposé aux jeunes a été développé sur base de la méthodologie et de la dynamique collective des cellules de reconversion. Le projet cible un public très éloigné de l’emploi, exposé à l'exclusion sociale et/ou issu de groupes marginalisés et qui est dans une des situations suivantes :
    - n’a pas droit aux allocations d’insertion ;
    - dispose d’un diplôme inférieur au CESS ;
    - est inoccupé depuis plus d’un an ;
    - n’a pas de projet professionnel défini ou est en réorientation ;
    - a manifesté un besoin de coaching intensif dans ses démarches.

    Les jeunes qui sont sans droit aux prestations sociales, sans projet professionnel clair et peu qualifiés sont prioritaires pour le dispositif Coup de boost.

    Depuis le 1er juillet 2021, le dispositif « Coup de boost » est financé par le biais du Plan de relance de la Wallonie (PRW projet prioritaire 36). L’objectif de ce projet est de développer un accompagnement spécifique et intensif dédié aux jeunes NEETs wallons, en leur proposant un service adapté à leurs attentes et besoins en vue de les remobiliser et de les mener à l’emploi, à la reprise d’études, vers des formations qualifiantes. Avec l’ouverture de la plateforme sur Nivelle en septembre prochain, l’ensemble de la Wallonie sera couvert pour accompagner les jeunes NEETs via ce dispositif.

    D. Les outils digitaux en matière d’orientation :

    Le site du FOREm et l’espace personnel : que les demandeurs d’emploi soient en recherche de conseils d’orientation, d’un point de contact FOREm ou encore d’informations sur les métiers en pénurie, ils y accèdent via le site du FOREm. C’est par ce biais qu’ils peuvent activer leur espace personnel et donc accéder à une offre de service personnalisée : ils peuvent renseigner leur intérêt pour des formations, compléter leur profil professionnel, publier leur CV, et cetera, et ce, en toute autonomie. Un tremplin indispensable pour prendre son envol professionnel.

    La plateforme en ligne « Infos Métiers » offre aux citoyens la possibilité de rechercher, accéder, visualiser et capitaliser des informations sur l'ensemble des métiers et secteurs présents sur le marché de l'emploi wallon.

    E. Les outils digitaux en matière d’accompagnement et de développement des compétences :

    Dans leur espace personnel, les demandeurs d’emploi (NEETs et NON-NEETs) accèdent à des conseils personnalisés pour booster leur recherche d’emploi. Ces conseils sont basés sur les informations de Mon profil et en particulier sur les métiers choisis. Ils sont très pratico-pratiques et simples à mettre en œuvre pour les demandeurs d’emploi (exemple : complétez votre profil en encodant votre permis de conduire). Grâce à ces conseils, les jeunes bénéficient d’informations sur les métiers, en ce compris l’état du marché de l’emploi dans lequel ils s’apprêtent à démarrer. Ainsi, au moins un diagnostic de robustesse du positionnement métier a déjà été émis pour plus de 13 000 usagers particuliers depuis le lancement du service fin septembre 2022. Ces mêmes personnes ont donc, a minima, bénéficié d’au moins un constat et une recommandation d’action.

    En créant et en enrichissant leur profil, notamment sur base de suggestions émises automatiquement, les demandeurs d’emploi se constituent un portefeuille de compétences valorisables. En effet, ils peuvent facilement générer et publier un CV professionnel sur base de leur profil et le rendre accessible à des entreprises en recherche de candidats. L'opportunité de faire connaître leur potentiel auprès d'un nombre important de recruteurs.

    F. Attractivité dans les formations et les métiers :

    Dans le cadre de la nouvelle programmation européenne, les Centres de compétence ont, en collaboration avec le FOREm, déposé un projet nommé « STEAM Kids & Teens » dans le portefeuille « Sensibilisation aux STEAM » porté par l’UNamur. Ce portefeuille rassemble des actions, couvrant le territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles et mise sur l'importance de l'innovation dans la pédagogie (ludo-pédagogie, serious game, jeux de rôle, pédagogie immersive, pédagogie hybride, etc.), en faveur des élèves, des jeunes et des demandeurs d’emploi afin de favoriser l’intérêt et la vocation pour les formations menant aux métiers STEAM et, à terme, d’améliorer l’accès à l’emploi.

    Grâce à ce projet, les Centres de compétence du FOREm et ASBL comptent sensibiliser les jeunes sur des thèmes variés liés aux STEAM (Science, Technology, Engineering, Art & Mathématics) au cœur des métiers en pénurie dans les domaines de l’industrie, du numérique, de l’environnement et de la mobilité. Ces activités sont toutes caractérisées par une approche pédagogique ludique et pratique et prennent la forme d’ateliers de sensibilisation ou d’ateliers d’expérimentation.

    G. Les stages/formations en entreprise :

    • Coup de poing pénuries : ce dispositif est utilisé lorsqu’une ou plusieurs entreprises manifestent un besoin de recrutement de minimum 8 personnes pour un même métier. Le FOREM propose alors de créer une formation « sur-mesure » pour les entreprises. Le « Coup de poing pénurie » démarre généralement par une formation en centre de formation pour développer les compétences nécessaires au travail en entreprise, ensuite la formation se donne de manière alternée au sein de(s) entreprise(s) et d’un centre de formation FOREm, d’un Centre de compétence ou d’un Centre IFAPME. Les Coups de poing pénuries visent à former des chercheurs d’emploi pour répondre à des besoins rapides de main-d’œuvre et ont une durée moyenne de 6 mois. Au terme de la formation, les entreprises s’engagent à recruter 80% des chercheurs d’emploi formés.

    • « FALT », ou formation alternée des demandeurs d’emploi : ce dispositif, qui existe depuis 2014, vise à former un chercheur d’emploi de manière alternée en centre de formation (au FOREM, à l’IFAPME ou en centre de compétence) et en entreprise. Le/la stagiaire est formé à hauteur de 60 à 80 % en entreprise. Initialement ciblé sur les jeunes peu diplômés, un élargissement du public visé par la FALT est entré en vigueur en 2020. Une réforme du dispositif est en cours et un avant-projet de décret dans ce sens a été approuvé par le Gouvernement wallon en première lecture en novembre dernier. Ce texte vise à déployer plus largement le dispositif.

    • Dispositif PFI (Plan Formation Insertion) : Plusieurs modalités et projets existent pour les jeunes qui souhaitent se former dans le cadre d’un PFI.

    Si le candidat a moins de 25 ans et est inscrit comme demandeur d’emploi inoccupé depuis 1 an, il peut bénéficier d’un PFI long avec une durée de formation possible jusque 12 mois.

    Le FOREm a développé un projet PFI jeunes Transport en collaboration avec le Fonds social du transport et de la logistique. Il s’agit d’une disposition spécifique pour les jeunes de moins de 26 ans, possédant le permis B, mais pas le permis C. Ce PFI leur offre la possibilité de passer le permis C via un PFI, avec un encouragement financier supplémentaire versé par le Fonds à l’employeur.

    Il existe également le projet YEP (Youth Energy Project) avec la Commission paritaire 127 (commerces des combustibles) pour lequel on retrouve une prise en charge financière de certains frais par le Fonds pour l’entreprise qui utilise le PFI, en vue de former des jeunes de 18 à 25 ans, ayant le permis B afin d’obtenir le permis C + ADR.

    Enfin, il y a aussi le PFI intérim, qui prévoit l’accès au PFI pour les agences d’intérim pour les jeunes de moins de 25 ans qui sont inoccupés depuis minimum 1 an.

    Comme pour la FALT, une réforme du dispositif est en cours et un avant-projet de décret dans ce sens a été approuvé par le Gouvernement wallon en première lecture en avril dernier. La seconde lecture est prévue pour ce mois de septembre.