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La présence des silures dans la Meuse

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 721 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 19/07/2023
    • de DEMEUSE Rodrigue
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    En juin dernier, les pompiers de la zone HEMECO ont été appelés par un Hutois qui pensait avoir aperçu un corps flottant dans la Meuse. Il s'agissait en réalité d'un énorme silure mort.

    Ce n'est pas la première fois que cet énorme poisson, particulièrement prédateur pour les autres espèces de poissons vivant dans les cours d'eau, est retrouvé dans la Meuse en région hutoise.

    Madame la Ministre dispose-t-elle de données quant à la présence des silures dans la Meuse ?

    Y a-t-il plus de silures sur le tronçon situé entre Huy et le barrage-écluse d'Ampsin ?

    Avec quelles conséquences ?

    Des études sur le sujet existent-elles ou sont-elles prévues ?
  • Réponse du 19/12/2023
    • de TELLIER Céline
    Le silure est le plus grand poisson d’eau douce de Wallonie. Originaire d’Europe de l’Est, il s’agit d’une sorte de poisson-chat qui peut dépasser les 2,5 mètres pour 100 kg.

    Les résultats des pêches scientifiques, rassemblés au sein de l’administration (DEMNA - Direction de la Nature et de l’Eau) dans une banque de données, attestent de la présence du silure en Meuse depuis au moins deux décennies et en Meuse namuroise depuis au moins 10 ans. Sa présence en Meuse néerlandaise a déjà été signalée dans les années 1980, celle en Meuse hutoise n’est donc guère surprenante. L'espèce a colonisé de nombreux pays d'Europe du sud et de l'ouest, y compris la Belgique et la France.

    La nature des données disponibles ne permet pas de connaître les densités ou les biomasses à l’hectare, ni dès lors de savoir s’il y aurait plus de silures sur cette portion de la Meuse.

    Il n’est pas possible d’affirmer avec certitude que les populations de silures se modifient pour l’instant. Néanmoins, sachant que l’espèce aime les eaux chaudes et profondes, le caractère très anthropisé de la Meuse (barrages, berges artificielles…), en combinaison avec l’augmentation de la fréquence des canicules, laisse penser que le silure va rencontrer des conditions qui seront de plus en plus souvent favorables à sa reproduction, ce qui pourrait induire de telles modifications à l’avenir. Comme le brochet le ferait s’il trouvait des conditions plus favorables en Meuse, le silure se nourrit d’autres poissons, d’écrevisses, de mollusques. Lorsque l’on parle de son effet sur les biocénoses aquatiques, il faut être nuancé, car selon les cas, ces effets peuvent être positifs ou négatifs. En effet, si des études françaises montrent qu’il peut dans certaines conditions se nourrir de poissons migrateurs comme les aloses (par exemple au pied des barrages), il se nourrit aussi de toute une série d’espèces exotiques envahissantes (gobies, écrevisse américaine, palourdes asiatiques, moule zébrée…).

    Des suivis de l’état des communautés piscicoles des cours d’eau wallons sont effectués régulièrement par mes services en application de Directives européennes (notamment la Directive 2000/60/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 octobre 2000 établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l'eau) et permettront de détecter d’éventuels changements de ces communautés, qu’ils soient dus aux silures ou à d’autres facteurs.