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La success-story de Larian Studios et le développement du secteur du gaming en Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 921 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 09/08/2023
    • de LEPINE Jean-Pierre
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Selon l'article du journal Le Soir du 24 janvier 2023 intitulé « Industrie belge du jeu vidéo en quête de maturité », l'industrie belge du jeu vidéo connaît actuellement une croissance significative, avec une augmentation du chiffre d'affaires et du nombre de développeurs dans le secteur. Il est mentionné que le chiffre d'affaires mondial de l'industrie du jeu vidéo est passé de 152,1 milliards de dollars en 2019 à 180,3 milliards en 2021, soit une hausse de 28,2 milliards de dollars.

    L'article souligne également que le secteur du jeu vidéo en Belgique reste principalement composé de petites et jeunes entreprises. Sur les 110 sociétés recensées en 2021 par la Belgian Game Association, 57 comptaient entre deux et 10 travailleurs, 35 étaient unipersonnelles et plus de la moitié avaient moins de cinq ans d'existence. Au niveau régional, la Flandre domine largement avec 76 entreprises, contre 22 en Wallonie et 12 à Bruxelles.

    Dans cette optique, je m'intéresse plus particulièrement à l'exemple de Larian Studios, un acteur belge de renommée mondiale dans le jeu vidéo, créateur de la saga Divinity et qui travaille depuis plus de six ans à la sortie de son nouveau titre « Baldur's Gate 3 ». Dans un entretien podcasté auprès du journal Libération du 13 juillet 2023, Swen Vincke, créateur de la société gantoise, revient sur la success-story du studio Larian. Avec une équipe de plus de 400 personnes et différentes antennes implantées à travers le monde, Larian entend commercialiser son nouveau titre au mois d'août 2023, qui sera probablement un succès, tant au niveau critique que commercial.

    Aussi, je me permets d'adresser à Monsieur le Ministre ces questions relatives au déploiement du secteur du gaming en Wallonie.

    En ce qui concerne l'écosystème du jeu vidéo en Wallonie, quels sont les progrès accomplis récemment pour répondre aux besoins du secteur ? Bien qu'il existe déjà certains acteurs réputés comme Fishing Cactus, basé à Mons ou encore Abrakam, situé à Liège, peut-on imaginer le développement de studios travaillant sur des titres « triple-A » à l'image de Larian Studios ?

    Par ailleurs, le développement de l'industrie du jeu vidéo nécessite une professionnalisation du secteur. Comment le Gouvernement wallon compte-t-il accompagner les porteurs de projets de jeu vidéo pour renforcer leurs compétences entrepreneuriales et en marketing ?

    Quelles actions concrètes sont envisagées pour les aider à promouvoir et à commercialiser leurs jeux à l'international, en ciblant des marchés spécifiques ?

    Enfin, quelles sont les perspectives pour l'industrie du jeu vidéo en Wallonie et quelles stratégies sont envisagées pour stimuler sa croissance et sa compétitivité sur le marché mondial ?

    Quels partenariats sont envisagés avec des acteurs privés, des investisseurs et des éditeurs pour favoriser le développement de cette industrie prometteuse en Wallonie ?

    Par ailleurs, comment Monsieur le Ministre évaluerait-il les besoins du marché et l'offre de formation disponible sur le territoire wallon ?
  • Réponse du 31/08/2023
    • de BORSUS Willy
    Comme le relève l'honorable membre, l'industrie du jeu vidéo est devenue la première industrie culturelle mondiale et la Belgique n’est pas en reste. Le développement de ce secteur est par ailleurs appelé à s’accélérer encore avec l’extension au jeu vidéo du Tax Shelter entrée en vigueur le 1er janvier de cette année. Je souhaite remercier les acteurs du gaming, les opérateurs wallons, Wallimage et Walga (l’Association wallonne des studios de développement de jeux vidéo) d’avoir œuvré pour qu’elle devienne une réalité.

    Au niveau wallon, la dynamique s’articule autour de deux axes :
    1) Il y a d’abord la mission de structuration de l’écosystème « gaming » wallon qui a été confiée à Walga. L’objectif, à l’instar d’autres écosystèmes, vise à développer l’industrie wallonne de ce secteur au départ d’acteurs économiques existants. Elle représente par ailleurs la Wallonie au sein de BGA, la Belgian Game Association, aux côtés de ses homologues bruxelloise (games.brussels) et flamande (FLEGA) qui est le porte-étendard de la Belgique du gaming à l’étranger.

    2) Il y a ensuite le Fonds « Wallimage Gaming », créé en 2021 dans l’optique de soutenir la création de jeux vidéo en Wallonie, notamment via des appels à projets, et qui ont été lancés dans le cadre du Plan de relance de la Wallonie. L’objectif de ce fonds est, au travers de ses actions, de générer un effet structurant sur l'industrie du gaming en Wallonie, au bénéfice de l’ensemble des créateurs et des techniciens européens des jeux vidéo, et donc au bénéfice du développement économique et de la création d’emplois en Wallonie.

    Ajoutons à ces deux volets le Plan « Gaming » de l’AWEx ou encore la création du Master jeu vidéo de la Haute Ecole Albert Jacquard, qui sont autant d’éléments complémentaires qui permettent à la Wallonie de développer rapidement cette industrie. C’est un enjeu essentiel quand on sait que ce secteur a enregistré une croissance de 10% en Belgique en 2022 par rapport à 2019 pour un chiffre d’affaires estimé à 582Meuros et représente actuellement 1.100 emplois.

    Les perspectives de croissance liées au Tax Shelter et aux aides, notamment régionales, permettent de miser sur une croissance de 300 à 500 emplois par an pour l’ensemble de la Belgique. Ce chiffre est important puisqu’il correspond à peu près au nombre de jeunes diplômés sortant des écoles de jeux vidéo dans notre Pays et que, jusqu’il y a peu, nous assistions à une fuite de ces talents à l’étranger, d’abord parce que le niveau de formation en Wallonie est d’excellente qualité et reconnu à l’international mais aussi faute d’un écosystème local capable de les absorber. Cette situation s’inverse et c’est une excellente nouvelle pour l’industrie wallonne du gaming et pour la Wallonie en général.

    L'honorable membre cite les studios wallons Abrakam et Fishing Cactus mais nous pouvons en citer d’autres comme Funtomania, Wild Bidhop, ou encore Appeal, un studio classé « double-A+ » (10 millions d’euros d’investissement) et dont les effectifs sont passés de 50 à 90 en moins de 2 ans. Cette tendance positive devrait encore se renforcer grâce à l’extension du Tax Shelter évoqué ci-dessus.

    Enfin, les partenariats avec les acteurs privés (investisseurs, éditeurs, etc.) font en effet partie de la stratégie de développement du secteur. La mission de structuration confiée à Walga comprend notamment un volet « accompagnement » des studios et des porteurs de projet, avec l’objectif de leur apporter l’expertise qui leur manque pour créer leur studio, pour démarcher des investisseurs, pour développer le marketing lié à leur jeu, pour trouver un publisher, etc. Depuis quelques années, Walga organise par exemple des rencontres entre les porteurs de projet et les investisseurs/éditeurs, notamment lors de l’événement annuel majeur du gaming belge : le Meet and Build, dont la prochaine édition se tiendra du 26 au 28 octobre prochain au Quai 10 à Charleroi.