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Le coût environnemental du commerce en ligne en Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 924 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 09/08/2023
    • de LEPINE Jean-Pierre
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Récemment, une enquête nous informait qu'acheter en ligne n'était pas forcément plus polluant que le commerce en magasin.

    Régulièrement, des associations de défense de l'environnement dénoncent l'importante pollution générée par le commerce en ligne.

    Pourtant, selon l'Agence française de la transition écologique (ADEME), il faut envisager le déplacement du client potentiel vers le lieu de vente et ajouter cela à la livraison du produit acheté dans ce même magasin pour comparer l'empreinte écologique d'un produit.

    Dans la même logique développée, le produit acheté en ligne ne serait impacté que par le déplacement du produit du lieu de production vers le lieu d'achat.

    Selon les 14 scénarios spécifiques analysés, l'achat en magasin ne serait le plus bénéfique pour l'environnement que si le consommateur se déplace en vélo, ce qui, en dépit de l'augmentation de la part modale du vélo en matière de mobilité, n'est pas le cas et ne serait, dans bien des situations, pas ou difficilement faisable eu égard notamment à la charge que peuvent représenter les articles achetés.

    Les principaux points forts relevés par l'étude sont : l'absence de magasin, l'absence de déplacements des consommateurs et la mutualisation des trajets de livraison à domicile.

    À l'inverse, les principaux points faibles relevés sont : les emballages, le taux de chargement des véhicules, le recours au transport express ou aérien, les distances parcourues et les retours.

    C'est pourquoi l'ajustement du contenant et du contenu devrait être amélioré, sachant que, en moyenne, les colis contiennent 50 % de vide.

    Des études corroborant ou infirmant ces données ont-elles retenu l'attention de Monsieur le Ministre ?

    Nous savons que le développement de la vente en ligne est un facteur de compétitivité de nos commerces que l'on ne peut éluder. Aussi, quelle est sa vision stratégique en vue de permettre le développement du commerce en ligne en Wallonie tout en minimisant son impact environnemental ?
  • Réponse du 29/08/2023
    • de BORSUS Willy
    Je considère que l’e-commerce est un enjeu important de développement économique pour la Wallonie et qu’accompagner nos PME afin qu’elles puissent saisir les opportunités qu’il représente est d’une importance stratégique cruciale.

    L’impact environnemental de la vente en ligne est une vaste question, sujette à débats, et il existe bien sûr diverses études, comme celle, intitulée « E-commerce et Green Deal : analyse de l’impact des ventes en ligne dans un contexte d’économie circulaire » et réalisée en 2022 par l’Union européenne dans le cadre du green deal. Cette étude va dans le même sens que celle de l’ADEME que l’honorable membre cite : l’essor des ventes en ligne pose effectivement de nouveaux défis (sécurité des produits, protection des consommateurs, des producteurs, etc.), mais, dans le même temps, l’e-commerce facilite potentiellement des processus de production plus durables, des modes de consommation plus éthiques et enfin, peut assurer une plus grande circularité. Cette étude met en avant le rôle que peut jouer le commerce électronique dans la mise en œuvre du pacte vert pour l’Europe.

    Les études existantes ne tranchent pas la question et pour cause : en réalité tout dépend des pratiques des acteurs tout au long de la chaîne de valeur. Les impacts environnementaux de l’e-commerce se situent surtout au niveau des infrastructures et de la logistique (production, présence de magasins ou non, options de livraison proposées, emballages, livraisons par tournées optimisées ou non, politique de retour, retours à vide ou à plein, etc.) et des comportements des consommateurs (commandes groupées ou multiples petits achats, commandes à l’autre bout du monde, déplacement en point relais, renvoi des achats, etc.).

    Il est donc possible d’agir à plusieurs niveaux pour minimiser l’impact environnemental de l’e-commerce sans pour autant en freiner le développement vu son importance du point de vue économique, et notamment pour les indépendants, les commerçants, les artisans et l’ensemble des PME wallonnes.

    C’est la stratégie que nous poursuivons en Wallonie au travers des différentes mesures visant à accélérer le développement de l’e-commerce au sein de nos entreprises. On connait déjà les chèques numériques de la Wallonie de même que le programme Digital Commerce qui ont pour but de faciliter la transition numérique de notre économie afin de la rendre plus performante. D’autres actions ont également été lancées ou le seront prochainement. Je pense au projet-pilote « OVA Connecté » (qui vise à créer des synergies entre acteurs économiques de plusieurs communes rurales en matière de vente en ligne, de circuits courts, de centralisation des points de collecte et de logistique) ou encore l’opérationnalisation du volet « e-commerce » du projet 227 du PRW intitulé « Redynamisation des zones rurales sur le volet économique et territorial », actuellement en cours de finalisation.

    Dans les deux cas, il s’agit de soutenir le déploiement de solutions innovantes qui visent à faciliter la mutualisation des aspects de logistique, de stockage et de distribution de la vente en ligne entre acteurs économiques wallons (PME, commerçants et/ou producteurs locaux). Cette mutualisation devrait permettre de diminuer les coûts liés à ce pan de l’e-commerce et donc en favoriser l’usage, au profit de ces acteurs locaux tout en réduisant son impact environnemental.