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L’accidentologie dans les chantiers wallons

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 468 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 29/08/2023
    • de GALANT Jacqueline
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    Vias, l'institut belge de la sécurité routière, travaille sur l'acceptabilité sociale de la limitation de vitesse. Avec des chantiers trop longs, on mine cette acceptabilité.

    Selon le spécialiste de la sécurité routière, il ne faut pas dépasser 10 km de tronçon pour un chantier. Pour lui, les gens n'ont pas envie de respecter les limitations quand c'est trop long.

    Il faut souligner que rouler trop vite ou être distrait dans un chantier peut mener à l'accident. Comme le démontrent les chiffres des accidents constatés dans des chantiers autoroutiers en 2022 : l'an passé, en Wallonie, on a compté 97 accidents, pour seulement 11 en Flandre et tout de même 5 à Bruxelles. La disproportion entre la Wallonie et la Flandre n'a jamais été aussi importante. Et seuls les accidents avec dommages corporels sont pris en compte dans ces statistiques.

    Vias se dit favorable au placement de radars-tronçons dans les chantiers, et pas seulement un lidar en début de chantier que les automobilistes peuvent anticiper. Un radar-tronçon avec le début après, par exemple, un kilomètre de chantier et la fin quatre kilomètres plus loin. Et, pour qu'un automobiliste ne se fasse pas attraper plusieurs fois au même endroit, l'institut rappelle la proposition déjà formulée d'envoyer un SMS à l'automobiliste flashé avant même qu'il reçoive son procès-verbal pour l'avertir de faire attention.

    Comment Madame la Ministre explique-t-elle une telle différence entre les statistiques wallonnes et flamandes ?

    Sur quelles politiques nouvelles travaille-t-elle afin de réduire les risques d'accidents dans les chantiers autoroutiers ?

    Les propositions de Vias sont-elles à l'étude ? Qu'en pense-t-elle ?
  • Réponse du 21/09/2023 | Annexe [PDF]
    • de DE BUE Valérie
    Les chiffres publiés par l'institut Vias au sujet des accidents dans les chantiers étaient erronés.

    L’honorable membre trouvera en annexe les données correctes des accidents à hauteur de chantiers (auto)routiers.

    La comparaison entre les 3 régions est peu judicieuse en cette matière. Les contextes sont bien différents.

    Pour un réseau autoroutier de longueur similaire, on comptabilise un peu plus d'accidents en Wallonie qu'en Flandre les 10 dernières années. Cependant, vu les plans Routes et les plans Infrastructures successifs, le nombre de chantiers autoroutiers en Wallonie a nettement augmenté ces mêmes 10 dernières années.

    En revanche, on comptabilise trois fois plus d'accidents en chantier sur les routes de Flandre que sur les routes de Wallonie alors que les réseaux routiers sont aussi de longueur similaire.

    Outre les erreurs de données, j'observe que l'institut Vias avance ses solutions qui posent questions en matière de sécurité routière.

    La Région privilégie les chantiers plus longs à la fois pour des raisons de sécurité routière (les zones de rétrécissements du nombre de voies sont statistiquement les plus à risque en termes de sécurité routière), mais également de coût (cela coûte moins d’installer un dispositif plus long une fois que des dispositifs plus courts de nombreuses fois). En outre, certains travaux, par nature, nécessitent une portion plus importante. Cependant, l'aménagement, l'entretien et l'exploitation des voiries régionales relèvent des compétences du Ministre des Infrastructures, Philippe Henry. Ce dernier ne manquera pas de l’éclairer davantage sur ces aspects.

    Pour le surplus, une part de plus en plus grande des véhicules possède des dispositifs de limitation de vitesse et de maintien du véhicule à une vitesse donnée (cruise control). Ces équipements facilitent la vie des conducteurs dans de telles situations.

    Envoyer un SMS à un conducteur en infraction de vitesse, comme le propose Vias, incite, me semble-t-il, le conducteur à lire son GSM ou son smartphone, ce qui me semble contraire au comportement souhaité au volant et me laisse dès lors perplexe.

    Comme l’honorable membre l’aura compris, ces propositions de Vias ne sont pas mises à l'étude.

    La seule qui a du sens est la mise en place de radars-tronçons dans les chantiers, c’est une mesure que j’ai moi-même avancée il y a quelque temps et que Vias reprend manifestement à son compte, mais sa concrétisation n’a pas encore pu se réaliser faute de matériel homologué en Wallonie et en Belgique d’ailleurs. Certains dispositifs sont actuellement en phase de test, comme la presse l’a récemment relayé. La situation ayant évolué récemment, j’ai d’ores et déjà chargé mon administration de lancer un marché.

    Comme elle le sait, je souhaite, par ailleurs, prochainement tester un dispositif pilote de vitesses dynamiques dans les chantiers. Concrètement il s’agirait de faire varier à la hausse ou à la baisse la vitesse en fonction de la présence ou non d’ouvriers sur les chantiers. Par exemple, le dimanche, si aucun ouvrier n’est présent sur le chantier, la vitesse serait remontée à 90 km/h, à l’inverse le lundi matin, en présence d’ouvriers, la vitesse serait à nouveau réduite. Un tel dispositif me semble participer utilement à la crédibilité des limites de vitesse dans les chantiers.

    Enfin, je rappelle que la réglementation en matière de signalisation des chantiers routiers datait du 7 mai 1999. En 20 ans, le matériel et les méthodes de signalisation ont évolué.

    J'ai donc initié une réforme de la signalisation des chantiers routiers nécessaire tant pour tenir compte de l'évolution technologique que pour renforcer la sécurité des ouvriers et celle des usagers tout en améliorant la fluidité de la circulation. L'arrêté du Gouvernement est entré en application le 1er mars 2021.

    En premier lieu, une attention systématique et plus grande est portée à la circulation des piétons et des cyclistes en agglomération. Le réaménagement de la circulation des piétons et des cyclistes doit être conçu en ayant soin :
    - d’en assurer le confort d’utilisation (éviter les bordures, les passages de câbles, les trous ...) ;
    - de réduire la longueur du parcours de déviation au minimum ;
    - de l’adapter aux personnes à mobilité réduite ou malvoyantes ;
    - de sécuriser le parcours par rapport à la circulation automobile et les mouvements sur le chantier.

    Afin d’assurer le maintien de la visibilité des chantiers, une inspection quotidienne de l’état et du placement de la signalisation est à réaliser ainsi qu'après chaque épisode météorologique pouvant perturber ou endommager la signalisation (tempête, orage, neige …).

    En dehors des heures de travail, notamment le soir ainsi que pendant les week-ends et chaque fois que les travaux sont interrompus pour une période déterminée, les signaux qui ne sont plus nécessaires sont masqués ou enlevés.

    Les camions absorbeur de choc sont obligatoires sur les autoroutes et les routes assimilées. Ils étaient déjà utilisés, mais ils ne figuraient pas dans la réglementation.

    Toute réduction de bandes est signalée par un faisceau lumineux synchronisé afin d'être bien visible par les usagers de la route.

    Par ailleurs, le nombre de km restant à parcourir est indiqué dans les chantiers de grandes longueurs.

    Aux passages alternatifs, l'indication du temps restant de la phase en cours pour les feux est devenue également la règle.

    Ces deux mesures offrent une meilleure information aux usagers et favorisent une expérience sereine de la route.