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Les conséquences pour la Wallonie de la hausse des taux d'intérêt

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 349 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 29/08/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à DOLIMONT Adrien, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    Le 15 août dernier, les taux belges à 10 ans atteignaient le niveau le plus élevé depuis avril 2012 pour monter à 3,367% ! Peu d'experts considèrent que cette progression se stabilisera dans les prochains mois et certains, tel Nouriel Roubini, prédisent même une catastrophe à grande ampleur !

    Quelle est la situation sur le marché wallon ?

    A quels taux et pour quels montants furent souscrits les nouveaux emprunts depuis le 1er janvier 2023 ? Quelles furent les prêteurs pour chacune de ces opérations et à quelle échéance les crédits sont-ils souscrits ?

    Quels sont les « spreads » dans lesquels se retrouve aujourd'hui la corbeille wallonne au regard de l'État belge et des autres entités fédérées ?

    Comment Monsieur le Ministre prépare-t-il le budget aux nuages qui s'amoncellent ?

    Quelles sont les mesures prises pour éviter une perte de contrôle et des coûts peu supportables ?
  • Réponse du 05/10/2023 | Annexe [PDF]
    • de DOLIMONT Adrien
    Comme l’honorable membre le sait, la Banque centrale européenne poursuit le resserrement de sa politique monétaire afin d’assurer le retour au plus tôt de l’inflation au niveau de son objectif de 2 % à moyen terme.

    Les conséquences de ce resserrement sont une augmentation des taux d’intérêt et une diminution des liquidités sur les marchés financiers, ce qui complexifie le financement de la Wallonie. En effet, dans un tel contexte, les investisseurs institutionnels sont de plus en plus discriminants envers les émetteurs.

    Par ailleurs, les services de la dette observent un écartement des spreads contre OLO des entités fédérées depuis 2022. Cet écartement est à modérer par un rapprochement des spreads de la Région wallonne par rapport à ceux de la Région flamande et de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

    En 2023, la Région wallonne a réalisé ses émissions obligataires en taille benchmark à des spreads « reoffer » contre OLO de 44 points de base pour des maturités de 10 et 15 ans et un spread « reoffer » contre OLO de 45 points de base pour une maturité de 20 ans.

    Comparativement, la Fédération Wallonie-Bruxelles a réalisé une émission obligataire en taille benchmark à 10 ans en 2023 à un spread « reoffer » contre OLO de 43 points de base. Quant à la Région flamande, elle a réalisé trois émissions obligataires en taille benchmark depuis le début de l’année 2023, à des spreads « reoffer » contre OLO de 37 points de base pour une maturité de 10 ans, de 41 points de base pour une maturité de 10 ans, et de 30 points de base pour une maturité de 19 ans.

    Concernant les emprunts réalisés par la Région wallonne, les émissions obligataires en taille benchmark sont désormais indispensables dans le plan de financement wallon, car elles permettent de toucher un plus grand nombre d’investisseurs susceptibles d’acheter de la dette régionale.

    À ce titre, les émissions obligataires en taille benchmark sont réalisées sur le marché primaire auprès d’une multitude d’investisseurs institutionnelle (c’est-à-dire des banques, des fonds de pension, des fonds d’assurance, des banques centrales/nationales, et cetera). Par ailleurs, pour l’introduction de ces obligations sur le marché primaire, la Région wallonne désigne un syndicat de banques distributrices.

    En février 2023, la Région wallonne a réalisé une émission en taille benchmark sociale en deux tranches pour un total de 1,5 milliard d’euros, dont :
    - une première tranche de 1 milliard d’euros d’une durée de 10 ans pour un taux all-in de 3,376 % (dont un spread all-in de 45,90 points de base) ;
    - une seconde tranche de 500 millions d’euros d’une durée de 20 ans pour un taux all-in de 3,632 % (dont un spread all-in de 46,65 points de base).

    Le syndicat de banques distributrices dans le cadre de cette émission était composé de ABN AMRO, Deutsche bank, ING, Nomura, Natixis et NordLB.

    Fin juin 2023, la Région wallonne a réalisé sa première émission obligataire en taille benchmark 100 % verte pour un montant de 700 millions d’eurosà une maturité de 15 ans et un taux all-in de 3,786 % (dont un spread all-in de 45,70 points de base).

    Le syndicat de banques distributrices dans le cadre de cette émission était composé de HSBC, ING, Natixis, Natwest, LBBW.

    De plus, la Région wallonne a réalisé quatre opérations de placements privés depuis le début de l’année 2023, dont les caractéristiques sont récapitulées dans le tableau en annexe.

    Comme il peut le constater, pour les placements privés, la Wallonie emprunte à des spreads contre OLO de 35 points de base pour des maturités comprises entre 0 et 10 ans, et de 39 points de base pour les maturités comprises entre 11 et 49 ans.

    Outre ces emprunts à long terme, la Région a également mis en place une nouvelle ligne de billets de trésorerie d’un montant de 50 millions d’euros afin de venir en sous-jacent d’un swap payeur de taux fixe (2,76 %) dont l’emprunt initial est arrivé à maturité cette année.

    Avec l’augmentation des taux provoquée par le resserrement de la politique monétaire de la BCE, le coût des emprunts réalisés en 2023 est sensiblement plus important que les années précédentes.

    Étant donné que le stock de dettes actuel de la Région est à 97 % à taux fixe (swaps compris), la majeure partie de la dette wallonne ne sera pas exposée à la hausse des taux à venir. Néanmoins, il est évident que les futurs emprunts seront impactés par celle-ci.

    Au vu du contexte de marché dans lequel la Région évolue actuellement, j’ai récemment réuni le Conseil Régional du Trésor afin de le consulter concernant la capacité de la Région à se financer sur les marchés financiers en 2024. À la suite de cette réunion, le Conseil Régional du Trésor recommande de considérer un montant de 2,5 milliards d’euros comme montant maximum finançable pour la Région wallonne sur les marchés financiers en 2024. Afin de préserver au mieux les conditions de financement de la Région, j’ai fait mienne cette recommandation.

    Par ailleurs, comme il l’a constaté plus haut, toutes les émissions obligataires en taille benchmark de 2023 ont été réalisées en format vert ou social. Étant donné la diminution des liquidités sur les marchés, ces émissions thématiques permettent de toucher des investisseurs qui priorisent les obligations destinées à financer des dépenses sociales et environnementales. Cela a notamment été le cas pour l’émission 100 % verte qui a permis de toucher de nouveaux investisseurs et d’accéder à des poches d’investissement jusque-là inaccessibles.