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Les politiques wallonnes de prévention en matière d'obésité

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 601 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 30/08/2023
    • de GALANT Jacqueline
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    À l'heure actuelle, un Belge sur six est considéré comme obèse. D'ici 2035, ce chiffre pourrait augmenter à une personne sur trois.

    Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les taux de surpoids et d'obésité continuent d'augmenter chez les adultes et les enfants. Depuis 1975, la prévalence du surpoids ou de l'obésité chez les enfants et adolescents de 5 à 18 ans a été multipliée par plus de quatre, passant de 4% à 18% à l'échelle mondiale.

    Dans le dernier rapport sur l'état de santé de la population belge établi par Sciensano, l'indice de masse corporelle moyen de la population belge est égal à 25,5, soit d'avantage que la limite du surpoids fixée à 25 par l'OMS.

    Sur quelles nouvelles politiques publiques travaille Madame la Ministre afin d'endiguer le phénomène ?

    Des mesures spécifiques sont-elles en discussion avec les autres ministres compétents comme la Ministre de la Jeunesse et du Sport, le Ministre fédéral de la Santé, la Ministre de la Petite Enfance et la Ministre de l'Éducation ?

    Il est urgent d'agir pour les jeunes wallonnes et wallons. Qu'a-t-elle mis en place et quels sont ses objectifs chiffrés ?

    Souhaite-t-elle faire de la question un enjeu national ?
  • Réponse du 26/09/2023
    • de MORREALE Christie
    Il est indéniable que les modes de vie de la population ont considérablement évolué au cours des dernières décennies, avec des conséquences néfastes pour certains aspects de l'état de santé de notre société. Cela se manifeste particulièrement à travers la prévalence croissante de l’obésité. Ses origines sont plus complexes que la simple combinaison d'une alimentation inadéquate et d'une inactivité physique. En effet, l’obésité, avec ses multiples déterminants et conséquences sanitaires, nécessite une approche intégrée, car aucune intervention isolée ne peut à elle seule stopper la progression de cette épidémie.

    La Région wallonne, compétente en matière de prévention et de promotion de la santé, s'engage à contribuer à la modification de la trajectoire de l'épidémie d'obésité. À cette fin, elle s'appuie sur le Plan Prévention et Promotion de la Santé en Wallonie, un dispositif solide et durable qui s'étend jusqu'à l'horizon 2030. Pour répondre aux données épidémiologiques que l’honorable membre a évoquées ; ce plan définit des objectifs stratégiques thématiques prioritaires.

    Le premier objectif consiste à promouvoir des modes de vie et des environnements favorables à la santé, visant ainsi à réduire les facteurs de risque d'obésité. La promotion de l'activité physique régulière, la lutte contre la sédentarité et la promotion d’une alimentation saine occupent une place centrale dans cet objectif de santé, qui ne peut être atteint que si les 12 objectifs transversaux sont également pris en considération.

    La mise en œuvre du Plan Prévention et Promotion de la Santé en Wallonie est planifiée sur une période quinquennale, de 2023 à 2027. Un appel à candidatures a été lancé en 2022 au Moniteur belge pour permettre aux différents acteurs wallons en promotion et prévention de la santé d'opérationnaliser ce plan. En mars 2023, 27 opérateurs ont été agréés pour répondre à l'axe 1.1 de la programmation, portant sur les modes de vie, l'alimentation, l'activité physique et la sédentarité.

    Actuellement, les différents plans d'actions coordonnées (P.A.C.) de ces opérateurs sont en cours d'analyse au niveau de l'AViQ. Cette analyse porte sur les actions entreprises par les opérateurs agréés depuis janvier 2023, conformément à la programmation.

    À titre d’exemple, l’opérateur Viasano agréé mobilise les acteurs locaux des communes partenaires afin d’encourager les familles à adopter des comportements alimentaires plus sains. Cela concerne la consommation de fruits, de légumes, de céréales complètes et de protéines maigres, ainsi que la réduction de la consommation d'aliments riches en calories vides, tels que les boissons sucrées, les snacks et les aliments transformés.

    Un autre exemple est le soutien de l’opérateur Service entraide migrants, qui organise des ateliers dans des lieux communautaires autour de l’alimentation saine et la mise en place d’activités physiques pour des personnes d'origine étrangère et/ou en situation de précarité, un public particulièrement à risque de surpoids.

    Ajoutons que le comité de pilotage de ce plan a été mis en place le 27 juin 2023. Lors de cette réunion intersectorielle, comprenant également l’ONE, un premier groupe de travail a été constitué. Son but est d'analyser les P.A.C. des opérateurs à un niveau macro afin de proposer des recommandations au comité de pilotage et de garantir que toutes les priorités de santé du plan sont couvertes par les actions des opérateurs.

    Au-delà de la promotion de la santé, il est essentiel de poursuivre des efforts multisectoriels visant à influencer les comportements favorables pour la santé. Ces stratégies doivent s'éloigner des approches centrées sur l'individu pour s'attaquer aux facteurs structurels, notamment en tenant compte des déterminants de la santé, conformément au principe de « la santé dans toutes les politiques » promu par les autorités sanitaires internationales comme l’OMS. Les interventions qui croisent la promotion de la santé avec d'autres secteurs sont celles qui permettent d'ancrer des comportements collectifs ou individuels favorables à une bonne santé.

    À titre d’exemple, citons le projet « Filière potage-collation » dans le cadre de « Food Wallonia», auquel nous participons. L'objectif est de fournir des collations saines, durables et gratuites aux élèves fréquentant des écoles à encadrement pédagogique différencié. Le potage-collation permet d'améliorer la santé nutritionnelle des enfants en évitant les collations industrielles trop grasses, trop sucrées et trop emballées, tout en fournissant des légumes de bonne qualité et en favorisant l'hydratation. L'AViQ est également impliquée dans le projet du SPW concernant la labélisation de cantines durables.

    Les efforts multisectoriels énoncés ci-dessus visant à influencer les comportements en matière d’alimentation saine et d'exercice, bien qu’essentiels, semblent être insuffisants pour enrayer la prévalence croissante de l’obésité. Bien que ces efforts doivent se poursuivre et s’intensifier, il est important de fournir également une réponse correspondante du système de santé qui garantisse que les services de prévention, de traitement et de gestion de la maladie sont universellement disponibles, accessibles, abordables et durables, conformément à ce que propose l’OMS (WHO, 2023 Health service delivery framework for prevention and management of obesity).

    C’est pourquoi l’AViQ participe également au groupe de travail interadministratif concernant la mise en place d’un parcours de soins de l’obésité au niveau national.

    C'est en redoublant d'efforts et en renforçant notre action collective que nous pourrons atteindre nos objectifs. Cela nécessite une dynamique engagée au sein des acteurs de terrain et une volonté affirmée des autorités publiques, tant sur le plan politique qu'administratif.