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Les écarts de santé entre les femmes et les hommes

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 603 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 31/08/2023
    • de PAVET Amandine
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Dans la Déclaration de politique régionale, au volet "droits des femmes", le Gouvernement wallon s'est engagé à travailler afin de réduire les écarts de santé entre les femmes et les hommes. Le Gouvernement s'est engagé à mettre en place une approche genrée de la santé depuis la promotion et la prévention jusqu'aux soins. Des mesures concrètes devaient être prises spécifiquement dans le but de développer une politique de bienveillance médicale (gynécologie, obstétrique, etc.).

    Or, les derniers chiffres du Forum économique mondial concernant la Belgique ne sont pas spécifiquement meilleurs. En effet, la Belgique n'est classée qu'à la 91ème place sur 146 pays en matière d'écarts de santé entre les femmes et les hommes. Pire encore, elle présente une différence notable en ce qui concerne l'espérance de vie en bonne santé. Dans ce domaine, la Belgique ne pointe qu'à la 101ème place.

    Depuis le début de la législature, qu'a mis en place Madame la Ministre pour remédier à cet écart de santé entre les femmes et les hommes ?

    Avec quels moyens financiers et quels résultats ?

    S'est-elle concertée avec les autres niveaux de pouvoir à ce sujet ?

    D'autres mesures sont-elles prévues d'ici la fin de la législature ? Si oui, lesquelles ?
  • Réponse du 26/09/2023
    • de MORREALE Christie
    Il existe, dans le domaine de la santé, de nombreuses inégalités de genre. Certaines maladies ne touchent que les femmes, parmi lesquelles l’endométriose ou le vaginisme. D’autres se manifestent par des symptômes spécifiquement féminins qui sont encore fort méconnus. C’est le cas par exemple des maladies cardio-vasculaires. Différentes actions ont été initiées pendant cette législature afin de combattre les inégalités de genre en matière de santé.

    D’abord, comme inscrit dans le Plan de relance de la Wallonie, le projet 278 vise à réformer la promotion de la santé et la prévention pour un budget de 30 millions d’euros. Dans ce cadre, le Plan de promotion de la santé et de prévention (WAPPS) s’est doté d’une programmation afin d’identifier certains objectifs prioritaires et des stratégies que nos opérateurs agréés devront viser et utiliser pour améliorer la santé des Wallons.

    Au préalable, une revue de la littérature a été rédigée en guise de diagnostic de santé et a permis de relever plusieurs constats. Ceux concernant la santé des femmes et de ses déterminants sont les suivants :
    • selon l’IWEPS, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à éprouver des troubles de l’anxiété (24 % pour les femmes contre 18.5 % pour les hommes) ;
    • en 2018, les maladies avec le fardeau le plus élevé chez les femmes étaient les troubles dépressifs, les bronchopneumopathies chroniques obstructives et les douleurs dans le bas du dos ;
    • on observe une surreprésentation des femmes chez les bénéficiaires de l’aide sociale ;
    • le fait d’être une femme serait un frein à la fréquentation des programmes de prévention ;
    • les femmes répondent moins positivement à au moins l’un des deux indicateurs (activité physique au moins modérée au travail ou minimum 150 minutes d’activité physique en dehors du travail ; 53 % pour les hommes contre 39.5 % pour les femmes) ;
    • des injonctions contradictoires sont formulées, qui touchent particulièrement les femmes en termes de normes corporelles, de santé pour elles et leurs enfants ;
    • les femmes sont plus touchées que les hommes par une maladie chronique ;
    • les femmes sont davantage concernées par les chutes en raison de leur plus longue espérance de vie et de leur fragilité osseuse.

    Sur base de cette programmation et de ses 5 grandes priorités de promotion et prévention de la santé ainsi que ses objectifs transversaux comprenant la prise en compte de la dimension genre en santé, des appels à agréments ont été lancés en septembre 2022.

    Suite à ces appels, ce sont 74 opérateurs, 8 centres d’expertises wallons en promotion de la santé, 9 centres locaux de promotion de la santé et 1 fédération wallonne en promotion de la santé qui sont, dès à présent, agréés pour veiller à rencontrer les objectifs prioritaires déterminés.

    Les opérateurs ont dû rendre leurs Programmes d’actions coordonnées (PAC) qui sont en cours d’analyse. Lorsque celle-ci sera terminée, nous disposerons d’un outil de suivi et de pilotage de l’ensemble des actions et il sera plus aisé d’identifier clairement l’ensemble des opérateurs œuvrant pour la santé des femmes et l’échelle territoriale concernée par les différentes actions.

    Ensuite, le Plan genre wallon 2020 – 2024 comprend des actions qui visent à lutter contre les inégalités en matière de santé. À titre d’exemple, la mesure 40 du Plan prévoit de sensibiliser et informer les patients et les praticiens aux symptômes et maladies spécifiques des femmes. Il est en effet important de mener des campagnes de sensibilisation tant auprès du corps médical que de la population sur les symptômes typiquement féminins des maladies chroniques les plus courantes et de poursuivre le soutien aux programmes de dépistage des cancers du sein et du cancer du col de l’utérus.

    Un site Internet dédié à la santé des femmes et à ses spécificités, à destination des patientes et des professionnels, sera développé. Celui-ci permettra de lever les tabous sur certaines maladies féminines en facilitant l’accès à l’information et en rassemblant les outils existants sur le sujet.

    Enfin, dans le cadre de la mise en œuvre de la mesure 41 du même plan, et de la mesure 27 du Plan Intrafrancophone 2020-2024 de lutte contre les violences faites aux femmes, un appel à projets conjoint a été lancé par la Wallonie, la Fédération Wallonie-Bruxelles et la COCOF en 2022 concernant la lutte contre les violences gynécologies et obstétricales.

    Neuf projets ont été retenus par le jury pour être sélectionnés par les Gouvernements francophones. Le montant initialement prévu pour l’appel à projets s’élevait à 300 000 euros, dont 150 000 euros apportés par la Wallonie.

    Plus concrètement, il est notamment question de formations à destination des professionnels, de journées de sensibilisation, d’une campagne de sensibilisation auprès des étudiants et d’un jeu vidéo. Les projets ont débuté au plus tôt le 1er novembre 2022 et se termineront pour la plupart fin 2023. Un premier comité d’accompagnement avec tous les acteurs retenus a eu lieu en février 2023 afin d’assurer la bonne mise en œuvre et le bon suivi des projets. Une deuxième réunion du comité d’accompagnement est prévue début octobre. Les résultats des projets seront analysés à l’issue des différentes actions menées, fin de l’année 2023.