/

Les catastrophes naturelles liées au dérèglement climatique

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 1386 (2022-2023) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 31/08/2023
    • de AHALLOUCH Fatima
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Le dérèglement climatique et les nombreuses calamités qui en découlent constituent un défi d'ampleur qui nous est adressé collectivement, en Wallonie mais aussi bien sûr au-delà de nos frontières.

    Nous avons été bouleversés par les inondations qui ont frappé la Wallonie à l'été 2021, par leur violence et ses conséquences terribles, mais aussi par leur signification : la Belgique, et plus largement l'Europe de l'Ouest, ne sont plus protégés des bouleversements qui sont longtemps restés dans la conscience collective réservés à des contrées plus lointaines.

    Une récente étude menée par des chercheurs anglais et écossais des universités d'Edimbourg, d'Exeter et de Bristol passe en revue les régions les plus exposées au risque d'une vague de chaleur extrême dans le futur. Les chercheurs établissent 8 zones géographiques particulièrement sensibles : l'extrême est de la Russie, l'Amérique centrale, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, l'Afghanistan, le nord-ouest de l'Argentine, le Queensland en Australie, la région de Pékin, et l'Europe de l'Ouest, plus particulièrement les pays du Benelux et l'Allemagne.

    Les vagues de chaleurs ont des répercussions en cascade sur la santé humaine, sur l'agriculture, la production d'énergie et l'environnement avec toute la complexité et les ramifications que ce terme enveloppe. Le GIEC estime que le risque de mortalité lors des vagues de chaleur en Europe sera multiplié par deux, si ce n'est trois dans les pires scénarios. L'importance de réduire nos émissions carbones est capitale pour réguler la hausse des températures et les disruptions climatiques consécutives. Il est également essentiel de planifier la gestion de ces catastrophes à venir, qui ne sont plus hypothétiques mais belles et bien programmées. La canicule de 2003 qui a frappé l'Europe de l'Ouest a été ravageuse en raison de l'impréparation des pouvoirs publics. Celle de 2006 en revanche, mieux préparée par les pouvoirs publics, a été mieux contrôlée. On estime qu'en France, les mesures de précaution prises après 2003 ont permis d'éviter 4.400 morts pour le seul épisode de chaleur de juillet 2006.

    Les mesures d'adaptation et de prévention sont donc incontournables pour faire face à ces événements qui, faute d'une prise de conscience politique globale, seront inévitables.

    Les chercheurs soulignent l'importance d'une préparation minutieuse en amont à des scénarios catastrophes pires que les précédents. Si les mesures d'adaptation sont vitales, il n'en demeure pas moins que la lutte se mène d'abord sur le plan des émissions des gaz à effet de serre qui ne cessent d'augmenter année après année au niveau mondial.

    Quelles sont les mesures en vigueur pour prévenir et amortir le risque de futures catastrophes climatiques ?

    Quels sont les moyens mobilisés par la Wallonie pour aider les pays en voie de développement à agir ?

    Que met en œuvre Monsieur le Ministre pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre ?
  • Réponse du 28/09/2023
    • de HENRY Philippe
    Effectivement, la crise climatique est l’enjeu de notre siècle, menaçant les conditions de vie de millions de personnes partout dans le monde. Si cette crise est mondiale, elle est aussi intrinsèquement inégale. Ainsi, ce sont les moins responsables, à savoir les pays les plus pauvres, qui paient aujourd’hui le prix le plus fort du dérèglement climatique. Cette injustice est largement reconnue et des engagements internationaux ont été pris pour rééquilibrer cette situation. C’est entre autres le rôle du mécanisme de financement climat international, pierre angulaire de l’Accord de Paris en contrepartie de l’engagement de tous, y compris des pays les moins avancés, à limiter les émissions de gaz à effet de serre.

    En termes d’adaptation, la Wallonie, à travers l’agence wallonne pour l’air et le climat AWAC, met à jour des politiques d’adaptation afin de limiter/amortir les risques y liés.

    Ces politiques ont notamment été renforcées à travers le PRW, et s’organisent en plusieurs phases. Une première étape fut accomplie à travers la réalisation, par la plateforme wallonne pour le GIEC, d’un rapport préliminaire (Rapport T0) présenté au Gouvernement wallon en juin 2022. Le rapport visait à faciliter la rédaction du cahier spécial des charges pour un étude pluridisciplinaire sur l’adaptation en reprenant un aperçu des changements climatiques attendus et des tendances générales ainsi que des recommandations de contenu pour la conception du cahier des charges.

    L’étude pluridisciplinaire doit permettre de dégager ces réponses et proposera des recommandations concrètes et intégrées d’adaptation aux changements climatiques en Wallonie permettant le passage à l’action. Cette étude a été confiée sur à l’appel d’offres au consortium ICEDD – Ulg – ISSeP – UNamur – Jetpack pour un montant de TVAC 1 799 905,25 euros pour une durée de 2 ans.

    Au sein du PACE 2030 est fait référence à l’élaboration d’une stratégie régionale d’adaptation qui sera élaborée en s’appuyant sur les résultats de l’étude pluridisciplinaire en cours dans lequel des rapports intermédiaires ont été explicitement prévus afin de rendre le processus de mise en œuvre dynamique et pertinent.

    Autre l’action d’adaptation dans notre territoire et la collaboration transfrontalière avec nos voisins, la Wallonie est active dans le financement climat pour aider des pays vulnérables du Sud Global à faire face et à s’adapter aux effets néfastes du dérèglement climatique. Cette aide est à la fois urgente et croissante. Il y a plus de dix ans, plus précisément en 2009, lors de la COP15 à Copenhague, les pays riches ou développés ont pris l’engagement de mobiliser 100 milliards de dollars états-uniens, nouveaux et additionnels, par an d’ici 2020, afin d’aider les pays en développement à s’adapter aux effets du dérèglement climatique et à réduire leurs émissions. Pour nous en tant que Wallons, mais aussi entant que Belges et européens c’est un enjeu de solidarité et de justice au vu de la responsabilité de notre responsabilité historique et collective.

    L’honorable membre sait l’importance et le rôle que la Wallonie joue dans la mise en place d’actions positives qui contribuent à remédier aux dommages irréversibles causés par le dérèglement climatique lorsque l’on a atteint les limites des mesures d’adaptation, ce sont les pertes et préjudices. Ces dernières constituent le troisième pilier des politiques climatiques après les mesures prioritaires en matière d’atténuation (1er pilier), suivies des mesures d’adaptation (2e pilier). Lors de la COP26 à Glasgow, la Wallonie a promis de dégager un million d’euros pour venir en aide aux populations les plus pauvres parmi les régions les plus vulnérables aux impacts du dérèglement climatique. Lors de la COP27 à Charm el-Cheikh, ce montant a été doublé pour le porter à deux millions d’euros. La Wallonie a choisi - au travers de sa contribution au Programme dédicacé aux Pertes et Préjudices du V20/CVF Joint Multi-Donor Fund - de venir directement en aide aux populations les plus pauvres des pays les plus vulnérables en leur permettant un accès direct à des ressources financières pour remédier au plus vite aux dégâts matériels et physiques ainsi qu’aux autres préjudices que connaissent déjà les pays les plus vulnérables aux effets du dérèglement climatique.

    Un nouvel engagement de répartition de l’effort ou « Burden Sharing » portant sur la période 2021-2024 a eu lieu, la Wallonie s’est ainsi engagée à mobiliser un minimum de 52 millions d’euros sur la période 2021-2024, dans ce mécanisme de financement.

    Depuis 2010, l’Agence wallonne de l’air et du climat (AWAC) finance des projets bilatéraux en matière d’atténuation et d’adaptation au dérèglement climatique en partenariat avec le Sud. Au total, ce sont actuellement un peu moins de 50 projets qui ont été menés, essentiellement en Afrique, mais également en Amérique latine et en Haïti et qui ont atteint des résultats tangibles pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre dans ces pays et pour mettre en œuvre des mesures d’adaptation aux effets néfastes du dérèglement climatique. Certains d’entre eux ont été financés ou cofinancés par le SPW ARNE (financement ou cofinancement avec l’AWAC et suivi plus distants, avec parfois des missions de vérification sur le terrain, de projets AWAC). Le SPW SG DDD a également financé des stages méthodologiques en matière de changement climatique et de développement durable.

    Ces différents projets sont par ailleurs une opportunité de mettre en lumière le pôle d’expertise de la Wallonie en matière climatique, à travers ses partenariats et collaboration avec le pôle scientifique académique et universitaire, les bureaux d’études et d’ingénieurs, les ONG et autres acteurs locaux de terrain et de la société civile.

    D’autres acteurs, tels que Wallonie Bruxelles International WBI et l’Association pour la Promotion de l'Éducation et de la Formation à l'Étranger APEFE mènent des projets de coopération au développement dont le caractère environnemental, et de manière plus spécifique, l’impact avéré en matière d’atténuation et d’adaptation au dérèglement climatique est validé et pondéré via les marqueurs de Rio pour le climat, donc l'atténuation du changement climatique, l'adaptation au changement climatique, la biodiversité et la désertification. Un nombre important d’ONG réalisent par ailleurs également un travail remarquable en matière d’atténuation et d’adaptation, au travers de projets de terrain.

    La Wallonie finance aussi, avec des montants significatifs, des fonds multilatéraux pour contribuer à lutter contre le changement climatique (atténuation des émissions de gaz à effet de serre et adaptation aux effets néfastes du dérèglement climatique), notamment le Fonds d’adaptation (AF), le Fonds pour les Pays les moins avancés (LDCF), la Coalition pour le climat et l’air propre, le Fonds vert pour le climat (GCF) ainsi que l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA).

    L’AWAC a conclu une convention de collaboration avec Enabel, pour mettre en œuvre différents projets ambitieux en matière de politique climatique

    L’AWAC Agence wallonne de l’air et du climat, et l’administration wallonne dans son ensemble, sont des acteurs constructifs et progressistes qui contribuent, de manière modeste, mais significative à l’atteinte d’objectifs ambitieux en faveur du climat sur le plan international, notamment via la participation forte et intense dans les travaux des conventions des Parties (COP) et du GIEC.

    Au travers de la réalisation d’évènements parallèles lors des COP, la Wallonie (AWEx, WBI, APEFE, AWAC, WE, SPW ATLPE…) met en œuvre une action d’exemplarité par rapport aux comportements vertueux en faveur du climat (atténuation et adaptation) et met en exergue la compétence technique et technologique, ainsi que le savoir-faire des entreprises et autres acteurs en faveur du climat.

    Sur le terrain de la Wallonie, au travers de son programme dynamique et efficient de conscientisation, d’éducation et de sensibilisation au climat, l’Agence wallonne de l’Air et du Climat contribue à sensibiliser les citoyens et les différents acteurs wallons à ces thématiques climatiques.

    Quant aux mesures mises en œuvre pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, elles sont multiples : le PACE, la stratégie wallonne de mobilité, l’isolation des bâtiments ; les politiques POLLEC et UREBA, les mesures liées à l’ETS, les conventions carbone, la TMC … et cetera.

    Comme l’honorable membre le signalait au début de sa question, le défi est d’une grande ampleur et la réponse wallonne est à ce stade scientifique et pertinent, mais elle doit absolument être continue, holistique et collectivement implémentée. Je compte sur son dynamisme et influence pour continuer à avancer sur ce sujet afin de donner un meilleur avenir à nos citoyennes et citoyens, mais aussi à l’ensemble d’êtres vivants qui partagent notre fragile planète.