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La lutte contre le gaspillage alimentaire

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 757 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 05/09/2023
    • de AHALLOUCH Fatima
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le Gouvernement bruxellois a récemment avalisé un avant-projet d'ordonnance sur le sujet des invendus alimentaires.

    Chaque année, un tiers de la production mondiale de nourriture n'est pas consommée. De nombreuses personnes souffrent pourtant de malnutrition et sont confrontées à la faim. En outre, les aliments perdus ou gaspillés génèrent 7 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre et contribuent largement au dérèglement climatique.

    Pour la Région bruxelloise, on dénombre 25 000 tonnes de produits alimentaires qui sont jetés à la poubelle chaque année. Face à ce constat, le Gouvernement a décidé d'améliorer la capacité des associations d'aide alimentaire à récupérer la nourriture invendue. L'avant-projet d'ordonnance prévoit notamment l'obligation pour les grandes surfaces de plus de mille mètres carrés de faire don de leurs invendus alimentaires encore consommables. Ces dons devront parvenir aux associations un jour avant la date de péremption afin d'éviter le pourrissement des aliments et de répondre dignement à la forte demande d'aide alimentaire.

    Côté wallon, le gaspillage alimentaire se situerait entre 15 et 30 kilos par habitant chaque année. Le Plan REGAL, adopté en juin 2015 pour lutter contre les pertes alimentaires, se fixe l'objectif d'une réduction de 30% du gaspillage alimentaire pour l'année 2025. Il comporte des actions de sensibilisation, de soutien aux dispositifs « zéro déchets » menés par les communes et de promotion d'outils concrets tels que le rest-o-pack qui incite les clients de restaurants à emporter la fin de leur repas plutôt que de le jeter.

    Le gaspillage alimentaire est un véritable drame pour les milliers de personnes qui ne peuvent se nourrir et pour notre environnement. Tous les leviers me semblent opportuns pour venir à bout de cette problématique.

    Quel est le regard de Madame la Ministre sur l'initiative bruxelloise ?

    Pourrait-elle faire un point sur le Plan REGAL et ses avancées ?

    L'objectif de réduction de 30% du gaspillage alimentaire est-il en passe d'être atteint ?
  • Réponse du 18/10/2023
    • de TELLIER Céline
    La problématique du gaspillage alimentaire est un enjeu autant environnemental qu’éthique et social.

    En matière de lutte contre le gaspillage alimentaire, deux leviers d’action complémentaires existent. Le premier consiste à éviter le gaspillage « à la source », en adaptant au plus juste la production à la consommation effective, que ce soit au niveau des producteurs, des supermarchés, des entreprises ou des ménages. Cela passe notamment par une bonne gestion des stocks et une anticipation de la consommation des périssables.

    Le second levier intervient plutôt en aval et vise à éviter de gaspiller les quantités de nourriture qui n’auraient pas été utilisées. C’est à ce niveau qu’interviennent les associations d’aide alimentaire. Dans ce cadre, la Région wallonne impose depuis 2014 aux commerces de détail dont la surface totale est supérieure à 2500 m² de proposer les invendus alimentaires consommables à au moins un organisme repreneur. Je salue donc l’initiative du Gouvernement bruxellois qui s’inscrit dans cette même démarche.

    En ce qui concerne le Plan REGAL, l’évaluation effectuée par l’administration début 2022 et le baromètre de la prévention 2022 en arrivent aux mêmes conclusions : il s’agit de poursuivre les efforts déjà entamés au niveau des différents maillons de la chaîne alimentaire (allant de la production aux ménages, avec une attention particulière aux petits producteurs et artisans transformateurs opérant en circuit court), ainsi que d’améliorer la sensibilisation auprès des citoyens.

    Plusieurs actions ont été mises en œuvre pour lutter spécifiquement contre les pertes et gaspillages alimentaires :
    • une campagne de communication à destination des 18-24 ans a été lancée le 16 octobre 2022. Il ressortait effectivement du baromètre de la prévention que cette tranche d’âge, composée d’étudiants, de jeunes travailleurs et de jeunes ménages, est fortement concernée par le gaspillage alimentaire ;
    • un arrêté ministériel allouant une subvention à la Fédération HORECA Wallonie ayant permis d’embaucher un.e conseiller.e pour la sensibilisation, l’information et la formation aux problématiques environnementales de ses membres a été signé début 2021. Parmi les missions confiées à la fédération figurent la prévention et la gestion des déchets et la promotion du Rest-O-Pack ;
    • le thème du gaspillage alimentaire a été intégré dans les formations professionnelles dispensées par l’IFAPME touchant à l’alimentation ;
    • une mise à jour du site dédié au gaspillage alimentaire a été effectuée (http://moinsdedechets.wallonie.be/gaspillage-alimentaire) ;
    • un guide du compostage individuel et un guide du compostage collectif ont été publiés sur le site moinsdedechets.wallonie.be ;
    • un appel à projets « Soutenir la relocalisation de l’alimentation en Wallonie » a été lancé fin 2020 et visait à soutenir des projets répondant aux enjeux sociaux et environnementaux liés à l’alimentation, en ce compris le gaspillage alimentaire.

    Dans le cadre du projet 171 du Plan de relance de la Wallonie, des actions complémentaires ont été mises en œuvre :
    • une campagne de communication complémentaire a été réalisée pour sensibiliser tous les publics au gaspillage alimentaire ;
    • une subvention a été octroyée à l’ASBL SOCOPRO afin de toucher le public des 3-18 ans et de sensibiliser au gaspillage alimentaire dans l’enseignement obligatoire. Des interventions ont lieu depuis la rentrée 2023 dans 37 écoles ;
    • une subvention complémentaire a été octroyée à la fédération HORECA afin de réduire les pertes et gaspillages alimentaires dans les établissements du secteur via le développement d’un outil informatique à mettre à disposition des établissements, la réalisation d’audits dans 80 restaurants et salons de thé et la diffusion de bonnes pratiques.

    Enfin, le projet d’arrêté du Gouvernement wallon favorisant la hiérarchie des déchets et modifiant diverses dispositions relatives à la gestion des déchets, adopté en première lecture, prévoit également d’encourager et d’encadrer les pratiques de glanage dans les champs.