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L’industrie du jeu vidéo et la fuite des talents

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 2 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 07/09/2023
    • de AHALLOUCH Fatima
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Première industrie culturelle mondiale, avec un chiffre d'affaires atteignant 200 milliards d'euros en 2022, le secteur du jeu vidéo emploie un millier de personnes en Belgique pour un chiffre d'affaires qui approche les 80 millions d'euros. Industrie à part entière, ces chiffres sont tempérés par une fuite massive de nos cerveaux.

    Entre 90 et 95 % des étudiants du secteur quittent la Belgique pour étudier ou travailler dans des pays étrangers mieux armés pour répondre à leurs attentes. Il faut dire que la Belgique, et plus particulièrement son versant francophone, peine à rattraper un retard structurel dans ce secteur longtemps désinvesti par les pouvoirs publics. L'exemple flamand, qui subventionne logiquement un secteur stratégique, nous montrait pourtant le chemin.

    Monsieur le Ministre a annoncé en 2022 le lancement d'un fonds, « Wallimage Gaming », afin d'amorcer et de soutenir la production wallonne. Ce fonds vise à combler ce qu'il considérait lui-même comme « un manque d'accès et un retard dans la structuration du secteur ». Nous ne pouvons qu'encourager cette prise de conscience et ce déploiement de moyens pour un secteur qui imprime sa marque sur le monde et dans les esprits des plus jeunes notamment.

    Jean Gréban, coordinateur de Walga, l'association qui promeut et représente le jeu vidéo en Wallonie, avance trois pistes pour endiguer la fuite de nos talents vers l'étranger. Tout d'abord, il rappelle l'importance de consacrer et d'intensifier le soutien public aux studios existants pour favoriser leur expansion. Ensuite, Monsieur Gréban souligne la nécessité de soutenir à une échelle individuelle les entrepreneurs et les étudiants qui veulent monter leur propre structure. Enfin, il serait dans notre intérêt d'améliorer notre attractivité pour accueillir des entreprises étrangères du secteur qui pourraient employer nos talents.

    Monsieur le Ministre pourrait-il nous faire un point sur les mesures de soutien au secteur prises par le passé et sur leur avancement ?

    Quelles initiatives sont menées pour encourager les étudiants du secteur à rester en Belgique ?

    Plus largement, qu'est-il initié pour promouvoir ce secteur ?

    Quelle est sa position relativement aux trois pistes énoncées ci-dessus pour endiguer la fuite des cerveaux que nous connaissons actuellement ?
  • Réponse du 21/09/2023
    • de BORSUS Willy
    Comme l’honorable membre le signale justement, l'industrie du jeu vidéo est en pleine croissance au niveau mondial. La Belgique n’est pas en reste et l’extension du « Tax Shelter » au secteur du gaming, entrée en vigueur depuis le 1er janvier de cette année, devrait accélérer encore le développement de cette activité dans les mois et les années à venir.

    La Wallonie entend bien accompagner ses entreprises et ses studios pour qu’elles saisissent cette opportunité, ce qui aura immanquablement un effet positif sur le marché de l’emploi dans ce secteur. En effet, les perspectives de croissance liées au « Tax Shelter » et aux aides régionales font espérer une création de 300 à 500 emplois par an en Belgique, soit à peu près le nombre de jeunes diplômés sortant des écoles de jeux vidéo belges, parmi lesquelles la Haute École Albert Jacquart qui propose un Master en jeu vidéo. Il faut ici saluer une nouvelle fois les efforts déployés par Walga en la matière.

    Cette dynamique positive va permettre d’inverser la tendance de fuite des talents que nous avons enregistrée ces dernières années. En effet, nos talents s’expatriaient faute d’avoir un écosystème local capable de les accueillir. La situation devrait s’inverser à l’avenir.

    Parmi les mesures et les actions qui participent à créer une dynamique positive pour le secteur du gaming en Wallonie figurent notamment les appels à projets en prototypage et en production lancés au travers du projet 138 du Plan de relance de la Wallonie.

    Au total, quatre appels ont été lancés à mon initiative via Wallimage l’année dernière et cette année, pour un budget total de 4 millions d’euros. Le quatrième et dernier appel à projets est par ailleurs toujours en cours.

    Pour rappel, l’objectif de ces appels à projets, sur la base du modèle déjà expérimenté avec succès par Wallimage dans le secteur du cinéma, est de financer l’amorçage de projets initiés en Wallonie, mais aussi le rapatriement, dans des studios wallons, d’une partie de la fabrication de projets internationaux.

    Lors des trois appels à projets clôturés, 55 projets ont été déposés, pour un montant total de demande de financement de plus de 7 millions d’euros, ce qui démontre un réel engouement du secteur. En définitive, 22 de ces dossiers ont reçu un accord pour financement de la part de Wallimage.

    Notons que la grande majorité des projets concerne des jeux dont la propriété intellectuelle est développée et appartient entièrement à des studios wallons.

    Si nous n’avons pas encore le recul suffisant pour évaluer les appels à projets 2023, il est intéressant de noter que, suite aux 2 appels à projets de 2022, 5 sociétés se sont constituées et que les projets en préproduction arrivent progressivement à leur terme. 3 prototypes ont déjà été livrés au premier semestre 2023.

    D’après Wallimage et les experts qui les accompagnent, ils sont de très bonne qualité et devraient permettre aux studios de démarcher des investisseurs privés, dont des éditeurs, afin de financer la phase de production.

    Si nous devons bien sûr attendre que l’ensemble des appels à projets soient clôturés et que les projets lauréats soient développés, les premiers enseignements tirés et les premières préproductions nous permettent d’être optimistes quant à leurs résultats.