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La prise en charge des hérissons

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 3 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 07/09/2023
    • de GOFFINET Anne-Catherine
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    La belle saison a (enfin) repris et les tondeuses sont donc aussi ressorties. Ces dernières années, nous avons de plus en plus parlé des risques liés aux robots-tondeuses planant sur les hérissons. Quelles actions ont-elles été mises en place pour tenter de limiter les accidents ?

    Il me revient que les centres de revalidation sont actuellement débordés, avec notamment bon nombre de problèmes pour les hérissons. Les CREAVES recensent-ils une augmentation significative des accidents ?

    Les centres sont-ils capables (logistiquement, financièrement) de faire face aux afflux croissants ?

    Les autres facteurs impactant les hérissons (ex. bactéries pathogènes) sont-ils de plus en plus décelés ?

    L'équipe du Service de Santé et Pathologies de la Faune sauvage de la Faculté Vétérinaire souhaitait pouvoir accueillir à la Faculté des espèces sauvages nécessitant des prises en charge spécifiques (comme des chirurgies par exemple).

    Où en est le développement de ce projet ?

    L'évaluation budgétaire ainsi que le plan de financement ont-ils été réalisés ?
  • Réponse du 18/10/2023
    • de TELLIER Céline
    Bien consciente de cette problématique, j’ai validé plusieurs règlements communaux qui visaient à limiter l’utilisation des robots-tondeuse la nuit.

    La réforme en cours de la Loi de conservation de la nature vise notamment à proposer une base légale pour l’adoption d’une réglementation uniforme à ce sujet à l’échelle de la Région wallonne. Mes services travaillent à la mise au point d’un arrêté du Gouvernement wallon qui sera prochainement présenté au Gouvernement wallon en première lecture.

    Une communication ciblée a été réalisée vers certains secteurs, notamment vers les vendeurs de robots-tondeuse ainsi que vers les horticulteurs au travers de la publication d’un article dans la revue de la Fédération wallonne d’Horticulture. Mes services ont également publié une page Internet, diffusé un folder à destination des citoyens et sensibilisé l’Union des villes et communes de Wallonie qui a relayé l’information sur son site Internet.

    Malheureusement, la problématique de la mortalité des hérissons par les robots-tondeuse a été exacerbée ces deux derniers printemps. Plusieurs CREAVES ont en effet rapporté, dans certaines zones de notre territoire, un nombre important de hérissons blessés ou tués, notamment par ces robots. Si cette problématique n’est pas nouvelle, elle semble prendre de l’ampleur suite à l’utilisation de plus en plus fréquente et inadéquate de ce type de tondeuse.

    Nous ne disposons pas de données suffisamment détaillées pour pouvoir établir des tendances sur les facteurs impactant les hérissons, ni sur leur importance relative. Pour pallier à ce manque de données, une étude est en cours depuis mai 2023 et vise notamment à déterminer et à caractériser les causes de mort, notamment infectieuses, des hérissons admis dans les CREAVES. Les résultats de l’étude seront disponibles au printemps prochain.

    Une autre étude, réalisée de 2020 à 2021 par le service de Santé et Pathologies de la Faune sauvage de la Faculté Vétérinaire, en collaboration avec les CREAVES, a permis de dégager certaines informations, voire tendances. Ainsi, dans cette étude, un total de 218 hérissons découverts par des particuliers et transmis aux CREAVES mais n’ayant pas survécu malgré les soins prodigués, ont été autopsiés. Les principales causes de mortalité étaient d’origine traumatique (fractures, hémorragies internes, amputations, brûlures et prédations), infectieuses ou parasitaires. Une proportion élevée (64.7 %) d’entre eux présentait des lésions cutanées ulcératives. La présence de Corynebacterium ulcerans (un petit bacille) produisant une toxine diphtérique a été confirmée dans 75 % des hérissons avec lésions cutanées. Cette toxine est une protéine cytotoxique inhibant la biosynthèse des protéines. Il faut souligner que C. ulcerans est un agent pathogène zoonotique (transmissible à l’homme) émergent.

    Un autre volet de l’étude concernait des analyses réalisées sur des hérissons guéris et sains, toujours hébergés dans les CREAVES. Des écouvillons cutanés ont été réalisés en 2021. Ces analyses ont permis de comparer le bactériome cutané des hérissons sains et des hérissons avec lésions cutanées. Les genres bactériens associés aux lésions cutanées ont ainsi pu être identifiés. Ces résultats ont permis d'orienter les recherches de l'étude actuellement en cours.

    Complémentairement à ces études, l'équipe du Service de santé et pathologies de la faune sauvage de la faculté vétérinaire est spécifiquement chargé d’un appui sanitaire pour l’ensemble des CREAVES visant à la fois à analyser les pratiques, à proposer des recommandations et à les diffuser notamment dans le cadre de formations continues.

    Pour ce qui en est des prises en charge pour des opérations spécifiques telles que les chirurgies, le CREAVES qui vient de s’ouvrir sous l’égide de la Fondation Païri Daïza dispose d’un matériel médical de pointe et a pour objectif de fournir un tel support aux CREAVES qui le souhaitent.