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Les perspectives et enjeux des formations en mécanique face à l’électrification du parc automobile

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 10 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 11/09/2023
    • de GAHOUCHI Latifa
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'industrie automobile a amorcé depuis plusieurs années une transition importante : aujourd'hui, face à l'urgence climatique, le moteur électrique à batterie, « zéro émission carbone », est appelé à remplacer le moteur thermique à carburant fossile.

    Afin de verdir le parc automobile belge, le Gouvernement fédéral a fait tomber le couperet sur les moteurs thermiques. À l'horizon 2026, pour rester fiscalement avantageuse, la voiture de société se devra d'être rechargeable. De plus, 2035 marquera la fin de la vente des véhicules légers neufs à moteur thermique sur le sol européen afin d'atteindre les objectifs de décarbonisation fixés dans le green deal.

    Si en 2022, la Belgique ne comptait encore que quelque 80 000 véhicules électriques particuliers, l'avenir de l'automobile sera assurément sur batteries.

    Concomitamment à la transition enclenchée par l'industrie automobile vers l'électrification, des milliers d'emplois devront eux-mêmes évoluer, tout comme les formations qui mènent à ces emplois.

    Très bientôt, les mécaniciens polyvalents, les réparateurs-garagistes ou les techniciens en maintenance et diagnostic automobile, pour certains déjà listés dans les métiers en pénurie, devront ajouter à leur arc de nouvelles compétences technologiques.

    Nous devons dès à présent penser la transition vers les futures réalités de la mécanique automobile. Cette transition dans les IFAPME et les centres de compétence ne sera pas simple, car elle entraine avec elle nombre de difficultés à dépasser. Je pense notamment à l'acquisition du matériel pédagogique : les véhicules électriques sont pour le moment assez peu disponibles sur le marché du neuf, quasiment absents du marché de l'occasion et leur coût est très élevé.

    Observe-t-on une diminution du nombre d'inscrits en mécanique automobile depuis l'amorce de la transition du secteur de l'automobile vers l'électrification ?

    Quelles pistes Monsieur le Ministre propose-t-il de suivre pour inscrire les formations en mécanique automobile dans la transition du secteur vers l'électrification ?

    Quelles premières réponses peuvent être apportées aux enjeux de formation des formateurs et des apprenants de mécanique automobile ?

    Les formations de mécanique pourraient-elles trouver dans un avenir proche un équipement pédagogique de pointe au sein des centres de technologies avancées ?
  • Réponse du 05/10/2023
    • de BORSUS Willy
    Je suis en contact régulier avec les entreprises wallonnes, tous secteurs d’activité confondus.

    Le secteur automobile est particulièrement touché par diverses tendances et mutations dont :
    - une percée historique des voitures électrifiées atteignant pour la première fois un niveau semblable à celui de la motorisation diesel ;
    - des émissions moyennes de CO2 des voitures neuves de plus en plus faible.

    Ces tendances ont un effet direct sur la mutation des métiers au sein du secteur. Elle se matérialise par une modification majeure :

    - des structures (du concessionnaire vers l'agent commercial) ;
    - du type de motorisation (du moteur thermique vers la motorisation électrique ou l'hydrogène) ;
    - de la typologie de l’utilisateur (du propriétaire de sa voiture, au locataire occasionnel, au bénéficiaire d’une voiture de société) ;
    - et du type de mobilité (augmentation de la mobilité douce, partagée, etc.).

    Le FOREm réalise une veille permanente via des relations privilégiées avec les entreprises, le secteur et ses différentes fédérations afin de développer une offre de formation répondant aux besoins des entreprises.

    Plusieurs métiers du secteur de l’automobile sont aujourd’hui considérés comme métiers en pénurie :
    - mécanicien de maintenance d'engins de chantier, agricoles et levage ;
    - mécanicien pour camions et véhicules utilitaires lourds ;
    - mécanicien pour voitures particulières et véhicules utilitaires légers ;
    - tôlier en carrosserie.

    Dans ce contexte, le rôle des opérateurs de formation est essentiel pour accompagner la transformation des métiers et l’adoption des nouvelles technologies par les travailleurs ainsi que pour soutenir l’attractivité des métiers du secteur.

    Bien que très exigeantes, les formations en mécanique continuent à attirer un large public d’apprenants. Malgré une légère diminution des inscriptions en apprentissage, on constate une augmentation des inscrits en formation d’adultes. En effet, depuis le début des années 2010, le nombre d’inscrits adultes dans une formation de mécanique automobile a augmenté de près de 60 %, passant de 213 inscrits en 2011-2012 à 340 en 2022-2023, alors qu’en apprentissage les inscriptions sont passées de 281 à 255 (-9 % entre 2011-12 et 2022-23).

    En ce qui concerne les formations du secteur de l’automobile dans les Centres de compétence (CDC), aucune baisse significative du nombre d’inscrits n’a été constatée en 2022. Près de 430 demandeurs d’emploi ont suivi une formation. Par ailleurs, 2 413 élèves, étudiants et enseignants ont bénéficié d’une mise à disposition de l’offre de formation des CDC dans ces filières.

    Dans le cadre du Plan de relance de la Wallonie, j’ai activement soutenu les actions de l’IFAPME et des Centres de compétence.

    Il faut ainsi évoquer le projet 24 dédicacé à l’adaptation de l’offre de formation en alternance aux métiers en pénurie et aux enjeux sociétaux, en particulier l’adaptation des compétences des jeunes et des travailleurs à l’évolution des métiers et des technologies sectorielles et aux enjeux climatiques. À titre d’exemple, en 2022, l’IFAPME a créé et actualisé plusieurs référentiels de formation aux métiers du secteur de la mobilité : deviseur en carrosserie, technicien poids lourds, négociant - réparateur de cyclomoteurs et motos pour répondre au développement de la mobilité douce.

    Les collaborations opérationnelles basées sur la mutualisation des équipements de pointe entre les centres de formation de l’IFAPME et les Centres de compétence ont également été renforcées. C’est ainsi que tous les apprenants du secteur de la mobilité du Réseau IFAPME sont formés et certifiés afin de pouvoir travailler, de manière sécurisée, sur des véhicules électriques. Des formations d’initiation à la motorisation « pile à combustible – hydrogène » font déjà partie du catalogue des formations offertes aux formateurs et aux apprenants IFAPME.

    Dans le cadre du déploiement de la pédagogie numérique, l’IFAPME a acquis les accès à la plateforme e-learning Electude, adaptée à l'apprentissage des technologies d'équipements motorisés.

    Les partenariats dans le secteur automobile existent depuis plus de 20 ans. Le FOREm, les Centres de compétence et l’IFAPME développent des partenariats sectoriels forts et structurés avec le secteur de la mobilité, EDUCAM - le fonds sectoriel - et Traxio - la fédération professionnelle.

    Ces partenariats permettent la mise en place d’une offre de formation qui répond aux évolutions des métiers et des compétences ainsi qu’aux évolutions techniques et technologiques en disposant des informations sectorielles de première ligne.

    Les référentiels de formation des opérateurs sont continuellement remis à jour afin de rester au plus proches des situations et réalités des entreprises. Ainsi, en matière de formation continue, les Centres de compétence proposent un large catalogue de modules de formation réalisé en collaboration avec EDUCAM et CEFORA, visant l’acquisition et le perfectionnement de nouvelles compétences pour les travailleurs et les demandeurs d’emploi en lien avec les évolutions techniques et technologiques.

    Les formations des métiers de la mobilité liés aux actes de vente et aux aspects administratifs intègrent les compétences « web » (vente dématérialisée) et le nouveau paysage du secteur alliant « constructeur - importateur – agent ».

    D’autres actions peuvent également être citées :
    - la reconnaissance sectorielle des formations ;
    - l’organisation d’une formation triale, avec des modules de formation complémentaire dispensés par le secteur et par l’importateur ;
    - l’organisation d’une formation au tutorat sectorialisée ;
    - la mise à disposition d’un syllabus, renouvelé chaque année, de plus de 700 pages provenant de Traxio, et cetera.

    La dernière programmation FEDER, la Région wallonne et le Secteur ont permis d’équiper les ateliers mobilité des Centres de formation du Réseau IFAPME, du Centre de compétence Logistique Hainaut, d’Autoform et de Technifutur, d’outillages hyperperformants (système ADAS, analyseur 5 gaz, et cetera), mais également de voitures neuves hybrides rechargeables (plug-in).

    Ces outils présents dans les ateliers permettent à nos formateurs et à nos apprenants de rester en phase avec le monde professionnel.

    Tenant compte de l’évolution du secteur, la motorisation électrique est intégrée progressivement dans les référentiels de formation. Cela pourrait évoluer à moyen terme, vers une formation exclusive « d’électricien automobile » ou de « réparateur de batteries ».

    Le secteur de la mobilité et les opérateurs de formation sont particulièrement proactifs pour accompagner l’évolution des métiers et des compétences des travailleurs.

    Enfin, dans l’Enseignement qualifiant, trois Centres de technologies avancées (CTA) liés aux écoles se sont, déjà spécialisés dans le secteur automobile :
    - Namur - CTA en Mécanique et Carrosserie ;
    - Leuze-en-Hainaut - CTA en Mécanique des moteurs ;
    - Mons - CTA Véhicules écologiques.

    Les CTA disposent également d’équipements pédagogiques de pointe qui sont logiquement complémentaires à ceux disponibles en Centres de compétence. Les CTA relevant de la Fédération Wallonie-Bruxelles, j’invite l’honorable membre à contacter la Ministre de l’Éducation, Mme Caroline Désir.

    Je soutiens activement la dynamique de collaboration entre les opérateurs de formation et le secteur autour de l’évolution des compétences, des métiers, de l’offre de formation qualifiante et continue ainsi que de l’emploi. C’est en anticipant et en travaillant de concert que des réponses aux défis des compétences peuvent être apportées.