/

La promotion du covoiturage en Wallonie

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 15 (2023-2024) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 11/09/2023
    • de AHALLOUCH Fatima
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Le dérèglement climatique nous oblige à repenser nombre d'habitudes, au premier rang desquelles trônent la mobilité et nos modes de transport. La voiture individuelle, qui a longtemps constitué l'alpha et l'oméga de nos modes de déplacement, tend peu à peu à perdre son caractère incontournable au profit de ce que l'on qualifie de mobilité douce. Les vélos, les véhicules et les transports en commun électrifiés se fraient peu à peu une place dans notre société.

    Un autre moyen de réduire l'utilisation de la voiture individuelle est le covoiturage qui permet d'augmenter le taux d'occupation des véhicules. Actuellement, 4 voitures sur 5 qui se déplacent en Wallonie ne sont occupées que par une personne.

    Le covoiturage est donc tout indiqué pour tenter de relever ce fameux taux d'occupation qui n'atteint aujourd'hui que 1,3 personne par voiture. La Région wallonne s'est d'ailleurs engagée à atteindre un taux d'occupation par véhicule de 1,8 personne d'ici à 2030.

    Monsieur le Ministre avait en ce sens amorcé la création en 2019 de deux bandes de covoiturage, l'une sur la E411/A4 entre Arlon et Sterpenich, sur une portion d'environ 10 kilomètres en direction du Luxembourg, la seconde sur la même route entre Wavre et Rosière sur une distance d'environ quatre kilomètres en direction de Bruxelles.

    Les covoitureurs pouvaient emprunter ladite portion en cas d'embouteillage à une vitesse maximale de 50 km/h. Des caméras "Automatic Number Plate Recognition" (ANPR) analysaient le nombre d'occupants à bord. Lorsqu'ils étaient moins de 3, les contrevenants s'exposaient à une amende de 58 euros.

    Ce projet n'a pas rencontré le succès escompté et a de ce fait été ajusté en juillet dernier. Désormais, une voiture occupée par deux personnes ainsi que les motos pourront emprunter cette voie jusque-là peu empruntée.

    Cet échec tranche avec le succès grandissant de ces portions de route chez notre voisin français au travers des villes de Lyon et Grenoble, notamment qui ont adopté un dispositif similaire.

    Monsieur le Ministre pourrait-il revenir sur les raisons qui expliquent cet échec relatif ?

    Quelles sont les mesures initiées pour atteindre l'objectif de 1,8 occupant par voiture d'ici à 2030 ?
  • Réponse du 26/09/2023
    • de HENRY Philippe
    Avant toute chose, je me permets de confirmer ma conviction selon laquelle le covoiturage fait partie intégrante des solutions qui permettront de réduire la part de la voiture individuelle dans les déplacements tout en augmentant le taux d’occupation des véhicules et, par là même, contribuera à minimiser l’impact des transports sur les émissions de gaz à effet de serre.

    Comme j’ai déjà pu l’évoquer à plusieurs reprises, le soutien de la Région au développement du covoiturage se concrétise de diverses manières :
    - développement et mutualisation d’infrastructures en faveur du covoiturage : création de nouveaux parkings aux abords du réseau routier structurant (dont une quinzaine supplémentaire vient d’être confirmée par les investissements du Plan de relance ou du Fonds européen Feder), collaboration avec des partenaires externes pour mettre des places de stationnement existantes à disposition des covoitureurs et, comme l’honorable membre le mentionne très bien, expériences-pilotes de bandes de covoiturage sur la E411 dont les conditions d’utilisation viennent tout juste d’être assouplies ;
    - subvention régionale de l’ASBL Mpact afin de développer le covoiturage et les nouvelles formes de mutualisation de la mobilité en Wallonie. Ceci inclut des actions de sensibilisation, d’information et de formation, la mise en place d’outils informatiques et de gestion du covoiturage et de la mobilité partagée, tant au niveau des entreprises, des collectivités locales et des administrations que de la population. Les missions de l’ASBL intègrent également le développement de synergies avec les autres solutions de mobilité et des partenariats avec l’ensemble des acteurs du secteur, notamment les Centrales de Mobilité et les opérateurs de transport ;
    - aide au développement de projets-pilotes en matière de mobilité partagée, comme par exemple le projet de covoiturage spontané porté par l’ASBL Autostop solidaire en Sud-Luxembourg, auquel j’ai octroyé une subvention récemment ;
    - réalisation prochaine d’un Plan d’Action régional pour la Mobilité partagée, piloté par l’Administration et dont le covoiturage sera un des principaux axes de travail. L’objectif de ce plan sera de définir une vision claire des besoins et des priorités à mettre en œuvre pour l’ensemble des solutions de mobilité partagée, en complémentarité avec les autres de modes de transport, à l’instar de ce qui existe déjà dans le Plan Wallonie Cyclable et, très prochainement je l’espère, dans le Plan Piéton. Pour y parvenir, l’Administration travaille au quotidien à développer une expertise et des partenariats avec des acteurs publics, privés, associatifs, belges comme et étrangers, du secteur de la mobilité partagée afin de constituer un véritable écosystème dynamique en la matière.

    Pour plus de détail sur ces différentes mesures, je renverrai l’honorable membre vers les questions parlementaires, orales ou écrites, qui ont traité le sujet du covoiturage à de multiples reprises lors des derniers mois.

    Enfin, en ce qui concerne spécifiquement les bandes de covoiturage, nous avons également déjà pu en débattre. Je me permets de lui repréciser que le dispositif a été mis en place par mon prédécesseur et que ses caractéristiques diffèrent quelque peu du modèle français. Je peux résumer les raisons qui expliquent le faible succès rencontré jusqu’ici par le dispositif en affirmant que les causes sont multiples : choix de positionner la bande de covoiturage en bande d’arrêt d’urgence sur la droite de la chaussée, conditions d’accès et d’utilisation assez strictes au départ (3 passagers, maximum 50 km/h…), non-continuité du dispositif au-delà des frontières régionales et, il faut le dire, concordance de la période de test avec la crise sanitaire, ce qui a eu pour effet de diminuer fortement la demande de déplacement et la congestion à ces endroits, rendant de facto le dispositif beaucoup moins attractif.

    Pour l’heure, il s’agira avant tout d’évaluer l’effet des mesures d’assouplissement mises en place cet été avant de prendre toute autre décision, mais qu’elle soit assurée que nous resterons attentifs à maximiser l’utilité de ce genre de dispositif à chaque fois que nous le pourrons.