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La transition vers la mobilité électrique en Wallonie

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 21 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 11/09/2023
    • de DEVIN Laurent
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Un enjeu de première importance pour le progrès de la Région est sans nul doute celui de la transition vers la mobilité électrique. Or, je suis très préoccupé par la lenteur du déploiement des bornes de rechargement pour véhicules électriques. Comme le sait Monsieur le Ministre, l'ambition de l'Union européenne est de réduire de 55 %, les émissions des gaz à effet de serre (comme le CO2) d'ici à 2030 (par rapport à 1990) et de mettre fin à la vente de véhicules à moteur à combustion.

    Le plan wallon de déploiement de bornes de rechargement accessibles au public selon les balises définies par le Plan national pour la reprise et la résilience (PNRR) a pour ambition 3 600 points de chargement en 2025 et 5 400 points de chargement en 2026.

    Monsieur le Ministre peut-il fournir des informations sur l'état actuel du programme d'installation de bornes de rechargement pour les véhicules électriques en Wallonie, y compris le nombre total de bornes installées jusqu'à présent ?

    Les jalons du PNRR seront-ils respectés ?

    Comment compte-t-il atteindre les objectifs fixés dans le Plan Air Climat Energie à l'horizon 2030, soit un objectif de 25 000 bornes ?

    Le déploiement des bornes de rechargement soulève également la question de l'adaptation du réseau électrique. La cartographie des nouveaux points de rechargement wallons montre l'iniquité d'offre de service au sein des différentes communes et régions de la Wallonie.

    Quels sont les moyens qui seront mis en œuvre pour obtenir une offre équitable à travers toute la Wallonie et comment va-t-on gérer les pics de puissance conséquents qui pourraient survenir sur le réseau ?
  • Réponse du 05/12/2023
    • de HENRY Philippe
    Dans le cadre plus large de la transition énergétique, j’ai vraiment à cœur d’accompagner l’évolution du parc automobile vers son électrification, en assurant la présence d’une répartition de bornes équilibrées sur le territoire à des coûts de recharge qui ne discriminent pas les campagnes, et qui assure le confort nécessaire pour le trafic de transit ; et mon cabinet est en contact étroit avec ce secteur et sa fédération, EV Belgium. Je rappelle que, si généralement un propriétaire de voiture électrique recharge son véhicule chez lui, ou au travail, il est nécessaire qu’il puisse compter de manière complémentaire sur des bornes qui sont accessibles au public. C’est l’objet de la préoccupation de l’honorable membre, et que je partage.

    L’électromobilité est un secteur en évolution rapide, et sous l’impulsion première du secteur privé. En Flandre, plus de 2/3 des bornes sont à son initiative, et ce même mouvement est à l’œuvre en RW. Par exemple, selon EV Belgium, si en mars 2022, la Région wallonne comptait 1 800 bornes accessibles au public. Aujourd’hui, il y en a 5 000, pour un total estimé de 30 000 véhicules électriques circulant quotidiennement en Wallonie.

    Tous ces chiffres sont des estimations, sur base des meilleures informations disponibles du secteur lui-même.

    Je précise que, sur les 5 000 bornes présentes, il est estimé que 4 500 sont des bornes lentes et 500 des bornes rapides (>50kW), dont 250 superchargeurs.

    Y a-t-il assez de bornes ? Le secteur de l’électro-mobilité estime le nombre nécessaire de bornes à mettre à disposition du public selon les 2 normes suivantes :
    - une borne lente ou semi-rapide pour 10 véhicules ;
    - une borne rapide pour 100 véhicules.

    Toujours selon EV Belgium, actuellement, cette densité de bornes est respectée en RW, ce qui permet de raisonnablement rencontrer les besoins ; mais seulement les besoins actuels, et sans tenir compte du trafic de transit. Et comme le nombre de voitures électriques augmente rapidement, il y a lieu d’étendre bien évidemment le parc de bornes en conséquence.

    C’est pourquoi, en plus du déploiement des bornes accessibles au public à l’initiative du privé, je développe un programme de déploiement de 6 000 points équivalents. Ce programme s’exécute avec le soutien du PNRR et deux déploiements sont en cours d’exécution.

    Quelle est la situation actuelle ?

    Sur le volet de la mise en concession de bornes sur le domaine communal, sur base d’une analyse technique menée par les ADTs, une proposition de plus de 4 200 points équivalents a été proposée aux communes. En retour, elles ont manifesté un intérêt pour 2 485 emplacements de parking destiné à du rechargement, soit plus de 3 300 points équivalents. Nous avons donc proposé un plan de déploiement qui dépassait leurs attentes. Les ADTs ont finalisé mi-septembre une proposition de cahier des charges, au niveau juridique et technique. Ce projet est à l’examen actuellement à l’administration (SPW MI).

    Le projet ayant évolué, c’est bien une seule centrale d’achat unique pour la mise en concession qui est organisée par les ADTs, au nom des communes. L’avantage, des ADTs plutôt que la RW, est que les ADTs pourront suivre la bonne exécution de l’installation des bornes, ce qui est un point d’attention important pour leurs communes.

    Sur le déploiement des bornes rapides sur le réseau structurant, vu les 48 sites identifiés, vu le règlement AFIR et étant donné les contraintes des opérateurs qui préfèrent installer 6 à 8 bornes rapides par sites, nous allons dépasser largement les 1 000 points équivalents initialement inscrits dans le PNRR. Le plan de déploiement de la SOFICO est en préparation de leur côté, sur base d’une part d’une étude menée par STRATEC qui leur a été remise en juillet dernier, et sur base d’informations données par les GRD, la plus grande difficulté résidant dans l’acheminement de la puissance nécessaire. Si 6 points de chargement de 150kW sont déployés sur 40 sites, ça équivaut à plus de 3 000 points équivalents.

    Au total, nous sommes en ordre de marche pour rencontrer l’objectif fixé à juin 2026. Mais ce n’est qu’une étape, et d’autres mesures sont inévitablement appelées dans les années à venir.

    Concernant l’inquiétude de l’honorable membre sur l’obtention d’une offre équitable à travers toute la Wallonie, le déploiement des bornes dans toutes les communes permet d’obtenir cette offre. En effet, la cartographie a été mise en place pour répartir les bornes de 22kW sur toute la Région wallonne en fonction de la densité de population et d’autres critères d’attractivité et aucune commune n’a été épargnée. En revanche, la cartographie montre que certaines zones sont défavorisées par rapport à la disponibilité du réseau électrique. Mais les sites orange, qui correspondent à une moins bonne disponibilité du réseau que les sites verts, ne seront pas pénalisés en termes d’installation de borne de rechargement. Il n’y a que les sites en rouge qui ne pourront pas être envisagés dans ce premier déploiement, car l’adaptation du réseau électrique prendrait trop de temps.

    Il faut également rappeler que l’installation des bornes dans les communes sont des bornes de 22kW, qui seront utilisées principalement en journée (lorsque le citoyen fait ses courses, son sport …).

    Ce déploiement ne constituera pas un problème pour le réseau.