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La transmission des entreprises

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 14 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 12/09/2023
    • de LENZINI Mauro
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    En Wallonie, les entreprises familiales représentent une part non négligeable de l'emploi. Pourtant, plus de 8 entreprises familiales sur dix rencontrent des difficultés à céder leur activité. Les très petites entreprises (TPE) sont encore plus touchées par ce phénomène.

    Par conséquent, le Gouvernement, à l'initiative de Monsieur le Ministre, a mis en place le projet visant à accentuer l'accompagnement à la transmission des entreprises afin d'augmenter leur croissance via la valorisation de la reprise d'entreprise comme modalité d'entrepreneuriat.

    Des services et outils avaient déjà été déployés à cet effet, notamment « Chèques Entreprises ». Cependant, d'autres axes d'action ont été définis. D'abord celui de la sensibilisation, puis celui des commerçants/TPE et des entreprises familiales. Cela afin de répondre au mieux aux besoins par le biais de formations, d'ateliers de réflexions, etc.

    Monsieur le Ministre peut-il nous préciser quelle est la prochaine étape dans le processus de sensibilisation du public cible ?

    À partir de septembre, Wallonie Entreprendre organisera des « clubs repreneurs » entièrement dédiés à la place des femmes dans l'entrepreneuriat. Quelles sont les autres actions existantes pour promouvoir la place de la femme dans cette activité, sachant que la matière n'est pas strictement dans les compétences de Monsieur le Ministre, mais partagée avec ses collègues au niveau du Gouvernement ?

    Quand les formations des conseillers de Wallonie Entreprendre spécifiques à la transmission familiale débuteront-elles ?
  • Réponse du 25/09/2023
    • de BORSUS Willy
    Selon l’IWEPS, le taux de vieillissement global des entreprises wallonnes est de 23 %. Le nombre total d’ETP potentiellement concernés par la transmission d’entreprises pour cause d’âge des dirigeants avoisine les 100 000 emplois (étude menée sur l’horizon 2020-2025). Il est par ailleurs constaté dans le chef des très petites entreprises (TPE) une exposition plus manifeste au vieillissement et une anticipation moins évidente face à cet enjeu.

    L’étude menée par Belfius en 2021 amène un éclairage complémentaire concernant les entreprises familiales. Jusqu’à 82 % des entreprises familiales ont potentiellement des difficultés à céder leur activité et ce sont surtout les petites entreprises familiales qui sont concernées par une succession potentiellement problématique.

    Le nombre de transmissions d’entreprise augmente d’année en année, et le phénomène devrait s’accélérer à l’avenir avec le départ à la retraite d’une génération fort entreprenante issue du « baby-boom ».

    Wallonie Entreprendre publie chaque année une étude sur les chiffres clés de la transmission d’entreprise en Wallonie. Certains faits émanant du rapport publié en 2022 peuvent être mis en exergue afin d’orienter une vision et une politique d’avenir concernant la transmission d’entreprises en Wallonie :
    - plus de 80 % des transactions sont des dossiers en dessous de 5M€, ce qui est le segment principal dans lequel les partenaires agréés de Wallonie Entreprendre (anciennement Sowalfin Transmission) sont actifs, mais qui est également un reflet du tissu économique wallon, composé à 95 % de PME ;
    - après les secteurs de la construction, le secteur du commerce de détail alimentaire et celui du commerce non alimentaire représentent les secteurs se positionnant à la seconde et à la troisième position du plus grand nombre de transmissions ;
    - le marché se répartit entre différents acteurs. Il est dominé par les acquéreurs stratégiques (48 %), suivi par les acquéreurs individuels (28 %), les transmissions familiales (15 %) et en moindre mesure les acquéreurs financiers (5 %) et les MBO (4 %).

    Les diverses études menées ces dernières années sur la transmission d’entreprises apportent, elles aussi, un éclairage complémentaire, en particulier sur les transmissions familiales et le secteur du commerce :
    - 80 % des entreprises familiales belges sont susceptibles de rencontrer des difficultés au moment de la transmission aux successeurs. Plus de 18 % des entreprises familiales wallonnes vont être concernées par une transmission des activités à court terme et que les entreprises familiales représentent 50 % de l'emploi ; une amplification du soutien à la transmission est essentielle ;
    - le commerce est le secteur le plus représenté parmi les entreprises potentiellement transmissibles tout comme les entreprises de moins de 5 travailleurs. Ces dernières sont significativement plus confrontées à l’enjeu de la transmission. Un profil d’entreprise « transmissible » se démarque donc, une société sur cinq est en effet un commerce de moins de 5 travailleurs.

    À travers le Plan de relance, j’ai initié, avec Wallonie-Entreprendre en juillet dernier, le lancement d’un projet de sensibilisation générale à la transmission d’entreprises avec l’accent sur les entreprises familiales et les TPE/commerçants. Concrètement, une campagne de communication sera lancée dans les semaines à venir pour sensibiliser et informer ces publics cibles. Le but sera notamment de les diriger vers les aides existantes, comme, par exemple, le test en ligne pour évaluer le degré de préparation à la transmission, les listes d’experts privés compétents en matière de transmission en lien avec les chèques-entreprises et vers la plateforme numérique de mise en relation entre cédant et repreneur « Affaires à suivre ».

    En parallèle, une réflexion est en cours sur les outils existants pour veiller à leur adéquation aux besoins de ce public cible spécifique.

    En outre, une nouvelle édition de la Semaine de la Transmission d’entreprise est prévue du 13 au 17 novembre prochain. Le planning d’activités sera tout prochainement communiqué par Wallonie-Entreprendre. Il comportera tant des actions de sensibilisation et de communication à destination des entrepreneurs cédants/repreneurs potentiels que des témoignages de projets de reprise ainsi que de nombreuses conférences et séminaires « techniques ».

    Outre ces actions de sensibilisation, Wallonie Entreprendre met également l’accent sur l’accompagnement des projets de transmission sur les différents aspects techniques (juridique, comptable, montage financier) via un réseau d’experts en cession/acquisition. La qualité de l’accompagnement d’une reprise à chaque étape du processus est gage de succès d’une transmission, et dès lors de la pérennité de son activité et de l’emploi.

    Les différents dispositifs de sensibilisation et d’accompagnement mis en place par la Wallonie ont permis l’année dernière la concrétisation de 358 transmissions d’entreprises sur notre territoire, et la pérennisation de 4 990 emplois. Il est donc essentiel de les maintenir et de les renforcer.

    Concernant les clubs repreneures dont l’honorable membre fait référence, j’ai soutenu l’initiative de WE de mettre sur pied des clubs repreneurs 100 % féminins afin d’attirer plus de femmes dans l’entrepreneuriat via la transmission d’entreprise. Ces clubs en eux-mêmes existent depuis plus de 10 ans et ont permis de sensibiliser plus de 1 000 entrepreneurs, mais trop peu étaient des femmes. Le 21 septembre dernier, le premier club repreneures s’est donc tenu et a accueilli une vingtaine de femmes intéressées par l’entrepreneuriat. Je souhaite que ces clubs puissent inclure plus de femmes lors de ces prochaines éditions.

    Ce ne sont pas ces clubs seuls qui à eux seuls vont faire changer la tendance sur la place des femmes dans l’entrepreneuriat. Ce sont bien de changements structurels en matière de sensibilisation et de communication, mais aussi d’accompagnement qui doivent être menés. Je me réjouis, dès lors, que Wallonie-Entreprendre prenne le sujet au sérieux et fasse évoluer l’entièreté de ses dispositifs. Je me permets par ailleurs de relayer une nouveauté essentielle dans la recherche d’une parité de genre dans l’entrepreneuriat : depuis quelques années 50 % des investment managers au sein de WE sont des femmes. Il est essentiel de maintenir cette approche.

    Enfin, en ce qui concerne la formation des conseillers de WE à la transmission d’entreprises, plusieurs formations sont encore planifiées en 2023. Une a déjà eu lieu le 19 septembre dernier et l’autre se tiendra le 10 octobre prochain. Ces formations visent à renforcer les compétences des conseillers de Wallonie Entreprendre ainsi que du réseau de conseillers locaux (UCM, CCILB, CCILVN et WFG). Il s’agit d’aborder des questions notamment de gestion de patrimoine dans le cadre de transmission familiale.

    Par ailleurs, une conférence de clôture de la Semaine de la Transmission sera organisée le 16 novembre avec un formateur international sur le « Choc des générations », un sujet particulièrement impactant dans un contexte de transmission familiale.

    Le sujet de la transmission d’entreprise est donc un pilier majeur de ma politique en termes de soutien et de développement de l’entrepreneuriat tout comme l’augmentation du nombre de femmes dans ce secteur qui est un réel levier de croissance pour la Wallonie.