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La mise en œuvre du Plan nutrition santé au sein des maisons de repos

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 8 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 12/09/2023
    • de MENGONI Sophie
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    La Wallonie, via l'Agence pour une vie de qualité (AViQ), a décidé, dans le cadre des recommandations du Plan national « nutrition santé » pour les personnes âgées, de faire évoluer la situation des repas et l'environnement lié à l'alimentation dans les maisons de repos et de soins (MRS), et ce, en appuyant les démarches intégrées permettant l'application des chartes sur l'alimentation et la nutrition.

    Ce plan s'articule autour de plusieurs axes fondamentaux : l'information et l'orientation des gestionnaires et du personnel, la prévention, le dépistage et la prise en charge des phénomènes de dénutrition et de troubles nutritionnels, l'implication des professionnels, la mise en place de systèmes de surveillance alimentaire, le développement d'outils pour faciliter l'application de la charte alimentaire et nutritionnelle, et la mise en place d'actions destinées aux publics cibles.

    Je voudrais vraiment saluer cette initiative. L'enjeu fondamental, c'est de permettre à nos personnes âgées notamment, qui sont plus vulnérables, de prendre soin d'eux et de vieillir en bonne santé.

    Le défi est immense, je me permets de relayer à Madame la Ministre de nombreuses situations difficiles vécues dans plusieurs MRS, y compris publiques, comme, entre autres, la disparition des cuisines collectives au sein d'établissements, au profit d'une externalisation de la préparation de repas.

    Cela suppose de recourir à des cahiers des charges qui ne sont pas toujours construits autour de clauses liées à la saisonnalité et à la fraicheur des fruits et légumes, ou au caractère local, voire bio, des produits. De même, dans ces situations de repas préparés en externe, les repas sont acheminés et arrivent donc parfois en retard, pas toujours à bonne température, avec des quantités insuffisantes, etc.

    Ce sont des constats de terrain qui me reviennent et qui, je pense, illustrent que nous devons être attentifs à avoir un regard multidimensionnel sur les projets et actions de soutien des maisons de repos, de leur personnel et de leurs résidents. C'est un peu l'idée du modèle suédois « TUBBE » de gestion et d'organisation des Maisons de repos que Madame la Ministre a valorisé et qu'elle souhaite disséminer.

    Combien de maisons de repos a-t-elle pu intégrer dans cette première étape du Plan wallon  nutrition santé ?

    Les expériences pilotes qui sont menées sont-elles bien organisées autour d'équipe pluridisciplinaire, intégrant un professionnel de la santé comme un(e) diététicien(ne) ?

    Quelles sont les prochaines étapes prévues pour généraliser ces actions sur le territoire ?
  • Réponse du 05/10/2023
    • de MORREALE Christie
    À la suite de la création du Plan wallon nutrition santé et bien-être des aînés dont la Charte qualité nutrition est l’ossature, la première étape a été de tester l’implémentation de cette charte du PNNS dans 8 maisons de repos volontaires par un test opérationnel.

    Les objectifs spécifiques de ce test étaient :
    • observer les pratiques nutritionnelles avant toute intervention ;
    • observer par un test grandeur nature la faisabilité des mesures préconisées dans la charte ;
    • mesurer l’impact de la mise en application de la charte en maisons de repos comme référentiel qualité ;
    • établir une première appréciation des coûts relatifs à la mise en application de cette charte (temps de travail supplémentaire par personnel) ;
    • relever les effets imprévisibles de la mise en œuvre de cette charte.

    Dans 6 de ces établissements, une diététicienne de l’Union professionnelle des diététiciens de langue française (UPDLF - opérateur partenaire) était présente au côté du personnel pendant 6 mois afin de les aider à la mise en œuvre de la charte, mais elle avait aussi une tâche de rapportage pour l’étude.

    Dans les 2 autres établissements, la diététicienne était remplacée par un référent nutrition (non-diététicien) choisi par l’établissement au sein de son personnel. Ce référent avait les mêmes tâches que la diététicienne dans les autres maisons de repos. Ici, la diététicienne de l’UPDLF avait une tâche d’aide à distance auprès du référent nutrition et elle avait aussi une tâche de rapportage pour l’étude.

    Les conclusions générales de ce test sont les suivantes :
    • le rôle crucial du médecin coordinateur en duo avec l'infirmier responsable comme appui au changement lorsqu'il s'agit de déployer de nouvelles stratégies de soins ;
    • le médecin traitant, malgré son rôle fondamental dans le parcours du résident dénutri, est davantage insaisissable lorsqu'il s'agit d'introduire de nouvelles procédures, même lorsque le problème de santé prévaut à grande échelle parmi sa clientèle âgée. D’où la nécessité de le sensibiliser ;
    • un impératif de formation en nutrition de l’ensemble du personnel s'est manifesté tout au long du test, avec un accent particulier pour les cuisiniers ;
    • la nécessité d’une diététicienne pour élaborer les prises en charge nutritionnelles ;
    • le référent nutrition, s’il est présent, doit faire partie du personnel soignant ;
    • quelques petites modifications ont été apportées à la Charte qualité nutrition du PNNS, car quelques sous-critères n’étaient pas pratiquement réalisables. Cette charte testée est donc appelée dorénavant la Charte Qualité Alimentation-Nutrition du PWNS-be-A.

    Les résultats de ce test ont fait l’objet d’une publication.

    Ces conclusions ont été la base des projets suivants :

    - Des formations nutritionnelles ont été élaborées avec l’Enseignement de promotion sociale de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour le personnel en MR/MRS. Ces formations consistent en 3 ensembles de modules adaptés suivant le type de personnel de la maison de repos qui débouche sur un brevet :
    o modules pour le personnel infirmier et le personnel paramédical ;
    o modules pour le personnel aide-soignant ;
    o modules pour le personnel de cuisine.

    - Une certification pour l’adhésion à la charte :

    Lors de sa conception, la charte devait permettre à terme l’obtention d’un label régional « Qualité Alimentation-Nutrition » par les maisons de repos.

    Un cahier spécial des charges a été élaboré permettant aux maisons de repos et maisons de repos et de soins d’adhérer à la Charte qualité alimentation-nutrition et de prétendre au label régional de certification « Qualité-Nutrition » du PWNS-be-A. Ce cahier spécial des charges identifie 25 sous-critères de la charte à mettre en œuvre pour obtenir la certification.

    - Un accompagnement des établissements pour l’adhésion à la charte :

    Afin d’aider les établissements à rencontrer ces sous-critères de la charte, ils peuvent bénéficier sous conditions d’une aide, d’un accompagnement par un diététicien spécialisé en gériatrie de l’UPDLF.

    Lorsqu’un établissement a envoyé ses 3 membres de personnel aux formations nutritionnelles, et afin d’aider à implémenter les acquis, l’AViQ offre la possibilité de bénéficier gratuitement d’un accompagnement d’un minimum de deux demi-journées par une diététicienne spécialisée en gériatrie de l’UPDLF.

    Actuellement, plusieurs dizaines d’établissements sont en cours d’accompagnement ou ont été accompagnés et 5 maisons de repos ont obtenu le label régional « Qualité Alimentation-Nutrition ». De plus dernièrement, deux établissements se sont portés candidat à la certification et feront bientôt l’objet d’un audit.

    Actuellement, nous ne sommes plus au stade d’expériences pilotes. Cinq établissements sont officiellement labellisés. La Charte qualité alimentation-nutrition prévoit la présence d’un responsable « Qualité & Nutrition » qui doit avoir le diplôme de bachelier en diététique (sauf dérogation). Elle précise également certaines de ses missions, dont son travail au sein d’une équipe pluridisciplinaire. Le responsable « Qualité & Nutrition » a aussi le rôle important de faire le lien entre la cuisine et le soin.

    Le processus de certification à la Charte est lancé et petit à petit les demandes d’adhésion arrivent.

    L’accompagnement des établissements pour l’adhésion à la charte remporte actuellement un grand succès et une nouvelle vague de demandes va arriver à la suite des formations nutritionnelles en cours.

    En parallèle, l’adoption d’un arrêté du Gouvernement relatif notamment à la nutrition – l’autre aspect concernant la continence et sa préservation – est en cours. Il devrait être adopté prochainement en deuxième lecture, à l’issue des consultations auprès des différents organes.