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La nouvelle liste des métiers en pénurie

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 11 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 12/09/2023
    • de AHALLOUCH Fatima
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Le FOREm a récemment actualisé la liste des professions en tension de recrutement en Wallonie. On dénombre désormais 158 emplois en tension, contre 141 l'année passée.

    De nouveaux métiers, 42 au total, apparaissent dans cette liste avec par exemple les fonctions de désamianteur, de conducteur de machines agricoles et forestières, d'esthéticien, d'opticien ou encore de pharmacien. Le secteur le plus touché par cette désaffection demeure celui de la construction qui concentre 56 métiers en tension de recrutement. À l'heure actuelle, le nombre de postes non pourvus dans le secteur oscille entre 6000 et 7000 en Wallonie, contre 38 500 sur l'ensemble du territoire.

    Ces chiffres sont préoccupants, à la lumière notamment du défi de la transition écologique qui repose pour une grande part sur la rénovation du bâti existant. D'ici 5 ans, le nombre de personnes recherchées atteindra les 30 000 postes, ce qui laisse présager des pénuries plus importantes qui auront des conséquences néfastes sur nos ambitions climatiques.

    Quel est le regard de Madame la Ministre sur cette nouvelle liste publiée par le FOREm ?

    Pourrait-elle nous donner un retour des mesures qui ont été prises par la Région wallonne dans le passé, notamment en matière de formation ?

    Existe-t-il une concertation entre les différents acteurs impliqués, la Région, le FOREm et la Fédération Wallonie-Bruxelles notamment ?

    Plus spécifiquement, quelles mesures a-t-elle ou compte-t-elle prendre pour endiguer la pénurie dans le secteur de la construction ?
  • Réponse du 02/10/2023
    • de MORREALE Christie
    Face à cette situation de pénurie de travailleurs dans de nombreux métiers, dont celui de la construction, des mesures sont prises et activées pour améliorer l’image du secteur, mais aussi pour équiper nos structures de formation afin de former aux compétences de base, d’expertise et d’avenir, tant dans mon champ d’intervention privilégié qu’est le FOREm, qu’en concertation avec le Ministre Borsus (en charge de l’IFAPME et des Centres de Compétences), la Ministre Désir (en charge de l’éducation) et le secteur de la Construction dans ses différentes composantes, via Embuild.

    Ainsi, au travers de différents projets du Plan de relance (315, 29 …), nous (co)développons des activités identifiées comme de réels leviers pour répondre à cette situation :
    - les incitants financiers :
    o une prime financière de 2 000 euros incitant à la formation dans le secteur tant pour les demandeurs d’emploi fréquentant le FOREm que pour les apprenants fréquentant l’IFAPME ;
    o une intervention financière couvrant le coût d’un permis de conduire pour les publics mentionnés ci-dessus ;
    - l’amélioration de l’image du secteur, avec notamment :
    o la mise en œuvre d’action à destination du public féminin afin de déconstruire les stéréotypes de genre en vue de favoriser l’intégration des femmes dans ce secteur ;
    o une campagne de promotion des métiers construite avant le secteur afin de sensibiliser les jeunes aux nouvelles réalités, déconstruire les mythes et montrer l’importance de la construction dans les enjeux de la transition. Cette campagne comporte également une dimension genre afin de féminiser le secteur ;
    o des communiqués du FOREm réguliers sur les formations dans la construction. De nombreuses actions de notoriété et d’activation des demandeurs d’emploi sont mises en place dans toute la Wallonie ;
    o ces campagnes sont relayées par le FOREm lors de journées thématiques, sur leur site web et les différents réseaux sociaux. Le FOREm réalise également des podcasts dédiés spécifiquement au secteur de la construction ;
    o le parcours de formation dédié au métier organisée par le centre de formation de Saint-Servais est mis en visibilité au travers de la série de documentaires « Les Nouveaux bâtisseurs » diffusée dernièrement sur La Une ;
    - le matching entre l’offre et la demande d’emploi :
    o en ce qui concerne les offres d’emploi, le FOREm organise les mardis d’avenir, les jobdays, les séances d’info et participe à plusieurs salons en lien avec le secteur ;
    o au travers des Cités et Carrefours des Métiers, tant l’IFAPME que le FOREm et l’Enseignement de promotion sociale de plein exercice ou supérieur, accompagnent des milliers de demandeurs d’emploi en suscitant, motivant, et orientant, entre autres, vers ce secteur ;
    - renforcement de l’équipement des Centres de formation :
    o en ce qui concerne l’offre de formation des centres de compétence, elle répond aux attentes réelles du secteur tout en anticipant l’évolution des besoins par des approches prospectives. Issus d’un partenariat entre le public et le privé, les Centres de compétence wallons sont également des pôles de veille technologique et de sensibilisation sur les métiers d’aujourd’hui et de demain ;
    o création de l’« Eco-Centre » à Belgrade ;
    - un partenariat étroit avec Embuild :
    o la Fédération de la construction (Constructiv) et Embuild sont associés aux des démarches de réflexion, de sensibilisation ou de construction de projet.

    Depuis septembre 2021, des « Triangles d’Or » au sein des territoires font se rencontrer les équipes FOREm, Constructiv, Embuild et les organisations syndicales. Lors de ces moments d’échanges pluriannuels, les points tels que les actions à mener ou les besoins des entreprises du territoire sont discutés ;
    o des comités stratégiques existent également à un niveau plus méta dans le but de discuter ces éléments au niveau de la Wallonie.

    Les effets de ces différentes actions peuvent être mesurés. Le FOREm a accueilli 1 036 nouveaux stagiaires au 2e semestre 2021 et le nombre de stagiaires continue d’augmenter. Pour l’année 2022, pas moins de 2 136 demandeurs d’emploi sont entrés en formation « construction » au FOREm. Cette progression continue en 2023, avec 1 118 entrées au 31 mai 2023.

    Enfin, le 1er juin dernier, je participais à un kern avec le secteur pour y confirmer ces différentes actions et poursuivre dans cette direction. Pour répondre au défi de la transition écologique reposant pour une grande part sur la rénovation du bâti existant, le FOREm, à travers la plateforme Wallonie compétences d’avenir, est un acteur fortement impliqué dans les travaux de l’alliance Climat-Emploi Rénovation.

    Ces travaux portent, pour le secteur de la construction, sur une stratégie d’orientation, de sensibilisation et de formation à la rénovation durable. Dans ce cadre, plusieurs travaux sont en cours et vont être lancés dans les prochains mois dont le déploiement et la généralisation d’une formation sur les principaux enjeux environnementaux du secteur de la construction et les réponses que la construction peut apporter tant aux demandeurs d’emploi qu’aux travailleurs, mais aussi aux élèves qui viennent se former dans les centres de compétences actifs dans le secteur de la construction.

    Des travaux, concernant la création de webinaires de sensibilisation et d’information pour les acteurs du secteur avec une attention pour les bacheliers en construction et les chefs de chantier qui sont des profils clefs pour conduire la transition sur le terrain, sont également en cours.

    Afin d’apporter une réponse structurelle au déficit d’attractivité des métiers de la construction, il convient également de s’interroger sur les conditions de travail et de rémunération qui expliquent, au moins en partie, les difficultés de recrutement rencontrées dans ce secteur.