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Le débat sur le permis vélo

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 15 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 26/09/2023
    • de GALANT Jacqueline
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    Ces dernières années, nous avons assisté à l'essor de la pratique du vélo, et ce, notamment dans les grandes agglomérations.

    S'ils n'ont pas une méconnaissance totale du Code de la route, certains nouveaux cyclistes n'en ont parfois que des connaissances lacunaires. Cela a pour conséquence une multiplication des infractions et, a posteriori, des tensions peuvent émerger entre les cyclistes et les autres usagers de la route.

    Le journal La Dernière Heure a mené une observation qui a mené à un constat : 30% des cyclistes ont brûlé un feu rouge. Et selon un sondage du même quotidien, 66% de leurs répondants estiment qu'il faut mettre sur pied un permis cycliste.

    Des discussions sur le sujet ont-elles eu lieu avec les collègues de Madame la Ministre en charge de la Mobilité ? A-t-elle défini une position ?
    Le cas échéant, a-t-elle demandé à ses services de travailler sur le sujet ?

    La dernière campagne de prévention de l'AWSR est notamment destinée au respect du Code de la route pour les cyclistes. Comment travaille-t-elle à renforcer cette prévention, notamment dans le Quiz de la route ?
  • Réponse du 16/10/2023
    • de DE BUE Valérie
    Les Wallons sont effectivement de plus en plus nombreux à choisir le vélo pour leurs déplacements.

    En 2022, selon une enquête effectuée par le SPF Mobilité, plus de 1 Wallon sur 4 (28 %) déclare l’utiliser au moins plusieurs fois par mois.

    Parmi les Wallons qui choisissent le vélo pour se déplacer, 43 % déclarent l’utiliser afin de se rendre au travail et 38 % pour réaliser des trajets utilitaires comme faire les courses.

    Le rappel des règles à l’ensemble des usagers de la route est essentiel pour assurer un partage de la route en sécurité entre les cyclistes et les autres usagers.

    Dans ce contexte, à l’instar de la campagne de prévention destinée au respect du Code de la route par les cyclistes citée dans la question, l’AWSR réalise régulièrement des campagnes de sensibilisation concernant la sécurité des cyclistes lors desquelles elle diffuse des messages de prévention destinés tant aux cyclistes qu’aux automobilistes.

    En 2023, 2 grandes campagnes de ce type ont d’ores et déjà été menées :

    • Au printemps, nous avons pu voir la campagne sur la distance à respecter lors du dépassement d’un cycliste sur les réseaux sociaux, mais aussi via des affiches apposées à l’arrière d’une centaine de bus Tec ainsi qu’au travers d’un spot radio diffusé sur les principales chaines francophones.

    • Actuellement, une campagne sur le partage de la route entre cyclistes et automobilistes est également menée dans plusieurs grandes villes de Wallonie au moyen d’un affichage urbain, mais aussi mobile via des vélos publicitaires.

    Celle-ci vise à rappeler les bons comportements et les règles essentielles à respecter pour protéger les cyclistes.

    Étant particulièrement sensibles à la visibilité des modes actifs, nous prévoyons une grande campagne spécifique sur cette thématique courant de l’automne.

    À côté des campagnes de sensibilisation, le Quiz de la route consacre effectivement une partie importante des questions aux règles relatives à la mobilité douce. Chaque année, plus de 110 000 participations sont enregistrées et le Quiz reste ensuite en ligne toute l’année, permettant à chacun de revoir le Code de la route quand il le souhaite.

    Au-delà de cette sensibilisation, faut-il aller jusqu’à l’instauration d’un permis cycliste ?

    En quelque sorte, il existe déjà : il s’agit du brevet du cycliste. Comme l’honorable membre le sait, il est proposé aux enfants de 5e primaire et constitue un apprentissage à la conduite du vélo en sécurité et en autonomie dans la circulation.

    D’un point de vue opérationnel, cet apprentissage se déroule en plusieurs étapes :

    La première étape est consacrée à une partie théorique sur le Code de la route ainsi qu’à l’explication des bons comportements et infrastructures spécifiques aux cyclistes.

    Ensuite vient l’étape des exercices pratiques, d’abord en site protégé et après en circulation.

    Au total, 30 h de cours théoriques et exercices pratiques sont répartis sur 3 journées.

    Lors de la dernière étape, les élèves passent leur brevet : ils s’exercent individuellement sur un parcours sur la voie publique et sont évalués par des examinateurs à chaque point stratégique.

    Chaque élève obtient une évaluation globale de son parcours.

    À l’issue de celle-ci, l’enfant reçoit donc son brevet attestant la maîtrise des comportements à adopter sur une voirie à vélo.

    Je n’ai pas attendu les polémiques récentes dans la presse à ce sujet pour en identifier tout l’intérêt. Il figure parmi les 10 priorités que j’ai retenues des États généraux wallons de la sécurité routière tenus fin 2020.

    Comme déjà indiqué précédemment, je souhaite généraliser le brevet du cycliste à tous les élèves de 5e primaire à l’horizon 2030 via le développement d’un soutien structurel dans le cadre scolaire.

    Le décret-cadre relatif aux agréments, actuellement en projet, devra permettre d’assurer une couverture plus importante - et idéalement complète - du territoire via l’agrément de différents opérateurs habilités à dispenser le brevet du cycliste.

    Concrètement, l’enveloppe actuelle permet d’organiser le brevet du cycliste dans 524 classes réparties au sein de 53 communes wallonnes.

    Une autre piste, toujours en chantier, est que cette dimension soit intégrée dans la formation initiale et continuée des enseignants du fondamental ainsi que dans les référentiels du tronc commun.

    Plus loin que les brevets dispensés en primaire, le projet sur pied est d’assurer un continuum pédagogique en offrant une formation aux jeunes du secondaire, d’abord aux élèves du premier degré, ensuite aux rhétos, afin de fixer les bases acquises et poursuivre l’éducation à la sécurité routière. Ces formations seront testées en phase pilote durant cette année scolaire.

    En complément de ces animations, les cellules Éducation prévention (CEP) auprès des Gouverneurs des Provinces subventionnées via le budget sécurité routière se déplacent également dans les écoles et proposent des exercices au moyen d’une piste d’habileté vélo et d’une piste d’éducation routière.

    L’appel à projets en éducation à la mobilité et à la sécurité routière lancé chaque année à destination des ASBL et communes permet également d’acquérir du matériel et des outils pédagogiques visant l’apprentissage du vélo en milieu scolaire.

    Enfin, pour un public d’adultes, le département formation de l’AWSR anime des modules spécifiques sur le vélo - dont un vise particulièrement le vélo électrique - contenant tant une partie théorique, avec le rappel des règles, que pratique.

    Concernant ces règles justement et le franchissement du feu rouge, il faut noter que les cyclistes peuvent passer au rouge dans plusieurs circonstances qui ne sont pas forcément des infractions, ou qui n’occasionnent pas forcément des problèmes de sécurité. Par exemple, si un panneau B22-B23 est placé sur le feu, le cycliste a le droit de passer au rouge en cédant la priorité aux autres usagers.

    Enfin, a priori, le fait de franchir un feu rouge n’est pas lié à un problème de connaissance de la règle, tout le monde sait que le feu rouge signifie « interdiction de passer ». Avoir ou non un permis « vélo » n’aurait donc aucune influence dans ce cas.

    D’autant que selon les enquêtes réalisées par l’AWSR, quasi 90% des cyclistes wallons sont aussi automobilistes. La grande majorité d’entre eux disposent donc déjà d’un permis de conduire.

    Il convient ici, plutôt, d’intensifier les contrôles et les sanctions à l’égard de ces cyclistes imprudents. C’est le rôle de la police et de la Justice. Je ne peux qu’appeler de mes vœux qu’ils s’en saisissent davantage. Les brigades cyclistes qui se développent dans les villes et communes pourront y contribuer utilement.