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La pénurie de chauffeurs de bus au sein des TEC

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 82 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 27/09/2023
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    La pénurie de chauffeurs en Wallonie n'est pas nouvelle, mais semble s'être aggravée davantage depuis la crise sanitaire de la Covid-19. En effet, nombre de chauffeurs auraient quitté leur poste à cette période.

    Partenaire des autorités, la Fédération belge des exploitants d’autobus et d’autocars tirait dernièrement elle aussi un cri d'alerte.

    Dans un article de La Libre du 23 août 2023, on apprenait que la Wallonie recherchait 294 chauffeurs avant la fin de l'année.

    En collaboration avec le FOREm, les TEC ont d'ailleurs organisé 5 "jobdays" ces derniers mois pour pallier ce manque avec la volonté de recruter 496 conducteurs, dont 160 pour le Hainaut.

    Je le sais conscient de la problématique, Monsieur le Ministre pourrait-il néanmoins nous dire si cette pénurie de personnel a entrainé un raccourcissement voire l'annulation de certains trajets ?

    A-t-elle aggravé la situation que rencontrent les écoliers actuellement ?

    Le recours aux "Flexi-Jobs" est-il envisageable ? Sinon quels en sont les obstacles ?

    Quel bilan tire-t-on des derniers jobdays ?

    Le nombre de formateurs au FOREm est-il suffisant ?

    Les agressions répétitives sont-elles, elles aussi, responsables du manque d'engouement pour cette filière ?

    S'agit-il d'ailleurs d'un désintérêt ou d'un manque de compétences suffisantes ?
  • Réponse du 30/10/2023
    • de HENRY Philippe
    Le manque de chauffeurs touche au cœur même de la mobilité de tout un chacun puisque celui-ci a un impact direct sur la production kilométrique du TEC. Il est dès lors essentiel de multiplier encore et encore les actions.

    Entre janvier et aout 2023, 306 035 km n’ont pas été effectués par manque de personnel, ce qui représente 0,6 % des km effectués sur la même période. Cette catégorie « manque de personnel » reprend toutefois aussi les absences du personnel telles que les maladies ou les accidents de travail.

    La situation des écoliers est double, car ils sont en partie impactés sur les services réguliers, mais aussi dans le cadre du transport scolaire destiné essentiellement aux écoles de l’enseignement spécialisé et qui est entièrement sous-traité à des opérateurs privés. Pour la situation du transport scolaire, on estime que 97 % des circuits sont effectués au lieu de près de 100 % avant Covid.

    En ce qui concerne les flexi-jobs, la situation est différente qu’il s’agisse de la régie ou de la sous-traitance (et spécifiquement pour le transport scolaire). Alors qu’un conducteur en régie a le plus souvent un horaire complet, un conducteur de transport scolaire ne preste que quelques heures par jour (le matin et à la sortie des cours) et uniquement pendant les jours scolaires (donc pas pendant les weekends ou les vacances).

    Avoir recours à des flexi-jobs pour le métier de conducteur en régie ne semble pas être une bonne option. En effet, les personnes en possession d’un permis D avec CAP sont des profils qui trouvent très rapidement un emploi stable et pérenne, ce qui est demandé par la grande majorité des candidats et constitue un critère d’attractivité du TEC en tant qu’employeur.

    Par contre pour le transport sous-traité et particulièrement le transport scolaire, vu le type de services effectués, compte tenu de la moyenne d’âge des chauffeurs (51 ans), les flexi-jobs sont une solution pour remédier efficacement à la pénurie de chauffeurs. Le Gouvernement fédéral a par ailleurs autorisé, lors de son conclave budgétaire, l’utilisation de flexi-jobs dans le secteur des autobus et autocars. La FBAA s’en est félicitée et estime que les chauffeurs de bus à temps partiel seront désormais moins enclins à se rendre dans des secteurs où les emplois flexibles sont (également) autorisés.

    Le bilan des jobdays est très satisfaisant pour le TEC : 45 personnes engagées et formées, soit 9.5 % du besoin en effectif global.

    Le TEC ne recourt pas au FOREm pour la formation des candidats conducteurs.

    En effet, le TEC dispose de ses propres auto-écoles. Par contre, le secteur privé y a bien recours malgré des délais d’attente assez importants ; le nombre de formateurs a déjà été pointé comme un facteur y contribuant.

    Le désintérêt envers le métier de conducteur provient de plusieurs facteurs, dont deux principaux :
    - la pénibilité du métier (horaires, conditions de circulation, agressivité de certains clients et des autres usagers de la route …) ;
    - pour certains, malgré l’absence de diplôme requis, le salaire annoncé lors des sessions d’information rend le métier peu attractif.

    La Wallonie n’est malheureusement pas exempte de cette problématique de pénurie de chauffeurs. Elle touche également d’autres régions comme la France, le Canada ou la Flandre. La Flandre est par ailleurs très fortement impactée, bien plus que la Wallonie. Nous ne devons toutefois pas relâcher nos efforts et poursuivre tant les campagnes de communication, les jobdays, l’encadrement des mesures déployées par le FOREm ou des actions plus législatives telles que l’autorisation des flexi-jobs.