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Le nécessaire cumul d'emplois pour une partie des Wallons

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 36 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 27/09/2023
    • de BELLOT François
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Y a-t-il une nécessité ou un impératif incitant de plus en plus de citoyens wallons à cumuler deux emplois ?

    Statbel confirme que de plus en plus de Wallons décrochent un deuxième emploi.

    Concernant l'évolution des chiffres, on constate qu'en 2021, 56 321 personnes occupaient un deuxième emploi en Wallonie ; en 2022, ils étaient 68 000 ; alors qu'au premier trimestre 2023, 77 503 Wallons occupaient un second emploi.

    Pour ledit premier trimestre 2023, il ressort de l'enquête Statbel que les personnes concernées sont à 54 % des hommes, à 65 % des personnes hautement qualifiées et à 67 % des personnes âgées de 25 à 49 ans.

    Quant à un comparatif régional, il s'avère que les Wallons sont toujours plus nombreux à décrocher un deuxième emploi alors que ce n'est pas le cas à Bruxelles.

    En effet, les Bruxellois étaient plus de 20 000 en 2022 à occuper un second emploi contre seulement 16 675 au début de l'année 2023.

    En Flandre, les chiffres sont plus importants : au premier trimestre 2023, ils y étaient plus de 177 000 personnes à avoir un deuxième emploi face aux 141 180 Flamands dans ce cas pour l'année 2021.

    Même s'il est utile de pondérer ces chiffres en tenant compte que l'échantillon trimestriel de Statbel est plus petit que l'échantillon annuel, il est intéressant de nous interroger concernant ces constats.

    Comment Madame la Ministre analyse-t-elle les conséquences sur le marché de l'emploi wallon de cette tendance au cumul de jobs ?

    Qu'effectue-t-elle des résultats de ce travail ?
    S'il n'est pas réalisé, pourquoi ?

    En qualité de Ministre de l'Emploi, incite-t-elle des travailleurs à occuper des postes disponibles dans des métiers en pénurie au travers de l'action du FOREm ?

    Quelle conclusion fait-elle concernant cette hausse de cumuls en Wallonie ?

    Est-ce une conséquence d'une nécessité financière pour les travailleuses et travailleurs wallons ?

    Quelles raisons cible-t-elle aux disparités régionales ?

    Pourquoi ce phénomène est-il si présent en Wallonie ?

    Comment y réagit-elle ?
  • Réponse du 03/10/2023
    • de MORREALE Christie
    Je confirme qu’en Belgique, selon les données Statbel, 5,4 % des travailleurs occupent un second emploi au premier trimestre 2023. Cette part de travailleurs occupant un second emploi augmente effectivement ces dernières années. Elle était de 4,5 % en 2021, 5,2 % en 2022 pour atteindre ainsi 5,4 % lors du premier trimestre 2023 (les données 2023 sont à interpréter avec prudence étant donné la période plus courte d’analyse et le plus petit échantillon de l’enquête).

    En Wallonie spécifiquement, le nombre estimé de personnes concernées par un second emploi représente 5,5 % des travailleurs. Cette part a également augmenté depuis 2021. En Flandre, la tendance à la hausse suit celle de la Wallonie alors qu’à Bruxelles, la part de travailleurs occupant un second emploi tend plutôt à diminuer, passant de 4,1 % en 2021 à 4 % en 2022 et à 3,2 % au premier trimestre 2023.

    Quelle que soit la région de résidence, les personnes occupant un second emploi ont principalement un haut niveau d’instruction et sont majoritairement âgées entre 25 et 49 ans.

    Si l’on regarde l’année 2022, qui est une année complète, six travailleurs belges sur 10 ayant un second emploi, l'exerçaient en tant qu’indépendant.

    La Wallonie se démarque des autres régions par une part un peu plus élevée d’indépendants exerçant leur activité à titre complémentaire : 29 % contre 17 % à Bruxelles et 26 % en Flandre. Ces indépendants complémentaires wallons sont principalement actifs dans les professions libérales et le commerce.

    Les causes du cumul d’emploi peuvent s’expliquer par différents facteurs: une passion qui se transforme en activité indépendante complémentaire, un travail à temps partiel comblé pour un second temps partiel ou un flexi-job et/ou une nécessité économique dans le chef du travailleur. Il est probable que l’augmentation du coût de la vie, notamment des factures énergétiques, ait aussi une influence.

    Le cumul d’emploi devient évidemment questionnant lorsqu’il concerne des personnes qui travaillent à temps plein, mais dont les revenus sont insuffisants pour répondre aux dépenses normales d’un ménage. Dans ce cas, il témoigne du fait que l’exercice d’un emploi rémunéré n’exclut plus un risque de pauvreté dans le chef des travailleurs. L’augmentation des bas et moyens revenus constitue, à cet égard, un enjeu fondamental, pour la bonne santé du marché de travail et donc pour les travailleurs, mais aussi pour les employeurs in fine.