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Les problèmes d’organisation des TEC

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 88 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 29/09/2023
    • de EVRARD Yves
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    En cette période de rentrée scolaire, de nombreux élèves de la région d'Arlon à Toernich se sont trouvés dans l'impossibilité de monter dans le bus scolaire devant les amener à l'école. Et pour cause, leur bus bondé ne s'est même pas arrêté, laissant de ce fait de nombreux enfants le long des routes.

    À deux jours de la Semaine de la mobilité, il y aurait presque de quoi rire… ou pleurer puisqu'à priori - et bien que les représentants des TEC aient annoncé plus de vigilance dans l'organisation des trajets scolaires notamment en cas de travaux comme il semble que ce soit le cas ci-dessus - , aucune solution pérenne n'est envisagée. Les TEC évoquent des difficultés de pénurie en personnel ainsi qu'un manque de matériel roulant adéquat qui permettrait de doubler la capacité de passagers.

    Ce type d'incident met en lumière les difficultés d'organisation du ramassage scolaire lorsqu'un petit grain de sable vient enrayer la machine.

    Comment Monsieur le Ministre peut-il garantir aux familles dont les enfants utilisent les bus pour se rendre à l'école et qui paient leur abonnement qu'en contrepartie, ils vont pouvoir disposer d'un service de qualité dans lequel ils peuvent avoir confiance ?

    Les difficultés en matière de recrutement de personnel sont-elles à ce point aiguës que pour garantir un service de qualité ?

    Monsieur le Ministre peut-il nous donner un état des lieux en termes de manque de personnel dans les TEC ?

    Comment compte-t-il remédier à cette situation ?
  • Réponse du 30/10/2023
    • de HENRY Philippe
    La problématique des surcharges de certaines lignes, surtout celles à destination des écoles, est particulièrement exacerbée en période de rentrée scolaire. Cela témoigne d’un attrait fort pour les transports en commun, aidé par la quasi-gratuité à 12 euros/an mise en place depuis le 1er septembre 2022 pour les 18-24 ans, les 65+ et les BIM, et par une offre qui n’aura jamais été aussi importante qu’à présent.

    Au-delà de la période de rentrée scolaire, la problématique de fond de la période dite scolaire est celle de la concentration de la demande de déplacement à motif scolaire à des moments très courts, ceux de début et fin des cours, et particulièrement de l’enseignement secondaire.

    Cette concentration est « dimensionnante », dans le sens où c’est le volume maximal de clients à transporter en même temps qui détermine le nombre de places à offrir, et par extension le nombre de véhicules et agents de conduite à mobiliser en même temps.

    Cette concentration induit trois effets ayant un impact important pour le système de transport public et son financement :
    - plus de matériel roulant signifie plus de véhicules à financer, acquérir et maintenir, et plus de dépôts devant suivre la tendance ;
    - plus d’agents de conduite signifie plus de coûts publics directs (salaires) et indirects (encadrement) ;
    - une concentration forte des pointes signifie que les ressources ci-dessus ne travaillent qu’une faible partie de leur journée, engendrant des temps improductifs.

    Le TEC étant majoritairement financé par de l’argent public, il convient de réaliser le meilleur équilibre entre service à la clientèle et coût pour la collectivité.

    Concrètement, une augmentation de l’offre de bus en période de pointe est difficilement envisageable à court terme, le TEC et ses sous-traitants étant déjà au maximum de leurs capacités matérielles, et au-delà de leurs capacités en matière d’agents de conduite.

    À plus long terme, plusieurs actions sont ou pourraient être mises en œuvre. Il s’agit par exemple :
    - travailler sur une dilution des heures de début et fin des activités scolaires, afin de pouvoir répartir les clients sur de plus longues périodes horaires. C’est ce que l’on appelle le « bureau du temps ». Ceci dépasse largement le cadre du TEC, et s’inscrit plus dans une évolution sociétale ;
    - élargir la plage horaire d’utilisation réelle du transport public, en allant chercher des clients se déplaçant à des moments plus larges de la journée, comme les travailleurs. C’est notamment un des objectifs des évolutions d’offre mises en place ou envisagées par l’Autorité Organisatrice de Transport.

    Pour le cas plus spécifique que l’honorable membre mentionne, le TEC doit adapter ses parcours en tenant compte des travaux sur la route. C’est pour cette raison que les deux bus prévus doivent effectuer une longue déviation afin de maintenir la desserte d’un village entre Arlon et Toernich. En cas de problème avec l’un des deux bus, les élèves se reportent alors sur le seul bus qui ne peut pas en prendre en charge de nouvelles personnes s’il est déjà complet. Le TEC suit cela de très près pour éviter la reproduction des incidents connus en début d’année.

    En ce qui concerne le manque de personnel, entre janvier et août 2023, 306 035 km n’ont pas été effectués par manque de personnel, ce qui représente 0,6 % des km effectués sur la même période. Cette catégorie « manque de personnel » reprend toutefois aussi les absences du personnel telles que les maladies ou les accidents de travail. La particularité de la Province du Luxembourg est qu’elle subit de plein fouet la concurrence du Grand-Duché de Luxembourg qui offre des conditions de travail plus avantageuses qu’en Wallonie. La récente approbation par le Gouvernement fédéral de l’utilisation de flexi-jobs dans le secteur des autobus et autocars devrait permettre d’améliorer la fiabilité des services sous-traités aux opérateurs privés. Le TEC qui, par l’organisation de ses services, peut généralement octroyer des temps pleins à ses chauffeurs, est moins impacté par cette politique de flexi-jobs. Les récurrents JobDays démontrent toutefois leur efficacité et un bilan très satisfaisant pour le TEC : 45 personnes engagées et formées, soit 9.5 % du besoin en effectif global.

    Le besoin en conducteurs au 31/12/22 pour l’ensemble du TEC, était de 496 conducteurs pour l’année 2023. À ce jour, 282 conducteurs ont intégré le TEC dont 42 finalisent leur formation. Reste +/- 200 conducteurs à fournir. L’OTW finalise un contrat cadre avec les auto-écoles privées pour encore augmenter l’offre de formation.

    Grâce à mes partenaires de majorité, j’ai pu développer de manière conséquente l’offre de transport en commun pour répondre justement à ce type de problématique. Il va de soi que les investissements devront se poursuivre dans les prochaines années afin que de plus en plus de personnes fassent le choix du TEC et du transport en commun.