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La situation des femmes sans-abri en Région wallonne

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 43 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 29/09/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Le Centre communautaire inclusif révolutionnaire créateur d'émancipation féminine (Circé) a ouvert le 13 septembre 2023 un nouveau lieu d'accueil tel que l'Ilot, spécialement conçu pour les femmes sans-abri. Ce nouveau centre accueillera des usagères en situation ou en risque de mal-logement.

    C'est une bonne nouvelle qui nous permet de mettre la lumière sur la question du sans-abrisme des femmes ! C'est une pléthore de défis concernant l'inadaptation des centres d'accueil adaptés à leur besoin ! L'Ilot alertait, en mars 2021, sur ce phénomène sous-estimé où les femmes doivent faire face à une violence constante tant le secteur de l'aide est pensé « au masculin universel ». Son étude recommandait notamment la création d'un centre de jour et la formation des professionnels de terrain.

    Tenant compte des éléments de réponse de Madame la Ministre à ma question écrite du 21 décembre 2022 (N° 206), elle précisait que la Région wallonne a fourni des efforts considérables afin de soutenir la création de places d'accueil à destination des femmes victimes de violences. Les moyens présentés étaient destinés à financer du personnel encadrant dans les maisons d'accueil qui créaient en 2021 et 2022 de nouvelles places d'accueil.

    Elle présentait aussi à cet égard un troisième appel à projets en économie sociale visant à soutenir les coopératives immobilières sociales dans l'acquisition de logement privatif en Wallonie à destination des femmes victimes de violences, ainsi que le projet 234 du Plan de relance de la Wallonie.

    Bien que le sans-abrisme soit différent en partie de la thématique des violences conjugales, il s'agirait peut-être de réfléchir à comment nos maisons d'accueil peuvent jouer un rôle face à ce phénomène. Qu'en pense Madame la Ministre ?

    Quelle est son analyse concernant les femmes sans-abri en Région wallonne ?

    Avons-nous des chiffres voire une étude sur ce phénomène en Région wallonne ?

    Qu'en est-il de la prise en compte progressive du prisme institutionnel du genre sur ce phénomène ?

    Comment pourrions-nous mieux intégrer la dimension du genre dans le domaine du sans-abrisme ?

    Quel est le retour de la part des acteurs de terrain en Région wallonne ?

    Que disent nos professionnels à cet égard ?

    Quid de l'accompagnement dans le logement avec la mission de post-hébergement ?

    Quid de la progression du projet 252 ?

    Quid du taux d'occupation dans les différentes maisons d'accueil ?
  • Réponse du 20/11/2023
    • de MORREALE Christie
    En Wallonie, le dispositif des maisons d’accueil est le pilier central dans l’accompagnement des femmes, qu’elles soient situation de grande précarité ou victimes de violences intrafamiliales. En 2022, les maisons d’accueil ont accueilli 1 917 femmes. Il existe actuellement en Wallonie 57 maisons d’accueil, avec une capacité de 1 921 places agréées. Sur ces 57 maisons, 21 maisons sont spécialisées dans l’accueil des victimes de violences.

    Consciente du rôle central des maisons d’accueil au niveau de la lutte contre les violences conjugales, j’ai assuré le renforcement du cadre du personnel des maisons d’accueil spécialisées, pour un montant de 461 496 euros dans le cadre du projet 234 du Plan de relance de la Wallonie. Le post-hébergement est une deuxième mesure phare du projet 234 du Plan de relance de la Wallonie, il représente un montant de 1 755 692,23 euros/an. Il est étendu à toutes les maisons d’accueil. La mission de post-hébergement permet de faire le lien entre la préparation à la sortie de la maison d’accueil et le maintien de l’hébergé dans son logement pérenne, grâce à un accompagnement dans ce logement. En 2022, grâce au Plan de relance, 57 maisons d'accueil sont financées pour cette mission pour un total de 1 186 ménages suivis (chiffres incomplets).

    De manière générale, le phénomène des femmes sans-abri est moins visibles que le sans-abrisme chez les hommes. Généralement accompagnées d’enfants et vulnérables dans la rue, elles sont plus souvent « en errance » qu’à la rue et trouvent des solutions précaires de logement en ayant recours au cercle familial ou aux amis.

    Le lien peut souvent être établi entre sans-abrisme et violences conjugales et/ou sexuelles. Les problèmes conjugaux, avec ou sans faits de violence, sont la première cause de sans-abrisme pour les femmes. Très souvent tombées dans l’errance pour échapper à ces violences exercées sur elles, mais aussi sur leurs enfants lorsqu’elles en ont, les femmes sans-abri racontent comment, une fois en rue ou accueillies dans les services d’urgence ou d’hébergement temporaire, se poursuit le cercle infernal de la violence, qu’elle qu’en soit la forme : institutionnelle, physique et/ou sexuelle. D’ailleurs, nombre d’entre elles ne fréquentent pas les abris/centres d’accueil mixtes dans la mesure où elles ne s’y sentent pas en sécurité.

    C’est d’ailleurs sur base de ce constat que j’ai débloqué, lors du dernier conclave budgétaire, une enveloppe complémentaire de 3.6 millions d’euros pour les abris de nuit afin de leur permettre d’engager, de former leurs équipes et d’adapter les structures pour mieux accueillir les femmes. Cette mesure essentielle pour l’accueil universel et l’inclusion est actuellement en concertation avec les représentants du secteur, mon Cabinet et l’Administration, et vise également la gestion des violences et l’accueil des personnes consommatrices dans les abris de nuit.

    En ce qui concerne les chiffres qui permettent de quantifier le phénomène, depuis 2009, les relais sociaux et leurs partenaires (plus de 70 services) collectent des données et les remettent à l’IWEPS. Parallèlement à cette collecte, des dénombrements sont menés depuis 2020, à l’initiative de la Fondation Roi Baudouin et avec le soutien de la Région. Ces dénombrements visent à connaitre la situation du phénomène sur un territoire donné, pour chacune des catégories ETHOS Light. Un tel processus requiert une méthodologie stricte, une grande implication de l’ensemble des acteurs de terrain et une compilation des données en aval de leur récolte.

    D’après les chiffres collectés par les relais sociaux, en 2022 en Wallonie, 19 % des 5 241 adultes accueillis en hébergement d'urgence sont des femmes, avec une forte représentation des jeunes femmes de 18 et 24 ans. Le nombre de femmes augmente donc dans l'absolu, même s’il y a rarement plus de 30 % des adultes qui sont des femmes.

    Comme l’honorable membre le sait, la Wallonie s’est dotée, à mon initiative, d’un Observatoire wallon du sans-abrisme (OWSA), mis en place depuis 2022 dans le cadre du Plan de relance de la Wallonie (projet 232). L’Observatoire a pour mission le déploiement de la stratégie coordonnée de sortie du sans-abrisme en Wallonie, afin de renforcer la prévention du sans-abrisme en identifiant précisément les points de rupture qui ont amené les personnes en rue ou dans une situation d’absence de chez soi.

    En ce qui concerne le projet 252 du Plan de relance, le Gouvernement a sélectionné, en sa séance du 24 novembre 2022, 30 dossiers de subventionnement en infrastructure. Sur les dossiers sélectionnés, 14 porteurs de projets ont réalisé leur réunion plénière, 3 porteurs de projets la réaliseront dans les prochaines semaines et 1 porteur de projets a commencé ses travaux.

    La fin du sans-abrisme et de l’absence de chez soi reste une préoccupation centrale pour permettre à l’ensemble de nos concitoyens de vivre dignement. C’est pourquoi j’ai décidé de lancer des expériences pilotes « Territoires zéro sans-abrisme » avec mon collègue, le Ministre du Logement Christophe Collignon. Assorties d’une enveloppe inédite de 34 millions d’euros, elles ont pour objectif de promouvoir des solutions innovantes en matière de prise en charge du public sans-abri ou mal-logé ou à risque de l'être, en incluant, autant que possible, une approche préventive, notamment pour les femmes.