Les défis du FOREm et de ses agents face aux réalités des employeurs en Région wallonne
- Session : 2023-2024
- Année : 2023
- N° : 49 (2023-2024) 1
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Question écrite du 06/10/2023
- de CRUCKE Jean-Luc
- à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
Plusieurs critiques et pistes sont mis en évidence. L'adressage des demandeurs d'emploi semble fonctionner notamment à l'égard de la récente réforme de l'accompagnement. D'autres critiquent plutôt le tri des candidatures.
Il y a aussi le nouveau site web du FOREm lequel permet, moyennant la création d'un profil, d'encoder des offres plus précises et d'être autonome dans le recrutement. Les entreprises sont invitées à formuler leurs besoins en termes de compétences.
Le défi se trouve dans les besoins « sur-mesure » des employeurs. Ceux-ci demandent un service de plus en plus personnalisé avec des agents qui connaissent mieux les employeurs et les besoins et qui fassent preuve de proactivité dans leur travail. Il faut une connexion beaucoup plus forte entre le FOREm et les entreprises !
Un autre point qui inquiète est celui de la méfiance des employeurs vis-à-vis des formations données par le FOREm. Les employeurs ne semblent pas avoir confiance au FOREm lorsqu'il s'agit de formations.
Au-delà des considérations politiques, il s'agit pour la Région wallonne d'être au plus près des défis de terrain vis-à-vis des agents du FOREm qui ne demandent qu'à faire la différence pour booster le marché du travail et l'économie de notre belle Région.
Tâchons de nous montrer à la hauteur des défis du marché du travail et ce qui attend le FOREm et les employeurs en termes d'efforts !
Quels sont les axes de réflexions pour faire évoluer et améliorer le FOREm dans la bonne direction ?
Comment Madame la Ministre prend-elle en compte les témoignages des employeurs à cet égard ?
Comment pourrions-nous mieux adresser les défis du FOREm dans un futur proche ?
Comment améliorer le besoin de « proactivité commerciale » ? +
Quels sont l'avis et l'analyse du FOREm à cet égard ?
Quels sont ses défis en termes de ressources humaines, financières, et logistiques ?
Qu'en est-il par rapport aux programmes tels que la Convention de collaboration avec la Chambre wallonne du commerce et de l'industrie ?
Quid de la critique vis-à-vis des formations, et des soi-disantes lourdeurs administratives ?
Quid aussi des points positifs du FOREm ?
Ne devrions-nous pas faire une audition avant les élections avec le FOREm et d'autres acteurs concernés pour établir un rapport complet et exhaustif sur les défis du marché du travail en Région wallonne ?
Cela pourrait apporter des nuances et des réflexions pertinentes quant aux politiques publiques à mettre en place au-delà de simples considérations politiques ! Tachons, non pas de frapper sur l'un ou l'autre public, mais plutôt de les écouter pour mieux soutenir et accompagner !
Réponse du 31/01/2024
- de MORREALE Christie
Ainsi, pour gérer les contacts entrants et sortants avec les employeurs, le FOREm dispose en Région wallonne de 200 conseillers entreprises, qui sont l’interlocuteur privilégié des entreprises pour l’ensemble de l’offre de services proposée gratuitement (à l’exception de la formation de travailleurs). Chaque conseiller gère proactivement un portefeuille sectoriel d’entreprises et suit ses clients dans la durée. Son rôle consiste à être un facilitateur pour l’entreprise et à la guider dans ses démarches. Il connaît le secteur et le métier de ses clients, ce qui lui permet d’analyser finement leurs besoins en vue de leur apporter une réponse adaptée et complète. Son rôle est de les accompagner de manière individualisée dans la recherche de collaborateurs, la formation de ses travailleurs, l’identification d’aides financières dont elle pourrait bénéficier ou encore l’accueil de stagiaires.
L’approche entreprises du FOREm se veut phygitale : il encourage les entreprises à utiliser les outils digitaux pour des prestations plus simples pouvant être réalisées en autonomie et en ligne, tout en continuant à bénéficier de l’appui d’un conseiller à distance ou en présentiel, chaque fois que cela s’avère nécessaire ou pertinent.
Les outils digitaux mis à disposition des entreprises se veulent performants, conviviaux et sécurisés : compte client sécurisé et espace personnel donnant accès à l’ensemble des services en ligne 24h sur 24 et 7 jours sur 7 ; outil de dépôt d’offres d’emploi en ligne lui permettant de visualiser directement le potentiel de candidats ; outil de matching lui permettant d’avoir une vue directe sur les profils qui correspondent au mieux aux critères de son offre d’emploi et d’entrer en relation avec des candidats potentiels ; outil de recherche de candidats en ligne, qui lui permet, indépendamment du dépôt d’une offre d’emploi, un accès direct aux curriculum vitae publiés par les chercheurs d’emploi ayant un profil en ligne.
Il convient d’ajouter que la part des offres encodées directement par les entreprises sur le site du FOREm est en nette progression depuis la mise en place des nouveaux outils digitaux pour les entreprises en octobre 2022, et que dans ce cadre, le FOREm accorde bien une attention toute particulière aux TPE-PME dans leur utilisation de ces outils en leur prodiguant un coaching dans leur autonomisation et un appui au recrutement appropriés. Aucune entreprise n’est « abandonnée ». Une entreprise en fracture digitale est prise en charge par un back-office qui encode et diffuse ses offres d’emploi. Elle dispose aussi d’un conseiller attitré qui va l’accompagner pour chacun de ses besoins en matière de ressources humaines. Le rôle du conseiller est crucial pour les plus petites entreprises souvent plus démunies en matière de gestion des ressources humaines.
Il convient par ailleurs de souligner que, grâce à ces services disponibles en ligne, les conseillers disposent de plus de temps à consacrer aux prestations à plus haute valeur ajoutée et aux réponses sur mesure au bénéfice des entreprises et de leur croissance :
- recherche de profils en pénurie ou critiques : Le FOREm met tout en œuvre pour satisfaire au mieux les besoins de recrutement exprimés. Un vaste plan d’action avec les partenaires sociaux des secteurs professionnels est en cours pour contrer les pénuries et dans ce cadre, la formation en milieu de travail est activement promotionnée (stages en entreprise, formation alternée, coup de poing pénuries, Plan formation insertion …) ;
- présélection d’un nombre limité de candidats selon les besoins et les critères définis avec l’entreprise et vérification des compétences portées par les candidats et, éventuellement, préparation à l’entretien d’embauche ;
- organisation de Jobdays avec présélection et préparation à l’entretien d’embauche (pour un ou plusieurs entreprises, pour un ou plusieurs métiers) ;
- conseil en matière de recours aux aides publiques à l’emploi et à la formation : il s’agit, pour les conseillers entreprises, de guider les entreprises par rapport aux aides dont elles peuvent bénéficier quand elles recrutent ou qu’elles forment leur personnel. Ils maîtrisent et suivent l’évolution législative de ces dispositifs. Ils conseillent donc adéquatement les entreprises et leur permettent ainsi d’alléger leurs coûts de recrutement ou de formation.
En outre, depuis la mise en œuvre du nouvel accompagnement par le FOREm, les conseillers entreprises sont aujourd’hui situés physiquement au sein d’équipes sectorielles, avec les conseillers qui accompagnent les demandeurs. L’objectif premier est de travailler ensemble au départ des besoins des clients usagers et entreprises et de rechercher l’intermédiation qualitative la plus rapide possible. L’enjeu crucial aujourd’hui est de tout mettre en œuvre pour satisfaire les besoins de recrutement des entreprises, et ce, particulièrement dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre.
D’une part, le FOREm vise aujourd’hui à maximiser le nombre d’offres d’emploi qu’il capte et diffuse, et ce plus encore depuis la mise en place de la réforme de l’accompagnement, qui vise à accompagner tous les demandeurs d’emploi et à leur proposer des opportunités d’insertion adaptées. Le nombre d’offres d’emploi diffusées par le FOREm est en constante progression (604 000 en 2022).
D’autre part, dans le cadre de ses missions décrétales, il soutient les entreprises wallonnes dans leurs recrutements afin qu’elles trouvent la main-d’œuvre adaptée à la poursuite de leur croissance. Dans ce cadre, le FOREm accompagne aujourd’hui 77 000 entreprises clientes, avec une moyenne d’environ 10 000 nouveaux clients par an. 66 % des entreprises clientes ont une taille inférieure à 10 personnes, 88 % ont une taille inférieure à 50 personnes et 98 % ont une taille inférieure à 250 personnes.
Le FOREm resserre également ses liens avec les entreprises grâce à des conventions de collaboration avec des partenaires tels que l’UCM en tant que représentant des entreprises ou la Chambre wallonne de Commerce et de l’Industrie. Dans ce cadre, des rencontres ont lieu entre les entreprises et des conseillers du FOREm afin d’améliorer la connaissance des produits et services et de renforcer la présence des conseillers FOREm au sein des entreprises wallonnes.
Le taux de satisfaction mesuré en 2022 auprès d’un échantillon d’entreprises clientes est de 73 %. Le taux de recommandation auprès d’autres entreprises est de 84 %. La côte de satisfaction attribuée aux conseillers entreprises est de 8,5/10. Les entreprises sont plus de 91 % à estimer que le conseiller a une bonne connaissance de leur secteur et à considérer qu’il est disponible, que ses conseils sont utiles, qu’ils sont satisfaits de la fréquence des échanges, que celui-ci a tout mis en œuvre pour satisfaire la demande et qu’il s’est vraiment adapté à la situation de leur entreprise.
La note attribuée aux conseils sur les aides à l’emploi et à la formation est de 8,2/10. 92 % estiment que le conseiller connaissait bien cette matière et 90 % déclarent qu’ils ont reçu des conseils adaptés à leur situation.
Ils sont 85 % à déclarer que leur conseiller a bien analysé leur besoin de recrutement et 81 % à être satisfaits de leur conseiller pour l’aide qu’il leur a apportée dans le cadre de leur recrutement.
51 % de l’échantillon concerné par le recrutement a bénéficié d’une présélection. Ils sont 80 % à en être satisfaits.
Le FOREm est néanmoins conscient de l’importance de parfaire en continu l’outillage des conseillers tant en termes de connaissance sectorielle que d’approche commerciale de ses clients entreprises. À cet égard, de nouveaux parcours de formation ont été élaborés pour les conseillers entreprises qui mettent notamment l’accent sur ces matières. Un nouveau marché public est conclu notamment pour les matières commerciales avec trois modules de formation complètement revus : attitude commerciale, présélection et représentation commerciale. Ces modules seront également complétés début 2024 par un nouveau module soutenant les conseillers dans leur gestion de portefeuille et dans l’animation proactive des différents segments de clients en utilisant des techniques d’approche adaptées.
Pour ce qui concerne la formation, le FOREm se doit de respecter les travaux du Service francophone des métiers et des qualifications (SFMQ), travaux élaborés en concertation avec les partenaires sociaux sectoriels. Les parcours de formations à destination des demandeurs d’emploi se basent donc sur les référentiels de formations définis par cette instance. Ces parcours de formation sont construits sur base des profils métiers élaborés par des experts métiers représentant les différents interlocuteurs sociaux (représentant les employeurs et les travailleurs).
Toutefois, lorsque le FOREm détecte des besoins de compétences additionnelles, tels que ceux liés à la digitalisation des métiers, ou des besoins spécifiques liés à une sous-région, des modules supplémentaires sont intégrés.
Plusieurs analyses démontrant l’impact de la réalisation d’un stage sur l’insertion à l’emploi des personnes formées, le FOREm développe une dynamique de formation en milieu de travail en différents axes :
• les stages de formation : toutes les formations de plus de 3 mois ont un stage de fin de formation obligatoire, ce qui permet aux personnes formées de pouvoir appliquer ce qu’elles ont appris en formation en situation réelle. Ce stage étant par ailleurs un outil permettant aux demandeurs d’emploi de démontrer leurs compétences tant techniques que leurs savoir-faire comportementaux à l’entreprise dans laquelle ils réalisent le stage.
Le stage de formation peut également être lissé dans la formation afin que le stagiaire puisse confronter ce qu’il a appris en centre dans l’entreprise. Ce dispositif est plutôt appliqué pour des formations plus complexes nécessitant l’acquisition d’un certain nombre de compétences avant de pouvoir aller en entreprise. L’entreprise joue ici un rôle d’accueillante de stagiaire ;
• la formation alternée est un dispositif que le FOREm pousse depuis de nombreuses années, il permet de former des demandeurs d’emploi en partie en centre et en partie en entreprise. Ce dispositif est régulièrement mis en place dans le secteur de la construction. L’entreprise joue ici un rôle de formatrice pour une partie des compétences ;
• par ailleurs, afin de répondre aux besoins spécifiques des entreprises - notamment pour les métiers en pénurie, le FOREm met en place des formations sur mesure - coup de poing pénurie. Ce dispositif permet de former des demandeurs d’emploi (minimum huit) au besoin/au poste de l’entreprise. L’entreprise joue ici un rôle de formatrice pour une partie des compétences. Ce dispositif est de plus en plus utilisé par les entreprises. Il permet par ailleurs d’attirer plus de candidats à la formation du fait qu’il y a un contrat à la clé à la fin de la formation.
Une demande persistante des entreprises consiste à travailler les savoir-faire comportementaux des apprenants afin qu’ils puissent s’intégrer dans le milieu du travail. Dans ce cadre, le FOREm a développé une méthodologie basée sur l’approche par compétences. Cette dernière axe son mécanisme d’apprentissage sur les compétences à maîtriser dans un contexte donné et se décline sur base des compétences à maîtriser pour chaque métier.
Les savoir-faire comportementaux renvoient à la capacité réflexive de la personne par rapport aux caractéristiques des situations qu’elle rencontre. Cette capacité peut être d’ordre organisationnel lorsque la personne se situe par rapport à la qualité de son travail (ex : hiérarchiser, anticiper, vérifier …), d’ordre social ou relationnel lorsque la personne se situe par rapport à autrui et établit des relations (ex : négocier, argumenter, coopérer …) ou d’ordre psychoaffectif lorsque la personne se situe par rapport à elle-même et à ses propres limites (ex : s’adapter, se former…).
Au même titre que les compétences techniques, les savoir-faire comportementaux sont mobilisés dans des mises en situation professionnelles qui viennent en appui de l’apprentissage dans le cadre d’évaluations formatives. Cela demande qu’ils soient clairement définis, identifiés et déclinés en indicateurs observables.