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Les modules utilisés pour la construction rapide de logements sociaux

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 24 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 06/10/2023
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à COLLIGNON Christophe, Ministre du Logement, des Pouvoirs locaux et de la Ville
    À la cité Lesaffre de Frasnes-lez-Buissenal, la société Icontech construit actuellement 3 maisons sociales modulaires commandées par l'immobilière publique Péruwelz-Leuze Frasnes. Dans un mois, ces 3 habitations devraient être opérationnelles.

    Le délai de réalisation de ce type de chantiers semble avantageux, la construction dans son entièreté (étanchéité, toiture, connexions aux réseaux, crépis) est de 2 mois contre 1 an en moyenne pour une construction traditionnelle.

    Sur ces 3 logements, 2 devraient servir de transit et le 3e à des personnes seules ou des couples. Leur coût avoisinerait le coût des constructions traditionnelles. L'avantage selon Icontech serait la rapidité d'exécution, la qualité des habitations et de leurs finitions. L'aspect environnemental entre également en ligne de compte, la construction off-site serait plus verte, moins de gaspillage, toutes les chutes seraient réutilisées pour les autres projets, moins d'emballages, moins de corps de métiers et donc moins d'allées et venues. À terme, l'entreprise souhaiterait réaliser des immeubles à appartements pouvant atteindre 6 étages.

    Que pense Monsieur le Ministre de ces constructions ?

    Peut-on imaginer que ce type de projet s'étende en Wallonie pour répondre aux zones à forte demandes, aux zones sinistrées ou pour servir de plan hiver contre le sans-abrisme ?
  • Réponse du 09/11/2023
    • de COLLIGNON Christophe
    Dans ce contexte de crise du logement que nous vivons, le Gouvernement a réaffirmé tout au long de la législature l’importance de l’investissement public. Concernant le renforcement de l’offre de logements publics à travers la construction de nouveaux logements, le Gouvernement a veillé à ce que la révision des cadres réglementaires facilite la création de nouveaux types d’habitat, tout en répondant aux défis financiers des sociétés et en accélérant le processus de production. Ainsi, en mars dernier, par exemple, le Gouvernement a adopté un arrêté qui vise à soutenir les SLSP, les communes et CPAS en vue de l’acquisition d’habitations légères.

    À ce sujet, la construction en série ou « modulaire » est régulièrement évoquée comme un moyen de lutter contre la crise du logement. Les avantages de la construction en série résident surtout dans l'accélération et la simplification de la construction. De plus, la construction avec des éléments modulaires préfabriqués permet de réduire les nuisances de chantier et la durée des travaux.

    Vous évoquez également l’aspect environnemental avec des économies réalisées sur tout un ensemble d’aspects (transport, emballage, recyclage, et cetera). Les tendances dans l'industrie relatives aux pratiques de construction durable et les pénuries de main-d'œuvre sont effectivement des moteurs expliquant le recours accru à la préfabrication modulaire. J’ajouterais que sur le plan de la durabilité, le préfabriqué/modulaire présente des avantages pour alimenter l'économie circulaire et la transition environnementale.

    Cependant, avec un secteur du logement public dont la santé financière reste fragile, le nœud du problème reste la réduction des coûts de production. La construction modulaire se situe pour l’instant encore dans une niche avec une demande plutôt faible, ce qui fait que le facteur « coût » n’est pas encore un atout. Pour que cela change, il faut que la demande et l’offre augmentent de manière significative afin de réaliser des rendements d’échelle.

    C’est dans ce contexte qu’il faut situer le lancement du projet PRW visant la création de 805 logements écoconstruits au travers de l’accord-cadre élaboré par la SWL. Celui-ci préconise et promeut la modularité et la préfabrication comme systèmes constructifs alternatifs à la construction traditionnelle.

    La question de savoir si la construction en série peut atténuer à long terme la pénurie de logements abordables reste cependant ouverte. En effet, autant les avantages sont nombreux, comme on a pu le voir, autant les freins et obstacles sont bien réels : le manque de terrains et la longueur des procédures d'autorisation, pour ne citer que ceux-ci. Pour relancer la construction de logements publics à des conditions financières viables, il ne suffira pas d'accélérer le processus de construction. Il faudra aussi et surtout alléger les procédures de demande de permis et simplifier la réglementation urbanistique.

    Par ailleurs, on peut se féliciter de la dynamique créée par les start-ups wallonnes actives dans ce segment, mais ces entreprises n’ont pas encore la dimension et les capacités pour porter à elles seules tout le développement de cette branche. Il faut espérer que cette évolution s’amplifie et qu’elle arrive à faire sortir les entreprises de construction traditionnelle de leur zone de confort pour qu’elles s’investissent d’une manière déterminée dans ce nouveau créneau.

    Enfin, concernant sa question relative aux logements modulaires comme solution d’urgence, je rappelle à l’honorable membre l’initiative du Gouvernement de mettre à la disposition des SLSP, des communes et des CPAS un marché-cadre pluriannuel, leur permettant de commander des logements modulaires.

    L’objectif de cet accord-cadre est de permettre aux différents opérateurs de terrain de pouvoir disposer rapidement de logements pour répondre notamment à toute forme d’urgence. Cet accord-cadre a d’ailleurs été utilisé dans le cadre de la stratégie d’accueil des réfugiés ukrainiens par 17 communes pour un total de 38 logements.

    Par la suite, ces logements modulaires pourront servir pour des politiques sociales du Gouvernement (projets « Housing First », logements de transit, et cetera).