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La place de la santé mentale des soignants dans le cadre de la Semaine de la santé mentale

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 55 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 06/10/2023
    • de VANDORPE Mathilde
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    L'édition 2023 de la semaine de la santé mentale qui débute ce 9 octobre sera dédiée à la santé mentale dans le cadre du travail. Durant cette semaine, les pouvoirs publics, les associations et les citoyens sont invités à réfléchir ensemble aux solutions à apporter pour que l'activité professionnelle ne s'impose pas comme un fardeau en mesure de créer une détresse psychologique quelconque.

    Un des corps de métier pour lequel j'estime que l'attention doit tout particulièrement être porté, c'est celui des soignants. En effet, le secteur de la santé continue de faire face à une dégradation des conditions de travail et un manque de moyens avéré. Ce qui en conséquence affecte la santé mentale du personnel soignant, met en péril la qualité des soins de santé, et réduit l'attractivité de certains métiers, tels que ceux en soins infirmiers.

    À l'approche de cette semaine sur la santé mentale, quelle attention Madame la Ministre portera-t-elle au secteur des soignants ?

    Dispose-t-on de chiffres officiels et d'études systématiques en Wallonie sur l'état de la santé mentale du personnel soignant et des prestataires de soins plus généralement ?
    Sinon, peut-on espérer que de telles statistiques voient le jour notamment pour orienter les futures politiques de prévention et d'accompagnement ?
  • Réponse du 09/11/2023
    • de MORREALE Christie
    Pour sa 9e édition, la semaine de la santé mentale qui s’est étendue du 9 au 15 octobre a mobilisé de nombreux services et associations dans le but de proposer des activités et des rencontres sur la santé mentale, aux quatre coins de la Wallonie. Certaines activités s’inscrivaient plus spécifiquement dans la thématique 2023 « Santé mentale & travail ».

    Lors de la semaine de la santé mentale, plusieurs activités ont porté sur la question de la santé mentale des soignants.

    C’était le cas :
    - lors de la journée d’étude du 10 octobre, en particulier l’atelier A : « Concilier relation d’aide et « bonne » santé mentale : enjeux et défis pour les professionnels de l’aide et des soins » ;
    - à travers diverses rencontres locales, notamment :
    • au Beau Vallon (Namur) pour une réflexion autour de l’importance du sens au travail, en particulier auprès des travailleurs en santé mentale en cette période de pénurie de personnels ;
    • au CHRSM – site Sambre où l’Unité de psychologie de l’hôpital proposait diverses conférences notamment à l’attention du personnel soignant ;
    • à Respect Seniors en collaboration avec SENOAH qui se posait la question du travail avec les aînés et de la nécessité d’une interconnaissance du réseau et des pratiques de soutien aux équipes pour faire face à la souffrance et à l’épuisement du professionnel ;
    • au Collectif OXO qui proposait d’évoquer le travail avec les personnes victimes de violence ;
    • à l’Université de Mons – Service de psychologie clinique qui se posait la question « Le travail rime-t-il encore avec la santé » lors d’un colloque d’une journée.

    Enfin, le cinéma Grignoux Namur proposait un documentaire à propos de la deuxième vague de la crise sanitaire : « Des corps et des batailles ». Une pièce de théâtre « Urgence » au Quai 22 à Namur était également proposée dans le but de mettre en lumière le travail des soignants.

    Ainsi, comme l’honorable membre le voit, les soignants – au sens large – étaient particulièrement visés durant cette semaine de la santé mentale. Ils participaient en tant qu’organisateurs, mais constituent également un public cible privilégié pour les diverses initiatives que je viens de pointer spécifiquement.

    Concernant sa demande au sujet des chiffres officiels et des études systématiques en Wallonie à propos de l’état de santé mentale du personnel soignant, je peux dire qu’à la demande du SPF Santé publique en 2023, Sciensano a lancé l’étude-pilote «Be.well.pro ». Cette étude visée à cartographier le bien-être psychologique lié au travail des professionnels de la santé et de l’aide sociale . Cette étude est en cours. Les chiffres ainsi que ses observations n’ont pas encore été publiés.

    Moins récemment, une étude publiée en 2017 (Vandenbroeck, Van Gerven et al.) a mis en évidence, parmi un échantillon d’infirmières et de médecin belges, que 12 % des infirmières et 17 % des médecins étaient à risque de burnout et 6 % des infirmières et 5 % des médecins dépassaient le seuil sur les trois dimensions d’épuisement professionnel.

    En lien avec la question de l’honorable membre, nous pouvons aussi citer une étude réalisée en 2020 pendant la crise du Covid-19 (Tiete, Guatteri et al., 2021) : les résultats ont révélé une prévalence élevée de symptômes de burnout, d’insomnie, de dépression et d’anxiété, ainsi qu’un faible sentiment d’épanouissement professionnel chez les participants de l’étude. Parmi les participants, 68.7 % présentaient des symptômes moyens à extrêmement sévères d’insomnie, 53.3 % de dépression, 52.2 % d’anxiété et 40.3 % de stress. Plus précisément, 6 % des participants présentaient des symptômes sévères d’insomnie, 10.4 % de symptômes sévères de dépression, 19.9 % d’anxiété et 11% de stress. Parmi eux, les infirmières sont davantage touchées que les médecins.

    Ces chiffres mettent en exergue qu’effectivement, les soignants constituent un public à risque concernant la santé mentale et qu’il convient de multiplier les initiatives à leur égard, comme l’ASBL Crésam tente de le faire avec la semaine de la santé mentale. À ce sujet, le Ministre Vandenbroucke a mis en place toute une série de mesures et débloqué des fonds dans le but de renforcer le personnel soignant et questionner les méthodes de travail pour les améliorer. Cela aura, nous l’espérons, un impact positif sur le bien-être du personnel hospitalier.

    J’aimerais conclure en rappelant qu’il ne faut pas perdre de vue que la santé mentale est un pilier du bien-être pour chacune et chacun d’entre nous : soignants, jeunes, personnes âgées, parents, et cetera. C’est pourquoi je souhaite que l’ensemble de la population puisse être touché par les initiatives qui naissent sur notre territoire.