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La proposition de la Ligue des familles pour améliorer le transport scolaire

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 108 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 10/10/2023
    • de LIRADELFO Julien
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Le 3 octobre, Madeleine Guyot, la nouvelle directrice générale de La Ligue des familles a dénoncé, à la radio La Première, que les trajets vers l'école en transport scolaire restent un vrai problème. Pour certaines familles, en particulier dans l'enseignement spécialisé, soit ce sont des trajets qui durent 2 à 3 heures, soit ce sont des jours d'absence à l'école parce que le bus ne passe tout simplement pas ces jours-là.

    Ces problèmes viennent, entre autres, de la pénurie de chauffeurs. Celle-ci s'explique par les mauvaises conditions de travail (temps partiel, pas de contrat pendant les vacances scolaires…) vécues par les chauffeurs.

    Nous avons déjà interrogé Monsieur le Ministre sur le sujet et ce n'est aujourd'hui toujours pas résolu en Wallonie.

    La directrice générale de La Ligue des familles avance une solution :

    "Il faut revoir les choses de manière créative. Au niveau de la COCOF, à Bruxelles, par exemple, ils ont changé le fonctionnement et ils ont mis en place des vans, plutôt que des grands bus. Cela permet d'engager des chauffeurs qui n'ont pas besoin de qualifications particulières de permis et de faire de plus petits trajets. On voudrait que ce soit pareil en Région wallonne".

    Pourquoi Monsieur le Ministre n’a-t-il pas pris la même mesure qu'à Bruxelles en organisant des transports scolaires avec des vans ?
  • Réponse du 30/10/2023
    • de HENRY Philippe
    Il est toujours bon d’objectiver la situation : pour l’année scolaire 2022-23, sur les plus de 24 000 élèves transportés, les « cas extrêmes » (soit plus de 3h/jour dans un transport A/R) représentaient 1 470 élèves, soit 6,4 %. C’est évidemment toujours trop, mais ce n’est pas tout le transport scolaire.

    Je vais me montrer didactique. La réduction des temps de parcours du transport scolaire est un véritable défi, car il s’agit de coupler :
    • une demande de transport importante (>24 000 élèves) ;
    • vers des établissements spécifiques (pour 2/3 à destination des élèves du spécialisé) disséminés sur le territoire wallon ;
    • en tenant compte de la pénurie importante de chauffeurs.

    Cela signifie en pratique :
    • d’une part, que certains trajets sont incompressiblement longs, car le nombre de kilomètres à parcourir pour atteindre l’école est important ;
    • d’autre part, la pénurie de chauffeurs oblige à une plus grande concentration des élèves sur les circuits, ce qui a effectivement un effet négatif sur les temps de parcours.

    Quant à la mesure proposée d’utiliser des Vans, elle a bien entendu été analysée, cela existe déjà, mais ne parait pas transposable de manière totale pour la Wallonie.

    Si on l’applique de manière égalitaire à tous les élèves, nous devrions au minimum doubler le nombre de circuits scolaires : un car scolaire comporte aujourd’hui en moyenne 22 places et un véhicule permis B ne peut pas excéder 8+1 places.

    En augmentant le nombre de circuits, on augmente le besoin en personnel accompagnant. De plus, il n’est guère envisageable d’affecter un accompagnateur dans ce type de véhicule, comme les taxis. La Wallonie disposant de plus d’élèves pris en charge que Bruxelles (et aussi d’élèves du spécialisé), cette solution n’est pas possible pour toute une partie des élèves qui ont besoin de cet accompagnement.

    Cela aurait également pour conséquence une transformation du secteur wallon des transports de voyageurs par route qui ne pourrait s’opérer que sur une période longue (notamment pour permettre l’amortissement des véhicules déjà achetés).

    • Est-ce souhaitable ? Le permis D par exemple apporte plus de garantie de professionnalisme et de sécurité aux élèves transportés. Sans parler de l’impact environnemental.

    • Est-ce faisable ? Le transport scolaire en Wallonie présente une configuration différente des deux autres régions avec des pôles d’habitation ou d’enseignements moins concentrés qu’en Flandre ou à Bruxelles. Dans ces conditions, pour une grande partie du territoire wallon, la création de services de transport permis B spécifique augmentera de manière significative le budget. Le dernier exemple en date, un circuit taxi qui potentiellement coûterait 181 000 euros par an…pour 1 seul élève.

    Le rôle de l’OTW est d’assurer le transport du plus grand nombre. Répondre aux parents est fondamental. Cela ne signifie pas pour autant une obligation de répondre favorablement à toutes les demandes d’adaptation.

    Une véritable mesure pour réduire les temps de parcours est par exemple d’accepter des points de regroupement à maximum 1 km du domicile plutôt que de demander une prise en charge au domicile propre.

    Il semble important de souligner qu’aujourd’hui, le budget du transport scolaire s’élève à 62,4 millions. Sous cette législature, le gouvernement wallon a investi près de 11 millions d’euros supplémentaires, afin de permettre notamment la renégociation des contrats.

    Sans compter l’octroi de 1 million destiné à diminuer les temps de parcours trop longs et les 1.5 million à destination des transporteurs afin de faire face à l’inflation.

    Pour améliorer la situation, ce Gouvernement a non seulement dégagé des moyens financiers importants pour le TS, mais également augmenté de 10 % l’offre régulière de transport en commun. En parallèle, ce Gouvernement a aussi multiplié ses efforts pour lutter contre la pénurie de chauffeurs. C’est en multipliant ces initiatives, mais aussi en impliquant le monde de l’enseignement pour limiter les « zones blanches » sur le territoire que nous relèverons le défi de limiter les temps de parcours de nos élèves.