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La fièvre catarrhale ovine et son impact en Wallonie

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 95 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 24/10/2023
    • de FONTAINE Eddy
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Depuis l'apparition du virus de la fièvre catarrhale ovine sur notre territoire, les exportations de bovins belges sont au point mort. La Fédération nationale du commerce de bétail (FNCB) avertit par ailleurs des risques de chute des prix considérables sur le marché intérieur si nos vaches ne retrouvent pas le chemin des destinations étrangères.

    Cette annonce survient après la découverte par l'AFSCA de cas de fièvres catarrhales chez un éleveur en province d'Anvers. La Belgique a donc perdu son statut de pays indemne de la fièvre catarrhale. Or, chaque année, ce sont près de 100 000 bovins vivants qui franchissent nos frontières vers d'autres pays, et cet arrêt arrive à la fin de la période de pâturages, période où traditionnellement plus d'animaux sont commercialisés.

    Eu égard aux impacts potentiels de l'arrêt des exportations bovines sur les élevages wallons, des discussions ont-elles été engagées avec vos vis-à-vis européens quant à la mise en place de conditions permettant une reprise des échanges commerciaux de bovins ?

    Quel est le retour des acteurs du secteur de l'élevage bovin wallon quant à l'impact économique potentiel de cette mise au point mort des exportations ?

    Cette fièvre impactant aussi les ovins, quelles sont les mesures préconisées pour protéger ceux-ci, et ces dernières sont-elles communiquées aux éleveurs wallons ?
  • Réponse du 20/11/2023
    • de BORSUS Willy
    La maladie de la langue bleue (Fièvre catarrhale ovine - FCO), causée par le virus de la langue bleue de sérotype 3 a déjà affecté plus de 2 000 fermes aux Pays-Bas en moins d'un mois. On y a recensé 700 cas cliniques et 1 400 cas confirmés. En Belgique, à ce jour, un unique cas de mouton contaminé a été signalé, sans propagation connue à ce stade.

    Le secteur a déjà interpellé le fonds sanitaire et l’AFSCA sur les exportations de bovins vers les Pays-Bas le 10 octobre lors d’un GT extraordinaire sur la situation au fonds de santé. En résumé, leur demande est d’avoir un accord bilatéral de libre-échange des animaux. Par conséquent, cela a peu de conséquences sur le transfert de la maladie vers notre pays.

    En Belgique, la vaccination contre le sérotype 3 de la FCO n'est actuellement pas possible, car le vaccin (expérimental) est disponible uniquement en Afrique du Sud depuis mai 2023 et n'a pas été autorisé en Europe. Cependant, la vaccination n'est pas recommandée par le secteur comme mesure obligatoire, car elle ne serait pas efficace compte tenu de la faible pression virale actuelle. Les vaccins disponibles actuellement couvrent les sérotypes 4 et 8.

    Il est préférable de sensibiliser les éleveurs à renforcer la biosécurité dans leurs pratiques, notamment en limitant les achats d'animaux extérieurs, en éliminant les zones d'eau stagnante près des étables, en utilisant des insecticides dans les bâtiments et en luttant contre les insectes volants et les vecteurs de maladies.

    L'Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique travaillent en commun pour disposer de vaccins européens, mais la conception et l’homologation d’un tel vaccin prendront malheureusement du temps. Une procédure de validation d'urgence du vaccin pourrait être envisagée, mais pas avant 2024 et la prochaine saison virale.

    Pour les impacts sur les bovins, les deux principales destinations pour les bovins belges sont les Pays-Bas et l'Italie. L'Italie reste ouverte aux exportations sous certaines conditions (traitement insecticide durant 14 jours, suivi d'un test pour garantir l'absence de maladie). Quant aux Pays-Bas, des négociations sont en cours avec l'AFSCA.

    Selon le secteur, un arrêt des exportations entraînerait une baisse des prix de vente sur l'ensemble du marché national bovin, estimée entre -10 % et -20 %. La diminution serait encore plus conséquente pour le prix des veaux.

    L'arrivée imminente et significative de bovins destinés à l'abattage en raison de l'IBR (rhinotrachéite infectieuse bovine) aurait également un impact sur les prix. Il est donc impératif que les exportations reprennent rapidement pour écouler ces animaux.

    En ce qui concerne les ovins, le dispositif de surveillance implique évidemment une participation très active des professionnels. Les éleveurs reçoivent des informations par e-mail de l'ARSIA. Cependant, la situation évolue très rapidement, et la structure des éleveurs, dont 90 % ont moins de 10 brebis, signifie que les messages ne sont pas toujours bien compris par ce vaste groupe, notamment les éleveurs de brebis hobbyistes, qui représentent 35 % des brebis déclarées.

    Le fonds sanitaire dispose actuellement d'environ 1,4 million d'euros pour lutter contre cette maladie. Cependant, il est difficile de dire si cela sera suffisant, car le nombre d'ovins a augmenté en raison du développement de la filière.

    Les mesures préconisées incluent le renforcement de la biosécurité dans les élevages et la recherche rapide d'un vaccin disponible pour ce nouveau sérotype.