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La fragilité cognitive et sa prise en charge en Wallonie

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 88 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 26/10/2023
    • de KAPOMPOLE Joëlle
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    La fragilité cognitive est une manifestation clinique hétérogène caractérisée par la présence simultanée d'une fragilité physique et d'une déficience cognitive. En l'absence de démence elle semble impliquer un risque de décès plus élevé que la fragilité physique ou la déficience cognitive prises séparément. La fragilité cognitive peut également augmenter les risques de chute chez les personnes âgées.

    Il est dès lors essentiel d'assurer une détection préventive de cette fragilité couplée à des actions de prévention pour faciliter le quotidien des personnes qu'elle touche. La pratique d'une activité physique régulière pourrait réduire à long terme la mortalité liée à la fragilité cognitive, selon des chercheurs espagnols ayant mené une étude sur plus de 3000 personnes dont la moyenne d'âge est de 72 ans.

    L'offre de logements adaptés pour les personnes touchées par des problèmes cognitifs reste essentielle et doit être renforcée à travers une offre diversifiée qui permette de répondre aux attentes de chacune et chacun, en développant un panel de solutions diverses et variées entre le domicile et la maison de repos. Par exemple, lors d'un colloque organisé récemment en Brabant wallon, j'ai découvert qu'à Bruxelles, une colocation de 8 personnes avait été initiée pour accueillir des personnes avec une fragilité cognitive.

    Comment la Wallonie assure-t-elle la prévention des risques liés aux fragilités cognitives chez les personnes âgées ?

    Quelles sont les structures qui permettent d'accueillir ces personnes ?

    L'AViQ recommande-t-elle un programme spécifique favorisant la pratique d'une activité physique à destination des résidents présentant une fragilité cognitive ?
  • Réponse du 29/11/2023
    • de MORREALE Christie
    Dans un contexte de population vieillissante, le déclin cognitif des personnes âgées est certes un enjeu auquel nous devons être attentifs.

    En 2022, l’Université d’Helsinki (Finlande) a conduit une méta-analyse longitudinale sur 20 ans, comprenant plus de 250 000 participants, sur le rôle de l’activité physique au niveau des performances cognitives (mémoire, concentration, capacités déductives …). Il en ressort que le fait de « s’activer » diminue l’incidence de l’apparition d’une démence.

    Ainsi, nous savons maintenant que les personnes pratiquant une activité physique modérée ou élevée réduisent d’environ 30 % leur risque de développer une maladie neurodégénérative par rapport à celles qui n’en pratiquent que très peu. Cela s’explique par le fait que l’activité physique permet une réduction des risques cardio-vasculaires en protégeant mieux le cerveau.

    Les personnes qui présentent une altération progressive des fonctions cognitives et sociales expriment plus difficilement leurs envies et ressentis. De ce fait, les projets de vie institutionnelle des maisons de repos (MR) et des maisons de repos et de soins (MRS) doivent proposer des objectifs et des actions spécifiques pour les personnes présentant une maladie neurodégénérative (maladies de type Alzheimer, démence fronto-temporale, démence à corps de Lewy …).

    Par ailleurs, la majorité des MR et MRS dispose d’une personne référente pour la démence. Cette personne est chargée de coordonner les activités organisées pour ce public cible et d’accompagner individuellement les résidents et leur famille.

    L’AViQ invite les établissements à développer des thérapies non médicamenteuses telles que l’approche Montessori, le snoezelen, la technique de Validation de Naomi Feil ou encore l’Humanitude, qui permette également de mettre la personne âgée souffrant de troubles cognitifs en activité.

    En termes de prévention des troubles cognitifs, la prise de conscience de l’importance de l’activité physique est bien entendu présente en Belgique dans la mesure où les mutualités proposent désormais un remboursement annuel plafonné pour inciter les citoyens, quel que soit leur âge ou leur état de santé, à exercer une activité sportive.

    En ce qui concerne les logements alternatifs pour les personnes qui souffrent de troubles cognitifs comme la maladie de type Alzheimer, il existe de nombreuses initiatives locales et associatives comme les habitats groupés solidaires ou les habitats groupés participatifs. Cependant, la maladie de type Alzheimer étant une maladie neurodégénérative irréversible, nous savons que ce déclin est systématiquement associé à un déclin fonctionnel nécessitant in fine des soins de longue durée. À cet égard, les habitats dits « alternatifs » ne permettent pas une prise en soin. La coordination des services d’aide et de soins à domicile ou même l’accueil dans une maison de repos et de soins sont alors à privilégier.