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Le déclin des amphibiens

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 119 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 10/11/2023
    • de LENZINI Mauro
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Un inventaire des menaces qui pèsent sur les amphibiens a récemment été publié dans la revue Nature. 41 % d'entre eux risquent l'extinction, selon le recensement établi par les scientifiques, avec un rôle de plus en plus accru du réchauffement climatique. Les crapauds, grenouilles et salamandres sont de plus en plus menacés. Sur plus de 8 000 espèces recensées dans le monde entier, plus de 4 sur 10 sont menacées d'extinction.

    La cause principale est la destruction de leur habitat : agriculture, exploitation forestière, construction d'infrastructures, pollution... Cela dégrade, voire détruit les zones humides où vivent ces animaux fragiles. Mais la triste nouveauté, c'est qu'ils doivent supporter les conséquences du réchauffement climatique. Les amphibiens respirent par la peau, ils sont donc très vulnérables aux changements de température et d'humidité.

    Une vaste étude de 2004 avait déjà montré que ces animaux étaient les vertébrés les plus menacés sur la planète. Dans l'article publié récemment, les scientifiques s'appuient sur une mise à jour l'an dernier de cette étude mondiale et concluent que la situation des amphibiens a continué à se détériorer. Les auteurs de l'étude notent cependant un point positif, les méthodes de conservation fonctionnent quand elles sont appliquées. 63 espèces ont retrouvé un peu de couleur grâce à elles. Mais les moyens sont encore bien insuffisants pour enrayer ce déclin.

    Madame la Ministre dispose-t-elle de chiffres concernant la situation en Wallonie ?

    Quelle sont les méthodes de conservation des amphibiens mises en place en Wallonie et avec quels résultats ?

    Au regard des chiffres publiés dans cette enquête, des mesures complémentaires sont-elles envisagées ou envisageables pour lutter plus précisément contre la menace que représente le réchauffement climatique pour ces espèces ?
  • Réponse du 11/03/2024
    • de TELLIER Céline
    La Wallonie compte 14 espèces indigènes, auxquelles s’ajoute une 15e considérée comme accidentelle, pour laquelle on ne dispose pas de preuve de reproduction sur notre territoire. À ces espèces natives, s’ajoutent aujourd’hui trois espèces introduites par l’humain, à savoir la grenouille rieuse, la grenouille-taureau et le xénope lisse.

    Une évaluation de l’état de conservation des populations de nos amphibiens a été réalisée par Natagora et par le Département de l’étude du milieu nature et agricole (DEMNA) en 2021. Les résultats indiquent que la situation wallonne est meilleure que lors de la publication d’un atlas en 2007 et que celle enregistrée au niveau mondial. Parmi nos 14 espèces indigènes, deux espèces (14 %) sont aujourd’hui considérées comme menacées : le sonneur à ventre jaune (statut « Critically Endangered - CR ») et le crapaud calamite (statut « Vulnerable - VU »). À celles-ci s’ajoutent deux espèces (14 %) considérées comme régionalement éteintes (« Regionally extinct – RE »), la rainette verte et le pélobate brun. Depuis 2022, la rainette verte fait l’objet d’un programme de réintroduction qui donne des résultats encourageants à ce stade.

    Toutefois, certains éléments tempèrent quelque peu les résultats de cette évaluation :
    - des espèces encore assez répandues sur le territoire wallon subissent un déclin progressif depuis trois décennies, notamment l’alyte accoucheur et le triton crêté ;
    - des chutes d’effectifs s’observent chez des espèces dites communes, en particulier la grenouille rousse, le crapaud commun et la salamandre tachetée, bien que les données chiffrées manquent pour le démontrer et le quantifier précisément ;
    - le changement climatique joue vraisemblablement un rôle dans ces diminutions d’abondance, en particulier les épisodes de sécheresse prolongée, printanière ou estivale, même si ce facteur n’est pas le seul ;
    - l’apparition et la dispersion de pathogènes spécifiques a été constatée, notamment le champignon chytride « Bsal » (Batrachochytrium salamandrivorans), qui a déjà décimé quelques populations wallonnes de salamandre tachetée et sans doute aussi de triton crêté ;
    - le statut de la grenouille verte et de la grenouille de Lessona reste difficile à évaluer en raison des difficultés d’identification des individus sur le terrain.

    Des actions de conservation sont mises en œuvre en Wallonie depuis plusieurs décennies, principalement :
    - la création de milieux favorables à la reproduction des amphibiens :
    o creusement ou rajeunissement de mares dans les milieux agricoles et forestiers ou dans les réserves naturelles. Ces actions bénéficient des mesures agro-environnementales ainsi que du financement de projets Life ;
    o création d’abris indispensables à leur phase de vie terrestre tels que haies, bosquets, tas de bois … auquel contribue par exemple le programme « Yes we plant » ;
    - l’élevage et le lâcher de jeunes individus des espèces les plus menacées ou éteintes, afin de contribuer au renforcement ou à la recréation de populations, comme cela a été mené avec succès depuis 10 ans pour le sonneur à ventre jaune et plus récemment pour la rainette verte.

    Des informations sur les amphibiens et d’autres groupes animaux et végétaux, ainsi que les actions menées en leur faveur, peuvent être trouvés sur le site web « Biodiversité » de la Région wallonne.