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L'épidémie de grippe aviaire

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 119 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 15/11/2023
    • de MAUEL Christine
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Malheureusement, depuis 2005 maintenant, la grippe aviaire sévit toujours quelque part dans le monde. Les autorités sanitaires américaines, qui mènent l'une des observations de la grippe aviaire les plus complexes au monde, ont enregistré 21 000 foyers de l'épidémie aviaire au cours des 10 années entre 2013 et 2022.

    Le nombre de cas enregistrés aurait augmenté de 14 % en 10 ans.

    En effet, cette année, les experts n'ont pas seulement observé que les variantes du H5N1 se sont propagées beaucoup plus rapidement dans le monde. Ils ont également enregistré que des ratons laveurs, des renards, des fouines, des chats et - en Amérique du Sud - des milliers de phoques et d'otaries, entre autres, ont été trouvés infectés par la grippe aviaire, la plupart du temps, morts.

    Comment Monsieur le Ministre estime-t-il le risque de ce virus en Wallonie ? Quelles préventions met-il en place ?

    Pour certains, l'interdiction du lâcher de faisans et de canards amoindrirait l'épidémie. Après avoir pris des mesures fortes pour lutter contre la surpopulation de sangliers, envisage-t-il l'interdiction du lâcher de faisans et de canards, comme cela est le cas en Flandre ?
  • Réponse du 04/12/2023
    • de BORSUS Willy
    Les épidémies de grippe aviaire peuvent entraîner des pertes économiques considérables pour les élevages et les entreprises de valorisation agroalimentaire. Concernant l’avifaune, ces épidémies peuvent induire une réduction sévère de certaines populations d'oiseaux, et plus particulièrement pour les espèces grégaires. En effet, la grippe aviaire se propage principalement par contact direct avec des oiseaux infectés ou par contact avec des surfaces ou des objets contaminés par leurs fientes, la salive et les sécrétions respiratoires. Les oiseaux migrateurs, ainsi que les échanges commerciaux d'oiseaux vivants et de produits avicoles, jouent un rôle clé dans la transmission de la maladie sur de longues distances. Depuis l’hiver 2020-2021, le virus de la grippe aviaire H5 semble être devenu endémique dans les populations d'oiseaux sauvages en Europe.

    De plus, certaines souches virales de la grippe aviaire ont la capacité de se transmettre des oiseaux aux mammifères, y compris l’homme, mais cela reste rare. À ce jour, des infections chez les renards et les putois sauvages ont été détectées en Belgique. Le risque de transmission à l’homme est évalué par un groupe d’experts (Risk Assessment Groupe - Veterinary - Emerging Zoonoses, RAG-V-EZ) se réunissant mensuellement et publiant des recommandations.

    Le « Règlement européen sur la santé animale » (« Règlement sur la santé animale » - Règlement (UE) 2016/429 du Parlement européen et du Conseil du 9 mars 2016 concernant les maladies animales transmissibles et modifiant et abrogeant certains actes dans le domaine de la santé animale), complété par l’acte délégué 2020/687, établit des règles en matière de surveillance, de contrôle et d'éradication de la grippe aviaire. Des actions de surveillance permettent de détecter rapidement une suspicion de foyer, et de mettre en place des mesures d'élimination des carcasses d'oiseaux. Ceci permet de diminuer la charge virale présente dans l'environnement et, par conséquent, de réduire le risque d’infection pour les oiseaux et aussi les mammifères, qui permet de diminuer le risque de mutations virales de la grippe aviaire chez les mammifères. En plus d’une procédure de vigilance opérée par les agents du Département de la Nature et de la Forêt (DNF), les autorités wallonnes (SPW-ARNE) facilitent le signalement des carcasses retrouvées par les citoyens au moyen du numéro de téléphone 1718 (en français) ou 1719 (en allemand) SOS environnement et au moyen d’un outil web de signalement disponible sur le portail SPW (http://observatoire.biodiversite.wallonie.be/enquetes/). Les carcasses signalées sont acheminées par le DNF vers le laboratoire de référence national, Sciensano.

    Pour compléter cette surveillance, le réseau des bagueurs de l'Institut Royal des Sciences naturelles de Belgique et le Service de la Santé et des Pathologies de la faune sauvage de l'Université de Liège, sous convention avec le SPW, mettent en place une surveillance ciblée en disposant des nasses de captures d’oiseaux dans certaines zones d’intérêt ornithologique en Wallonie et auprès des Centres de revalidation des espèces animales vivant à l'état sauvage (CREAVES). La surveillance établie chez les oiseaux sauvages permet de détecter, non seulement des mortalités qui seraient dues à des virus influenza hautement pathogènes et de suivre de cette manière l'évolution de l'épidémie, mais aussi d'évaluer la circulation des virus influenza faiblement pathogènes chez ceux-ci (et d’ainsi détecter les précurseurs de virus faiblement pathogènes les plus susceptibles de muter en virus hautement pathogènes). Les analyses pour la détection du virus sont exécutées au laboratoire national de référence de Sciensano.

    Concernant les lâchers de petit gibier et de gibier d’eau, il est évident que toute concentration artificielle d’oiseaux est de nature à augmenter le risque de propagation rapide de la maladie au sein de l’avifaune sauvage et d’élevages présents dans la zone touchée. La grippe aviaire étant une maladie virale contagieuse, une dispersion rapide transitant par des oiseaux gibiers lâchés en grande quantité sur des surfaces réduites est toujours à craindre.

    L’encadrement de la pratique des lâchers évolue. En effet, la fourniture d'oiseaux de repeuplement dans la nature pour la chasse est une activité pour laquelle le fédéral, l’AFSCA, est compétente. Actuellement, l’achat d’oiseaux de repeuplement libérés dans les 7 jours après réception doit être enregistré auprès des organismes agréés (ARSIA en Wallonie ou la DGZ en Flandre). Si ces oiseaux sont élevés en vue de lâchers, une autorisation de l’AFSCA est requise. De plus, les mouvements transfrontaliers sont également sujets à des règles sanitaires spécifiques, comprenant l’établissement d’un certificat sanitaire par un vétérinaire officiel et la mention du lieu de destination devant être approuvé par l’AFSCA. Cependant, les lâchers ne sont soumis à aucune autorisation complémentaire auprès de la Région wallonne. La seule contrainte est celle prévue par l’article 12 de la loi sur la chasse, à savoir que les lâchers doivent avoir été effectués au plus tard 30 jours avant l’ouverture de la chasse à l’espèce concernée, soit avant le 15 juillet pour le canard colvert ou avant le 1er septembre pour le faisan.

    Les recommandations complémentaires auprès des chasseurs impliquent d’adapter leur mode de chasse étant donné que les populations d'oiseaux sauvages sont déjà sous pression avec la grippe aviaire. Il faut également diminuer les contacts entre les oiseaux potentiellement infectés avec les chiens de chasse. De plus, si un foyer est détecté, selon les conditions épidémiologiques, il est important de réduire les perturbations humaines auprès des populations d’oiseaux en appliquant des mesures de restrictions d’activités, comme de suspendre les activités de chasse sur une zone à risque.