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La prévention du cancer du poumon notamment auprès des non-fumeurs

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 101 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 17/11/2023
    • de SOBRY Rachel
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    L'ASBL Prolong, active dans le soutien aux personnes atteintes du cancer du poumon ou de mésothéliome, dénonce le traitement qui est souvent réservé aux malades. En effet, l'opinion publique est généralement assez dure vis-à-vis de ces personnes, considérant qu'une telle pathologie était attendue, voire inévitable, en raison du tabagisme.

    Pourtant, bien que fumer augmente considérablement les risques, le cancer du poumon peut toucher des fumeurs passifs et même des personnes qui n'ont jamais consommé de tabac.

    L'ASBL estime ainsi que le deuxième cancer le plus répandu chez les hommes et le troisième chez les femmes reste trop peu connu, particulièrement auprès des non-fumeurs.

    D'autre part, l'association plaide pour qu'il y ait davantage de compassion et moins de jugement à l'égard des personnes atteintes. Elle lançait dernièrement, à ce sujet, une campagne axée sur le message suivant : « Les personnes atteintes d'un cancer du poumon ont besoin de votre soutien, pas de votre jugement ».

    Sachant que Madame la Ministre a déjà mis en place de nombreuses campagnes et actions de prévention en matière de santé, j'aurais voulu l'entendre quant à cette initiative de l'ASBL Prolong.

    Comment réagit Madame la Ministre aux constats posés par l'ASBL ?

    La Wallonie est-elle associée à une nouvelle campagne axée autour du soutien aux personnes malades ?

    Comment sensibiliser la population, notamment les non-fumeurs, à cette pathologie ?
  • Réponse du 15/12/2023
    • de MORREALE Christie
    En effet, il s’agit de l’un des cancers les plus fréquents en Belgique puisque selon les chiffres du Registre du Cancer, le cancer du poumon est le 3e le plus fréquent chez nous ; en 2017, près de 8 500 nouveaux cas étaient diagnostiqués. En 2021, 5 667 personnes perdaient la vie des suites de cette maladie. (Cancer du poumon | Fondation contre le Cancer)

    Malheureusement, le pronostic est souvent réservé avec un taux de survie à 5 ans de seulement 23.6 %.

    En termes d’étiologie, 85 à 90 % des cancers du poumon sont causés par le tabac. C'est surtout la durée totale du tabagisme (nombre d'années pendant lesquelles on a fumé), plutôt que l'intensité (quantité fumée par jour), qui est déterminante. L'âge de début semble également jouer à un rôle : plus on commence jeune, plus le risque à long terme augmente et plus on risque d'être atteint jeune (dès la quarantaine).

    Un ancien fumeur reste plus exposé que quelqu'un qui n'a jamais fumé, mais cela vaut quand même la peine d'arrêter dès que possible, car le risque s'amenuise au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la période où l'on a fumé. Le tabagisme passif (les non-fumeurs régulièrement exposés à la fumée des autres) est également un facteur de risque qui augmente de plus ou moins 30 % la fréquence des cancers du poumon. L'impact du tabagisme passif est d'autant plus grand que les individus exposés sont jeunes (enfants de parents fumeurs).

    D'autres facteurs de risque interviennent dans plus ou moins 10 % des cas. Il s'agit surtout d'une exposition intense ou répétée, le plus souvent d'origine professionnelle, à des substances comme l'amiante, l'arsenic, le nickel, le chrome, les goudrons, et cetera. Le radon, gaz radioactif qui est libéré du sol dans certaines régions, est également incriminé.

    La pollution atmosphérique, essentiellement les particules fines émises par les moteurs diesel, augmente légèrement le risque de cancer du poumon chez les personnes vivant à proximité immédiate des grands axes routiers.

    Il est important de souligner que l'accumulation des différents facteurs de risque augmente encore la probabilité de développer la maladie, mais que le tabac reste de loin le premier facteur causal. On a également constaté que les fumeurs dont l'alimentation est pauvre en fruits et légumes semblent également avoir un risque de cancer de poumons légèrement augmenté, sans que l'on puisse actuellement expliquer pourquoi. Dans un très petit nombre de cas, on ne trouve aucune cause extérieure pouvant expliquer le développement de la maladie. Il n'y a pas de prédisposition génétique au cancer du poumon.

    En termes de symptomatologie, le cancer du poumon peut s'accompagner d'un grand nombre de symptômes différents, mais aucun n'est spécifique de cette maladie. Ces symptômes varient en fonction de la localisation de la tumeur à l'intérieur du poumon. Ainsi une tumeur située sur une grosse bronche aura tendance à se manifester plus tôt que sur une bronchiole périphérique où elle peut rester longtemps sans attirer l'attention.

    Dans 60 % des cas, le premier signe est une modification de la toux, éventuellement accompagnée de crachats striés de sang. Des infections pulmonaires à répétition, l'apparition d'un essoufflement, un enrouement persistant ou des douleurs thoraciques peuvent également se manifester. Parfois, on constate une altération de l'état général, fatigue, amaigrissement, fièvre chronique des ganglions à la base du cou ou un gonflement du visage et du cou. Aucun symptôme ne veut automatiquement dire qu'un cancer du poumon est présent, mais ils justifient la réalisation d'examens médicaux.

    Quant à l’initiative de cette ASBL (principalement financée par des firmes pharmaceutiques et plutôt active dans la partie néerlandophone du pays), elle est plutôt louable puisqu’elle reprend, en grande partie, les explications sur la maladie, sur la manière d’interagir avec les personnes souffrant d’un cancer du poumon.

    La Région wallonne a récemment agréé tout un secteur, celui de la promotion de la santé, en vue notamment de mener des actions en lien avec le cancer du poumon. Dans ces acteurs, on retrouve bien évidemment les opérateurs actifs en matière de sevrage tabagique (une dizaine d’opérateurs dont Tabac Stop de la Fondation contre le cancer, le Fares, l’Institut Bordet … faisant partie du Plan wallon sans Tabac). Ces acteurs organisent de nombreuses actions, dont la Campagne Ensemble vers un Nouveau Souffle, Buddy Deal, des activités de sensibilisation grand public, des accompagnements au sevrage tabagique … mais leurs actions abordent surtout la prévention primaire et secondaire.

    Concernant les publics malades, il s’agit alors de la prévention tertiaire, voire quaternaire. Pour ce niveau de prévention, nous finançons, depuis juillet 2021, neuf maisons de ressourcement qui accueillent des patients souffrant de cancers (tous types de cancers sans discrimination), et qui proposent des activités améliorant leur bien-être mental. Nous sommes d’ailleurs en train de travailler, avec l’AViQ, sur la rédaction d’un texte pour stabiliser ces Maisons de ressourcement et garantir une bonne répartition géographique.

    Dans sa question, l’honorable membre évoquait également une nouvelle campagne axée autour du soutien aux personnes malades, je peux notamment mentionner le site de l’AViQ www.trouverdusoutien.be qui est un très bon outil et qui renvoie vers des psychologues, vers les services de santé mentale…

    Il ne serait évidemment pas possible de faire des campagnes ciblées sur chaque pathologie que l’on risque un jour de développer, mais ce qui est bien évidemment possible, et que l’on fait d’ailleurs, c’est faire la promotion des comportements favorables à la santé. Ainsi, les campagnes financées par la Région invitent, par exemple, le citoyen à se positionner sur sa consommation tabagique, sur sa consommation en alcool (Tournée Minérale), permet d’évaluer son lien avec l’alcool (site de l’ASBL AVAT) ou avec toutes autres substances psychoactives, de favoriser les bons comportements alimentaires (axe 1.1 du Plan WaPPS), cela dans une démarche qui se veut bienveillante et non stigmatisante.

    Rappelons également que certains de nos opérateurs « Tabac » font également partie de « l’Alliance pour une société sans tabac » qui ambitionne que tout enfant, né à partir de 2019, doit pouvoir grandir dans un monde sans tabac. L’Alliance encourage tous les partis politiques à œuvrer pour arriver à une première génération sans tabac en 2037.

    Enfin, l’Administration et mon Cabinet ont également collaboré à la rédaction de la Stratégie interfédérale 2022-2028 pour une génération sans tabac.

    Ces différentes mesures, nous l’espérons, devraient permettre de réduire le fléau de cette maladie dans les années à venir et ainsi réduire le nombre de personnes victimes de ce cancer.