Les craintes des producteurs de lait face aux nouvelles mesures européennes

• Session : 2023-2024
• Année : 2023
• N° : 130 (2023-2024) 1

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• Question écrite du 17/11/2023

  • de LUPERTO Jean-Charles
  • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
  Régulièrement, les producteurs de lait tirent la sonnette d'alarme sur la fragilité du secteur et surtout sa viabilité. Les nouvelles mesures européennes prévues dans le domaine risquent de ne pas arranger les choses.
  
  Récemment se tenait la convention annuelle de EDA (l'association européenne du lait European Dairy Association). Les acteurs du secteur laitier wallons dressent un triste bilan et constatent que le secteur continue à souffrir. En effet, le prix des intrants reste trop élevé et le prix du lait payé par les laiteries est proche du prix de revient, ce qui entraîne une pression toujours plus forte.
  
  Par ailleurs, malgré ce contexte complexe, les intervenants de cette convention annuelle EDA ont tous rappelé que la production laitière devait s'inscrire dans la durabilité. Giuseppe Ambrosi, président de EDA, confirme le rôle que la production laitière doit jouer dans le « Green Deal ». Tout cela implique des aménagements et des modifications pour ces acteurs, alors que pour beaucoup, survivre est déjà un effort considérable.
  
  Mes questions visent à savoir si Monsieur le Ministre a été consulté par les acteurs laitiers en Wallonie et sensibilisé à leur engagement dans le cadre du « Green Deal ».
  
  Quelles réponses peut-il leur apporter et quels outils et moyens la Région peut-elle mettre en œuvre pour les soutenir ?

• Réponse du 06/12/2023

  • de BORSUS Willy
  Depuis plusieurs mois, nous observons en effet une baisse du prix du lait, lequel avait atteint des niveaux élevés il y a un an. Ces prix sont fortement influencés par le marché mondial, ce qui entraîne une fluctuation importante. Cette baisse des prix est cependant accompagnée d'une légère diminution du coût des intrants, contrairement à une période de forte augmentation au cours des deux dernières années. Les dépenses les plus touchées sont les achats d'aliments, les engrais, l’énergie et les lubrifiants.
  
  Actuellement, les agriculteurs font face à une situation difficile, avec un revenu estimé à 10 euros/100 l de lait produit en septembre.
  
  En ce qui concerne la durabilité, il existe au niveau de la filière belge, un système de monitoring de la durabilité géré par l’organisation interprofessionnelle MilkBE. Ce monitoring englobe tous les maillons de la filière, des producteurs aux transformateurs, en se basant sur 42 critères répartis sur 8 thèmes. J’encourage l’honorable membre à consulter le dernier rapport disponible sur le site internet de MilkBE.
  
  Malgré son caractère volontaire, ce système est largement adopté par les producteurs laitiers, témoignant ainsi de leur engagement en faveur de la durabilité de la filière. En 2020, 96 % de tous les producteurs laitiers belges y ont adhéré, respectant en moyenne 20 critères sur 42, contre 9 critères sur 35 en 2014.
  
  Au niveau wallon, la nouvelle PAC est un outil important pour soutenir la filière laitière. Il convient de souligner tout d’abord que les exploitations spécialisées en production laitière, tout comme les exploitations bovines viandeuses, bénéficient d’un soutien important de la PAC, via des aides visant à encourager des pratiques plus respectueuses de l'environnement. Les écorégimes, en particulier celui lié aux prairies permanentes, sont conçus pour renforcer la durabilité environnementale des exploitations agricoles.
  
  Entre autres, les aides aux investissements proposées dans le plan stratégique de développement de la filière laitière wallonne ont pour but de favoriser les projets durables à long terme tant au niveau économique qu’au niveau environnemental. La majoration des aides aux investissements pour les jeunes agriculteurs est un des incitants à la reprise des fermes.
  
  Je reste toutefois à l’écoute des préoccupations du secteur laitier.