/

Le miel wallon

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 131 (2023-2024) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 21/11/2023
    • de LENZINI Mauro
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Récemment, c'est déroulé à Mont-Saint-Guibert, la 23e édition du concours international « Des miels d'ici et d'ailleurs ».

    Lancé en 1999, ce concours a pour objectif de valoriser le travail de nos apiculteurs et la technique du miel wallon. Aujourd'hui ouvert à l'international, il vise la valorisation des miels à plus large échelle tout en conservant une catégorie exclusive pour le miel wallon.

    On sait tout le travail qui est fourni en Wallonie pour valoriser le miel, notamment la certification et la mise en place d'une indication géographique protégée pour le miel wallon.

    Les défis que ce secteur a à relever sont nombreux : fraudes sur la pureté du miel menées par des producteurs peu scrupuleux, présence de pesticides et désormais lutte contre le frelon asiatique.

    Monsieur le Ministre peut-il faire le point sur l'état du marché du miel wallon ?

    Quelle est la proportion entre la production de miel industriel et de miel artisanal ?

    Existe-t-il des études récentes sur la présence de pesticides dans les miels wallons ?

    Les mesures de certification et de reconnaissance d'indication géographique protégée (IGP) ont-elles permis des améliorations à cet égard ?

    Enfin, quelles sont les mesures prises pour soutenir les producteurs de miel wallons dans la lutte contre le frelon asiatique ?
  • Réponse du 12/12/2023
    • de BORSUS Willy
    Les moyens de production de miel en Wallonie consistent en 39 185 colonies d’abeilles mellifères pour 3 728 apiculteurs, soit une moyenne de 10,5 ruches par apiculteur, malheureusement en constante diminution depuis 2014. L’apiculture « non-économique » (moins de 10 ruches) représente 67 % des apiculteurs et 26 % des ruches. L’apiculture « productrice familiale » (11 à 50 ruches), respectivement 30 % et 46 %, l’apiculture « pluriactive » (51 à 150 ruches), 3 % et 20.5 %, l’apiculture « professionnelle » (plus de 150 ruches), 0,7 % et 7,2 %. Les apiculteurs professionnels sont donc minoritaires et sans structure de représentation à l’heure actuelle, mais les apiculteurs à dimension économique constituent près d’un tiers de la population apicole et participent à près de trois quarts de la production.

    La récolte moyenne par colonie en 2022 a été de 28 kg, soit une production de quelque 1 100 To, sur 2 700 To pour la Belgique (soit 0.1 % de la production de l’UE). L’offre en Belgique est déficitaire par rapport à la demande (croissante) des produits de la ruche, le miel en tête. On estime à 3 500 tonnes la consommation globale de miel. La Belgique est le 2e État membre importateur de miel en provenance de pays tiers (33 000 To, 17.5 % des importations de l’UE) et le 2e exportateur intracommunautaire. Elle est en réalité une plaque tournante pour le négoce du miel sur le marché européen.

    Une majorité (91 %) des apiculteurs wallons vendent une partie ou l’entièreté de leur miel au détail, en vente directe. 46,5 % optent aussi pour une commercialisation d’une partie ou de l’entièreté de leur miel via un détaillant-revendeur. Une minorité estimée à 11,5 % pratique la vente d’une partie ou de l’entièreté du miel en vrac à des négociants. La plupart des apiculteurs wallons n’ont aucune peine à vendre leur miel.

    En 2022, les prix atteignaient 14 euros/kg en pot en vente directe, 12,50 euros/kg à la vente en pot à un intermédiaire détaillant et 9 euros/kg en vrac à la vente au négoce. Une progression régulière est observée depuis 2000.

    Par comparaison, le prix moyen pratiqué pour les miels d’importation était de 2,65 euros/kg en 2022. De tels prix impliquent naturellement des miels de qualité médiocre et des risques d’adultération. La première origine du miel importé est la Chine (36 %) suivie par l’Ukraine (24 %).

    Le miel produit par les apiculteurs wallons même « professionnels » ne subit pas de procédé industriel de stabilisation comme la pasteurisation ou l’ultrafiltration ou d’autres procédés (refonte, mélanges) visant une homogénéisation, par exemple. Il peut être affirmé que 100 % du miel wallon présente une qualité « artisanale ». En outre, la vente directe ou en circuit court, majoritaire, implique une relation de confiance entre le producteur et le consommateur et une transparence maximale sur l’origine et la qualité du produit. Une enquête de consommation menée en 2022 par l’UGent en collaboration avec le CARI montre que le consommateur wallon est très attaché à l’origine locale du produit et que l’image de l’apiculture et du miel wallon est très bonne.

    En outre, une modification de l’étiquetage du miel est à l’étude au niveau de l’UE : la mention des pays de provenance ainsi que leur pourcentage dans la composition du miel devraient être indiqués, ce qui permettra au consommateur de choisir en connaissance de cause, ce qui est un élément qui plaide en faveur de nos apiculteurs.

    La dernière étude récente sur la présence de pesticides dans les miels (belges) date de 2018 (projet fédéral Beesyn). Sur les 178 échantillons analysés, 31% présentaient des résidus de thiacloprid et 30.9 % de coumaphos, avec des teneurs inférieures aux limites maximales de résidus (LMR). À côté de ces deux insecticides, il y avait également des fongicides comme l’azoxystrobin (22 %) et le boscalid (20 %). Le nombre de résidus est moindre dans le miel que dans d’autres matrices apicoles comme le pain d’abeilles ou la cire. Le miel n’est pas un produit à risque, la majorité des pesticides, lipophiles, étant retenus par la cire.

    Un monitoring annuel est conduit par l’AFSCA. Le dernier réel problème de contamination d’un miel wallon qui a conduit à son retrait du marché date remonte à 2018 : il s’agissait d’un miel de printemps de la région de Gembloux - pourtant de qualité puisque conforme au cahier des charges « Miel wallon » -, contaminé au fluazifop-p-butyl, un herbicide. L’origine - agricole - de la contamination n’a pas été déterminée (comme dans la plupart des cas, les recherches étant très laborieuses et aléatoires).

    Pour ce qui est du frelon asiatique, suite à l’abandon de la lutte systématique contre le prédateur décidé par ma collègue en charge des espèces exotiques envahissantes, un plan de gestion a été mis en place cette année à destination des apiculteurs. Il a mobilisé 267.000 € et comprend trois axes d’intervention destinés à diminuer la pression du frelon asiatique sur l’activité apicole :
    - le piégeage des reines fondatrices au printemps : 30 000 euros attribués au CRA-W pour fourniture aux apiculteurs de pièges sélectifs destinés au piégeage de printemps en 2024 ;
    - la protection des ruchers : CARI, 20 000 euros pour des actions de formation et d’information ;
    - la neutralisation des nids : UFAWB (Union des Fédérations d’Apiculture de Wallonie et de Bruxelles), 217 000 euros pour la mise à disposition de matériel de neutralisation à des sections apicoles locales et la couverture d’une partie des frais de mise en œuvre de la neutralisation (neutralisation gratuite des nids impactant les apiculteurs, nids situés à moins d’un kilomètre d’un rucher).

    Une évaluation des actions menées en 2023 aura bientôt lieu pour orienter les actions qui seront soutenues en 2024.