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La pénurie chronique de médecins généralistes en Province de Luxembourg

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 116 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 21/11/2023
    • de GOFFINET Anne-Catherine
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Selon la presse, en Province de Luxembourg, près de 5 000 patients de la région perdront très bientôt leur médecin généraliste. Du côté de Weyler par exemple, un cabinet médical va fermer ses portes dès ce 1er novembre. Le cabinet, qui comptait 3 médecins, n'en compte plus qu'une aujourd'hui. Avec cette fermeture, ce sont près de 3 000 patients qui vont se retrouver sans médecin, et qui vont devoir en trouver un autre, alors que ces médecins sont déjà débordés.

    Ces médecins appellent à l'aide. Madame la Ministre ne peut pas laisser la situation empirer, car ils estiment que la pression sur eux augmente. Il faut attirer les nouveaux médecins, mais les autorités communales ne peuvent pas tout Mme la Ministre !

    Comment organiser le fonctionnement du service de 1re ligne dans une telle situation ?

    Ces médecins ruraux appellent à une révision des quotas INAMI, ainsi qu'à plus d'associations entre médecins. Dans le cadre du budget 2024, quelles actions seront entreprises pour répondre à ces demandes ?

    Dans ma province, au 31 décembre 2022, on dénombrait 9 ASI (Maisons médicales). Au 1er janvier 2023, 39 des 44 communes étaient en pénurie, dont 26 en pénurie sévère. Depuis 2016, ce nombre est resté le même (38 en 2016 et 39 en 2022). Pour l'ensemble de la province, selon ses chiffres : pour avoir une densité minimale de 90 médecins/100 000 habitants, il faudrait 24 médecins en plus ; pour qu'il n'y ait plus de commune reconnue en pénurie sur la base des différents critères de reconnaissance, il faudrait 178 médecins en plus.

    En juin, Madame la Ministre me disait que l'AViQ préparait une publication sur l'évolution de la situation depuis 2016. Quels sont les chiffres aujourd'hui, et comment ceux-ci évoluent-ils pour ma province ?

    Une analyse basée uniquement sur un pourcentage par habitant et par densité n'est-elle pas incomplète ?

    Ne faudrait-il pas analyser la situation autrement, en tout cas avec d'autres critères, sachant que la profession et la réalité par rapport au travail évoluent ?
  • Réponse du 15/12/2023 | Annexe [PDF]
    • de MORREALE Christie
    Les chiffres concernant le nombre de médecins généralistes actifs en province de Luxembourg sont les mêmes que ceux que j’ai fournis en juin dernier à l’honorable membre. En effet, comme elle le sait certainement, le cadastre est mis à jour une fois par an, au 31 décembre.

    Une réflexion est, en effet, entamée à l’AViQ en concertation avec les représentants des médecins afin d’affiner les critères de reconnaissances de pénurie. Parmi les pistes explorées, on retrouve notamment la prise en compte du vieillissement de la population, via la proportion de la population bénéficiant d’un statut BIM ou d’un statut maladie chronique, puisque l’on sait que les personnes âgées et les personnes atteintes d’une maladie chronique consultent plus souvent un médecin généraliste.

    Au 01/01/2023, 39 des 44 communes de la province de Luxembourg sont en pénurie de médecins généralistes, dont 26 sont en pénurie sévère. Parmi ces 44 communes, 18 ont une densité médicale supérieure à 90 médecins/100 000 habitants, mais sont reconnues en pénurie, car la densité de population y est faible (commune de moins de 120 MG par 100 000 habitants et moins de 125 habitants par km² ou commune de moins de 180 MG par 100 000 habitants et moins de 75 habitants par km²).

    Les communes d’Arlon, Marche-en-Famenne, Bastogne et Durbuy se caractérisent par le plus grand nombre de médecins, mais à l’exception de Marche-en-Famenne, ces communes sont toutes en pénurie. Les communes de Bertogne, Houffalize, Rouvroy, Musson, Chiny, Daverdisse et Martelange, quant à elles, sont dans la situation inverse : elles se caractérisent par le plus petit nombre de médecins.

    Il y a pour l’ensemble de la province 261 médecins généralistes actifs, soit 0,89 médecin pour 1 000 habitants (ou 1 115 habitants par médecin).

    Pour avoir une densité minimale de 90 médecins/100 000 habitants, il faudrait 24 médecins en plus pour toute la province. Mais compte tenu du nombre important de communes avec une faible densité de population (31 ont moins de 75 habitants/km² et 8 communes ont entre 75 et moins de 125 habitants/km²), de nombreuses communes sont reconnues en pénurie sur base des critères combinés de densité médicale et de densité de population. Pour qu’il n’y ait plus de commune reconnue en pénurie sur la base des différents critères de reconnaissance, il faudrait 178 médecins supplémentaires dans la province.

    Depuis 2016, année du premier cadastre, le nombre de communes en pénurie en province de Luxembourg est sensiblement resté le même (38 en 2016, 39 en 2022).

    L’honorable membre trouvera en annexe le détail et la comparaison avec l’ensemble de la Wallonie hors Communauté germanophone.

    Enfin, l’AViQ prépare une publication générale reprenant l’évolution de la situation de pénurie depuis 2016 : il sera alors loisible à chacun de s’y plonger afin de s’informer sur les situations locales.

    Dernier élément important : sous la houlette de mon Cabinet, l’AViQ a présenté le cadastre de l’offre de la médecine générale ainsi que la méthodologie mise en place à la Commission de planification de la Fédération Wallonie-Bruxelles afin de faire converger les constats et la planification, en réponse aux constats.

    L’AViQ a également synthétisé les données du cadastre en vue d’une publication afin que tous disposent d’une information sur l’offre de la médecine générale : cette analyse a été soumise aux cercles de médecine générale ainsi qu’aux membres du groupe de travail « médecine générale » mis en place dans le cadre de Proxisanté, avant d’être publié tout prochainement. Il est certain que cette publication prochaine éclairera le Parlement.